La bonne fortune d’Al Mourabitoune et de ses trésoriers

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La recette a fait ses preuves sous ATT : les pseudo-djihadistes, authentiques narco-djihadistes,  assurent la sécurité des convois de stupéfiants, en échange des combines financières de leurs partenaires, grands commerçants arabes ou songhaïs et transporteurs touaregs. A cette source de revenus s’ajoutent les rançons d’enlèvements, négociées et perçues par des intermédiaires qui se trouvent être souvent les partenaires évoqués. Les affaires de ces trafiquants de drogue et d’êtres d’humains, moins bonnes depuis janvier 2013, ont commencé à redevenir prospères, notamment pour Al Mourabitoune et ses associés maliens.

 

Ici-bas, le paradis existe déjà pour une poignée de criminels. Quand les bénéfices issus de leurs trafics s’évaporent comme par magie, ils se matérialisent ensuite en toute légalité sur des comptes bancaires. C’est une réalité du monde entier, mais chez nous plus qu’ailleurs les criminels ont leurs entrées à divers niveaux de l’État et de la bonne société malienne. Trafiquants, politiciens, hauts officiers et même terroristes continuent de se tenir par la barbichette. A Bamako et dans les grandes villes il n’existe plus un seul morceau de terre à acheter et les immeubles ont poussé comme des champignons depuis dix ans. Les habitants démunis et expropriés ignorent souvent quelle entreprise crapuleuse a créé les conditions de l’enfer qu’ils vivent au quotidien.

 

Quelques hauts dirigeants, sous la présidence d’ATT, ont sincèrement crû que les retombées économiques de la drogue pouvaient être un moyen de développement pour notre pays. D’autres, plus nombreux, ont tout simplement vu leur intérêt immédiat. On se souvient tous de l’affaire « Air Cocaïne », qui, en décembre 2009 a fait parler du Mali dans le monde entier…et annonçait les catastrophes de mars 2012.

 

Aujourd’hui le trafiquant Baba Ould Cheikh est certes en prison (pour combien de temps encore ?) mais l’un de ses principaux associés est à nouveau député et un autre assure une liaison avec le groupe terroriste Al Mourabitoune. A l’origine de ce pacte, on trouve naturellement les chefs de ce groupe, Mohktar Belmokhtar et Ahmed Tilemsi, mais aussi Adnan Abou Walid Sahraoui, financier du groupe d’Al Mourabitoune, et Abou Qaqa, impliqué dans des trafics en tout genre, en particulier de stupéfiants. Ce dernier, chef du MUJAO à Ansongo pendant l’occupation, avait été sanctionné par le défunt leader Abou Bakhr Al Misri pour avoir détourné de l’argent du mouvement à son profit. Homme cupide et voleur, Abou Qaqa n’en ordonnait pas moins de couper les mains des contrevenants à la loi islamique, sous de faux prétextes. Aujourd’hui, dans les cercles d’Ansongo et de Ménaka ce djihadiste et quelques autres, comme Ahmed Kadana, sont toujours traqués et se cachent pour échapper à la justice.

 

Trop gros poissons pour se faire oublier, pas assez riches ou influents pour que Koulouba dise de regarder ailleurs. Que pèsent pour Al Mourabitoune un ex-petit escroc ou un ancien vendeur de bétail au regard de certains grands commerçants, partenaires de longue date, parfois proches-parents ? N’est pas député de Bourem qui veut. Pour avoir accès aux circuits économiques légitimes, pour placer leurs fonds dans l’immobilier, la finance ou l’industrie, les narco-djihadistes ont besoin de complicités bien placées. La boucle est bouclée : via des paradis fiscaux étrangers ou des banques de plus en plus réputées, les bénéfices du trafic de drogue reviennent déstabiliser notre économie nationale et corrompre nos autorités civiles et militaires les moins morales. On comprend mieux ainsi les motivations profondes de certains tickets « politiques », réunissant par exemple un riche arabe du Tilemsi à une non moins riche suprématiste songhaï, proche parente de la famille présidentielle.

 

Kassim Arouna

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