Bravo Monsieur le Président Douga à present, il reste Djandjo

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Des mois et des semaines d’angoisse, d’inquiétude  et d’incertitude sans fin

Paraissent enfin déboucher sur  le boulevard de l’optimisme sur lequel  se dessinera  bientôt  le contour prédéfini  des  œuvres utiles répondant aux attentes d’un peuple combien meurtri et humilié. 

Oui Excellence Mr le Président, je regrette vivement n’avoir été un nyamakala, puisque cette qualité  m’aurait servi de paravent contre ceux qui ne voudraient pas me tolérer mes propos dithyrambiques à votre égard. Mais je m’en fous, puisque ceux-là ne seront autres choses dans leurs arguments  et  arrogances,  que les thuriféraires de vos adversaires et détracteurs,  sinon de leur mentor  visible ou blotti dans l’ombre.  Je suis conscient qu’en parlant ainsi, je romps volontairement avec la logique qui vous anime, c’est-à-dire celle  qui ignore subrepticement l’existence de voix discordantes, tant votre qualité de Rassembleur, celle que vous venez de révéler, non,  dont vous venez à nouveau de faire preuve à travers votre discours de ce soir, ne mérite pas qu’on vous nomme des émules.

Mr le Président, il faut le dire, beaucoup comme moi auront été très agréablement surpris ce soir, tant vos propos n’auront d’égal que dans un  livre saint. Je ne sais pas lequel, mais saint au regard de ce qu’il faut dans le contexte actuel où certains discours politiques ont épousé au gré des   youyous profanes et innocents, le ton inconsciemment véhément d’un orgueil   vidé de tout  objet  et  sonnant  ou  égrenant des expressions pleines de  calembredaine et de  billevesée.

Oui Mr le Président, moi je dormirai bien ce soir, puisque les effluves embaumées de la mer du Golfe de Guinée sentiront  désormais en moi la merveille après m’avoir enduit de désespoir plusieurs mois durant. Quel  comble il y a  Mr le Président,  quand la brise froide qui devrait constituer une source de plaisir  et d’inspiration dans un pays chaud signale en vous les plus mauvais  souvenirs, souvenirs bien sur des  nouvelles catastrophiques  apprises,  auxquelles chaque jour apportait son lot de tristesse exacerbée.

Et alors quel Plaisir quand la tendance inverse se déclenche au gré de la variation psychologique circonstanciée par le plaisir que l’oreille seule aura transmis au cerveau.

Oui je l’affirme, le Mali des grands hommes existera toujours et ce n’est pas exagéré de dire que le message tant attendu, vous l’avez prononcé ce soir,  moi je réagis à chaud.

J’avais du mal à croire qu’une adresse de quelque ampleur et portée qu’elle ait,  pouvait avoir raison de mon amertume longtemps endurée. Mais voila enfin,  je suis fier d’avoir cru en vous malgré le petit scepticisme qui m’animait certes puisque le suspens de votre part avait trop duré.

 

Fallait-il que vous frôliez le lynchage pour que l’on en arrive là ? Non, je vous connais depuis longtemps, depuis les journées chaudes de Mars 1991 et jours suivants où on se retrouvait régulièrement au marché de Lafiabougou pour concevoir les stratégies de mise en place de notre parti  en Commune IV, votre parti aujourd’hui puisque j’en suis parti depuis ;  la sagesse est votre nature et c’est malheureusement   sa dimension (diversement interprétée)  que vos détracteurs ont confondue  avec de l’indolence coupable. Et puis moi je ne suis point de ceux-là qui poussent l’outrecuidance jusqu’à se révéler mentalement cynique, à tirer bon profit du  malheur des autres.

Fallait-il que vous séjourniez des mois durant loin du théâtre des opérations ? Oui certes, puisque vous aurez eu le temps utile pour la réflexion et l’analyse objective de la situation.

Et si c’est le résultat de cet exile forcé par les circonstances que vous nous ramenez, j’avoue être foncièrement satisfait de ce que l’épreuve aura  forgé en vous : la responsabilité, le courage, la détermination, la sincérité,  la sagesse, l’esprit rassembleur,  l’esprit de sacrifice et le pragmatisme.  Je ne dis pas  que vous en étiez dépourvu, point du tout, mais toutes ces vertus ont été positivement redimensionnées en vous et j’ose croire que la suite sera merveilleuse.

Sachez que vous présidez le pays dans un contexte jamais vécu par vos devanciers, pour une des nations rares sur la planète comme Maliba. N’en déplaise aux jaloux et surtout à tous ces acteurs dépourvus de bonne foi qui tournent hypocritement autour de notre sort et qui ont d’autres ambitions inavouées, mais secret de polichinelle.  Avant vous, seul Soundjata KEITA a connu le même destin. Lui aussi était allé en exile au Nord. Son retour fut négocié par maints astuces et ruses diplomatiques. Et c’est après que toutes les stratégies d’intelligences jusqu’au sacrifice d’alliance contre nature,  furent usitées qu’on arriva  à bout de la dictature sanguinaire. Et un Mali plus grand, plus paisible et plus prospère naquit. Toutes les hymnes à la gloire datent de cette période.

L’histoire est  entrain de vous donner raison, mais pourvu que vous ayez le courage de mettre en œuvre vos idées. Le navire Mali, dans son tangage sans fin sous le poids du cataclysme, se redressera contre vents et marées, j’en suis sûr. Mais ce sera avec plus d’intelligence que d’orgueil. Nous n’avons plus le droit de nous glorifier inutilement  des acquis de nos ancêtres car ceux-là n’ont eu de succès  que par l’intelligence associée à la bravoure.  Mais leurs échecs ont relevé des manifestations surdouées d’orgueil.

Souvenez-vous Mr le Président :

–          l’orgueil des mandingues a suscité le courroux sanglant du roi de Sosso qui pourtant n’avait eu que le tort de demander une solidarité nationale contre la rafle continue de nos bras valides par les marchands esclavagistes arabes. La paix par  la guerre ne réussit que grâce à beaucoup d’intelligence réfléchie des années durant avec même des mises en scènes préliminaires pour tester leur efficacité.

–           L’orgueil de l’Almamy Samory Touré l’a poussé à emmurer à mort son fils Karamoko pourtant revenu du Nord avec beaucoup d’informations qui auraient pu être exploitées à des fins d’intelligence. L’intelligence des Autres réussit à mettre fin à ses ambitions le 29 septembre 1898.

–           Le dernier roi de Ségou refusa orgueilleusement la main tendue de ses pairs sous-régionaux visant à parer collectivement à l’envahissement  colonial. Il fut le premier à fuir hors de nos frontières sous le poids de l’intelligence et de la puissance de l’envahisseur.

–          C’est cette même intelligence qui réussit à faire sauter le verrou du rempart de Sikasso le 1er Mai 1898.

–          Et j’en passe.

Voila Mr le Président l’immensité des défis qui vous attendent alors que vous ne disposez que de peu de temps. Au stade actuel  nul ne vous contestera le droit de danser la mythique « Douga », chanson dédiée à ceux qui ont enduré une épreuve très délicate dans laquelle beaucoup laissent malheureusement la vie. Je n’en suis pas  le dépositaire, les griots vous en diront plus.

Mais moi j’attends impatiemment le jour où l’on vous autorisera à danser la mythique « Djandjo », chanson dédiée à ceux qui ont accompli des œuvres utiles à la société, à la communauté, à la nation, bref à la patrie.  Plus particulièrement les guerriers ou les chasseurs qui ont éliminé ou mis hors d’état de nuire, une bête féroce, un ennemi public ou  tout autre danger qui menace la quiétude, la paix, la vie ou la cohésion sociale. Il est temps que l’on arrête de confondre la portée de ces hymnes.

Pour finir Mr le Président, je demeure fondamentalement optimiste, mais je vous conseille de ne point reculer.  Le peuple vous a bien compris, mais je souhaite qu’il en soit mieux pour ceux qui se sont offert  la mission de parler en son nom sans mandat légitime.

 

Djigui BAGAYOKO

Lomé

E-mail : bdjigui@yahoo.fr

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