Après l’effondrement de l’Etat que nous avons connu, ne faut-il pas revoir les fondations avant de rafistoler le premier étage ? Etrange Mali.
Il y a presque deux ans et demi, le monde avait assisté à l’effondrement total de L’état Malien. Tout ou presque s’est écroulé en même temps, et les conséquences pour les Maliennes et les Maliens se font ressentir encore aujourd’hui alors qu’aucune des causes de cet effondrement n’a encore été traitée. Pire, le sentiment général est que les politiques semblent s’en moquer et continuent à faire preuve de légèreté et de manque de vision.
Quel que soit le diagnostic que nous pouvons poser dans le cas du Mali, il reste évident que la corruption et le vol des deniers publics sont des éléments-clé qu’il faudrait traiter.
Ce grand désordre généralisé tel un cancer dans sa dernière phase de métastase avec la gangrène dans tous les corps de l’état (administration, armée, partis politiques, société civile, etc.) sont à la fois causes et conséquences de plusieurs années d’inconscience et d’insouciance des dirigeants de ce pays. Plus personne ne jouait son rôle dans la drôle de démocratie malienne, tant vantée par la communauté internationale, et dont le chantre, ATT est maintenu clairement apparu aux yeux tous.
Essayons ensemble de voir ce qui s’est réellement passé.
Pourquoi l’impunité a-t-elle été encouragée par nos gouvernants ?
Selon Montesquieu « Lorsque la peine est sans mesure, on est souvent obligé de lui préférer l’impunité ».
Le premier acte rationnel devant un tel effondrement serait de chercher à comprendre ce qui s‘est réellement passé, et se poser des questions comme :
– comment en est on arrivé là ?
– Pourquoi un effondrement aussi rapide ?
– Quelles sont toutes les conséquences possibles ?
– Etc.
A y regarder de près, le Mali a été rattrapé par ce que ses leaders ont semé. A force de mettre la poussière sous le tapis et prétendre que la maison est propre, on finit par vivre dans un milieu insalubre avec tous els risques que cela comprend.
Pendant longtemps on nous a parlé de développement, puis ensuite de paix, car disait-on sans paix, il ne peut y avoir de développement. Tout semblait indiquer que pour cette paix, on pouvait faire fi d’autres éléments aussi importants dans le développement que la Justice.
Cette absence de justice, n’est ce pas cela qui a donné le sentiment à une fraction de la population pour les encourager dans leur aventure guerrière ? Et peut-on au nom de la réconciliation fermer les yeux sur la justice ? Peut-il y avoir pardon sans équité ?
N’importe où sur cette terre, au sortir d’une crise telle que celle que le Mali a connu, les hommes et les femmes réapprennent à vivre ensemble et à reconstruire ensemble.
Cependant dans le cas Mali, les mots comme Réconciliation ou Pardon ont perdu tout leur sens dans la mesure où concernant le problème au nord du pays, c’est toujours les mêmes qui se rebiffent et qui après quelques négociations et quelques avantages acquis repartent calmement jouir des fruits de ce qui dans les temps anciens on aurait nommé razzia.
A telle enseigne qu’on se demande si cette réconciliation est-elle vraiment possible ? Et implique-t-elle de fermer les yeux sur tout ce qui s’est passe et continuer avec l’impunité ? Qui doit se réconcilier ? Qui doit présenter des pardons ? Et qui en recevra ?
Le Mali est-il vraiment prêt aujourd’hui à affronter son passé ? L’inlassable utilisation des mots réconciliation et pardon n’est-il pas de la poudre aux yeux pour contenter le peuple malien qui fut arnaqué et trahi par ses leaders politiques de l’après Modibo ? Peut-on vraiment parler de réconciliation alors que les victimes cohabitent avec leurs bourreaux qui se pavanent impunément? Peut-on vraiment parler de réconciliation quand la population malienne dans sa grande majorité broie du noir alors que ses politiques mènent une vie dorée. ? Peut-on rêver de paix quand certains de nos de leaders et leurs familles continuent à être les sponsors du cannibalisme économique ? Est-ce le peuple malien prêt à panser toutes ses plaies ? Est- il possible qu’une société se guérisse de telles blessures du passé toujours ouvertes ? Le pardon peut-il justifier l’impunité ? Pardonner et se réconcilier, cela veut-il dire amnistier les crimes commis? La Justice n’est-elle accessoire indispensable pour la construction de la paix ? La justice n’est-elle pas LE facteur déterminant pour apaiser les cœurs et calmer les esprits ?
Aujourd’hui plus que jamais il est nécessaire que les maliens soient courageux pour faire face à la réalité et pour aller chercher la vérité. Il est plus qu’impérieux d’entamer un travail de mémoire, d’éducation, et surtout de justice pour assumer le passé, affronter le présent et OSER LE FUTUR.
Les Crimes d’Etats
L’histoire récente de ce pays montre que chaque fois que les crises du nord apparaissent, le discours politique devient le même (en dehors de la période du président Modibo Kéita qui avait choisi la manière forte pour écraser la rébellion et tuer dans l’œuf toute tentative future). Ces discours font la part belle à la réconciliation et au pardon, générant ainsi un sentiment de frustration de plus en plus grande au sein de la population (ceux qui ne se rebellent jamais malgré les conditions de vie qui sont les leurs et qui ne prennent pas d’armes contre leur propre pays). De plus en plus, ce discours a du mal à passer, et on comprend aisément pourquoi.
Soyons honnêtes avec nous-mêmes, pour non seulement ouvrir les tiroirs de l’histoire (surtout récente) mais aussi pour regarder dans les miroirs (du présent) afin pour situer les responsabilités. Nous nous rendons compte que depuis des années, tous les crimes qui ont été commis au Mali l’ont été par la négligence coupable des dirigeants et leaders politiques totalement assoiffés de pouvoir et affamés de possessions. Pour la vérité, mettons un filtre qui conduira le peuple à la racine de toutes ses misères, la source de ses souffrances et au début de la grande trahison de tous ces anciens dirigeants.
Les autorités qui doivent faire la lumière sur cette situation honte et de désespoir national semblent fermer les yeux encore une fois devant la réalité. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où nous avons toujours les mêmes dirigeants depuis 4 décennies et qui ont forcément une grande part de responsabilité dans cette descente vers l’enfer que le Mali a connu.
Les citoyens n’ont plus confiance en leurs dirigeants. Il est donc bon de noter que s’il y a une perte de confiance au Mali c’est bien entre l’Etat et les citoyens non pas entre différentes communautés au Mali. En conséquence, s’il y a bien une réconciliation à faire au Mali, elle devra aussi être une réconciliation entre les gouvernés et les gouvernants, entre les élus et les électeurs, entre l’Etat et les citoyens.
Avec à une corruption devenue systémique, des revenus de l’état qui se sont effondrés, où les impôts quand ils sont payés s’envolent aussitôt dans des dépenses pompeuses, où tous les couches de la société sont touchées, un tissu social endommagé, où l’école n’éduque plus les enfants, et les universités qui ne forment que des chômeurs de masse, où la jeunesse n’a comme modèle que des pilleurs de al nation, où les valeurs sociétales sont sens dessus-dessous, où l’armée est devenu le refuge de bandits et de gens qui n’ont pas d’autres issues, et où même nos traditions sont bafouées, il est urgent pour nous d’interpeller :
1- Tous les présidents de l’ère « soi-disant » démocratique
2- Tous les premiers ministres
3- Tous les ministres de la défense
4- Tous les ministres de l’éducation
5- Tous les ministres de l’administration territoriale
6- Tous les ministres qui traitaient les problèmes du Nord
7- Tous les ministres de finance et de l’économie
Afin que des comptes soient rendus.
Et le régime d’IBK ? Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes ne fait que discours de changement mais sans changement de discours. Bien sûr que rien ne change. Pourquoi cet aveuglément face aux causes qui nous ont mis plus bas que terre ?
Est-ce une incapacité réelle ou alors une mauvaise volonté ?
Nos dirigeants veulent-ils anesthésier la conscience populaire et nous livrer poings et pieds liés à ces faucons qui ne rêvent que d’exploiter nos richesses sans nous ?
Par contre, continue les mêmes politiques, les mêmes habitudes, le même népotisme, la même médiocrité au sommet de l’Etat qui nous d’ailleurs ont mis dans ce pétrin, la même politique de l’impunité, le même vol, la même fébrilité de l’Etat face aux terroristes, la même discrimination positive, …
En réalité, rien ne sera et ne pourra être fait sans la Justice, sans l’équité. Mais comment peut-on nettoyer la maison Mali quand on a sa propre famille aux commandes ? Nous ne craignons malheureusement que nos problèmes ne soient pas encore résolus, et nous craignons même le pire
Prions Dieu pour que nous nous soyons trompés.
Le moment où surviendra un autre chaos dans le pays n’est pas prévisible. Mais le chaos, lui, est très prévisible. Serons donc les ceintures pour éviter cela, sinon les conséquences seront incalculables
S.D/M.A
Le Réseau de Citoyens Actifs-Mali
Simples Citoyens Maliens
De L’Ecole de la Vie et de L’Amour du Pays
lerecamali@gmail.com
“Et le régime d’IBK ? Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes ne fait que discours de changement mais sans changement de discours. Bien sûr que rien ne change. Pourquoi cet aveuglément face aux causes qui nous ont mis plus bas que terre ?”
PARCE QUE IBK EST AU COEUR DU PROBLEME. Il ne faut pas compter sur le moustique de fabriquer le vaccin contre le Palu.
Très bon article.C'est tout la mal de ce pays, la tentative d'effacement des pages de notre histoire.Après la stabilisation ,on doit faire une autopsie des gouvernances des différents régimes ,situer les responsabilités et punir les coupables.Un Etat ne peut se développer dans les mensonges et les couvertures mutuelles entre dirigeants.
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