En dépit de ses multiples responsabilités dans les malheurs subis par Kidal, Cheikh ag Aoussa, le boucher d’Aguelhok, demeure un personnage incontournable de la scène politique. Pour preuve, il était même présent à Bamako la semaine dernière au sein de la délégation du HCUA, paradant sous les flashs des photographes ! Une anomalie qui ne peut plus durer. C’est insupportable !
A l’heure de la célébration du premier anniversaire de la signature de l’accord de paix, le processus semble reprendre sa marche en avant. Ces nouvelles avancées, mêmes tardives et très attendues, résultent de la reprise d’un dialogue constructif entre les parties signataires. Rien d’anormal : quiconque a déjà participé aux grins de Bamako ou aux chouras du Nord sait que l’échange et la compréhension mutuels sont la tradition sur notre sol … à condition de respecter les règles du groupe.
Alors, que doit-on penser du maintien de Cheikh ag Aoussa dans le jeu politique ? Quand on fait un tour d’horizon des leaders et des cadres du HCUA, plusieurs sont de vrais interlocuteurs déterminés en faveur de la paix. Mais dans ce premier cercle, on trouve toujours et encore sa majesté Cheikh ag Aoussa, immédiatement suivi de ses courtisans, bien accrochés à ses sandales. Tout chez lui n’est pourtant que malheur et violence : ses mains sont maculées du sang de nos soldats méthodiquement exterminés au fort d’Aguelhok. Leurs uniformes portaient pourtant notre drapeau national. Ne parlons même pas des victimes maliennes d’Ansar Dine, éventrées et déchiquetées par les mines posées sur les chemins.
Cheikh ag Aoussa était bien à Bamako la semaine dernière, évoluant sans aucune gêne au sein de la délégation du HCUA. Que faisait-il entouré de sincères et ardents artisans de la paix ? Cherchez l’intrus sur la photo… Combien de temps devrons-nous accepter qu’il soit un interlocuteur, à l’égal des véritables représentants des populations du Nord ? Regardons ce boucher tel qu’il est et non comme il souhaite se présenter de nos jours.
Pour l’heure, le HCUA est son refuge, son sauf-conduit, son sésame. Mais cela ne durera pas, c’est certain. Un an après la signature de l’accord, les acteurs du camp de la paix sont désormais capables de peser en faveur du processus. Le HCUA doit donner des gages de bonne volonté. C’est le sens de l’histoire … Le sens de notre histoire. Cheikh ag Aoussa doit partir. A défaut, la Cour Pénale Internationale s’en chargera.
Boubacar Samba