Une nouvelle agression suivie de l’assassinat à Hamdallaye ACI d’un ressortissant français devant sa compagne camerounaise dans la nuit du Jeudi 20 Novembre n’a pas réveillé nos peurs. Elles étaient déjà bien présentes depuis plusieurs mois, à chaque nouvel acte criminel. Depuis l’invasion par les islamistes dans le nord et les exactions commises contre les tombes de nos Saints à Tombouctou en juillet 2012, il règne un climat de tension perpétuel à Bamako. Nous cherchons des coupables, mais sommes nous vraiment prêts à reconnaître les véritables causes des maux de notre pays et des malheurs qui touchent notre capitale ?
Sans cesse, nous accusons les étrangers. Nous reprenons les exemples du passé, comme celui de la bande d’Ali Baba et des quarante voleurs qui étaient composée de Libériens et de Nigérians avec leurs complices bamakois. Nous continuons souvent en diffamant certains arabes du nord liés aux groupes armés qui viendraient à Bamako pour aimer des jeunes hommes et les agresseraient ensuite avant de remonter à Tabankort. Et combien d’entre nous ont-ils entendu rapporter les agissements maléfiques des Hautes sorcières en magie noire de Koima dans la région de Gao et ceux des Mages de Kayes qui s’attaquent aux joueurs de football comme aux marchands pour leur voler leur puissance ou leur argent. Souvent, les drames sont évités de justesse quand la population s’en prend à une prétendue sorcière aux halles de Bamako, ou quand un jeune homme malade du sida ne peut pas se faire soigner dans l’hôpital de Gao.
Mais nous devrions regarder la vérité en face. Bien qu’il existe des bandes étrangères dans notre pays et à Bamako, bien que des personnes aient des pratiques perverses, bien que notre terre du Mali soit une terre de sorcellerie depuis des générations, les véritables causes de notre malheur sont ailleurs. Notre pays aujourd’hui est divisé de fait. Les forces de notre économie, l’or, le commerce de bétail, le tourisme, ont été tuées par les crises continuelles au Nord. Les aides internationales du FMI et des autres grands donateurs ne parviennent plus au Mali, à cause de la corruption de certains dans l’administration au Sud comme au Nord. Bamako s’appauvrit et nos concitoyens continuent de fuir vers des destinations lointaines en Europe, en Amérique et en Afrique chez nos voisins plus fortunés. La première étape de la reconstruction est toujours devant nous : les pourparlers d’Alger doivent aboutir ! Face au climat de peur et de haine, il nous faut plus d’espoir. Ensuite viendra le moment d’un meilleur climat économique et d’une baisse de la violence. Cela prendra du temps, mais en attendant, arrêtons de nous voiler la face en essayant de trouver de perpétuels boucs émissaires !
Idrissa KHALOU