Aujourd’hui, nous avons besoin d’un IBK actualisé.

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Énorme fuite en avant : Mauvaise Communication ou mauvaise Gouvernance ?
Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita

Septembre 2013-septembre 2015, le président IBK boucle deux ans à la tête du pays. Les journalistes, les politiciens et autres s’en donnent avec élan à dégager un bilan de ces deux années d’exercice de pouvoir. Ce devoir de citoyenneté doit se faire en toute honnêteté et en toute sincérité pour l’intérêt du pays d’abord et du président lui-même. Il faut souffrir d’une cécité d’analyse ou être un bonimenteur pour annoncer que ça gaze au Mali. L’option pour un bilan descriptif est plus délicate dans un pays où l’accès au document statistique fiable cause problème. La critique constructive est toujours un acte de bienséance. En notre modeste qualité de fonctionnaire de plume, nous ne saurons avancer nos mots sans pourtant avouer qu’il faut être un ennemi haineux du président IBK pour dissimuler qu’il a hérité d’un pays en désordre croissant et extrêmement inquiétant. L’arbre ne doit, en tout cas, pas cacher la forêt. Par déficience de raisonnement, on peut infiniment s’accrocher à cette vérité afin de légitimer le président IBK. « Toute vérité devient fausse lorsqu’on s’en contente » écrivait Alain. Signalons qu’il ya deux IBK : Un ‘’IBK premier ministre’’ et un ‘’IBK président’’. ‘’IBK  président’’ est le résultat d’un espoir national qui doit urgemment et impérativement être couronné de succès.

Le président de la transition, Dioncouda TRAORE, n’avait autre souci que de terminer son séjour présidentiel, vivant. Il avait intérêt à respecter la volonté générale. IBK devint président. Si le bilan du président IBK fait aujourd’hui l’objet d’une caricature sans précédent, c’est parce qu’il a été aveuglement idéalisé par la quasi – totalité des électeurs qui ont été aux urnes à sa faveur. Plus de 77%!

‘’IBK premier ministre’’. On se rappelle bien avec quelle main de fer il a sauvé le Mali de la mafia des brigands. Aujourd’hui, nous avons besoin d’un IBK actualisé. C’est le philosophe Nietzche qui est l’avertisseur ici « deviens ce que tu es ». Il n’y avait rien de plus galant que le madrigal d’IBK le jour de son investiture. Il promet de lutter contre la corruption. Son gouvernement finit par se  déshonorer du jour au lendemain suite à une bizarre affaire décevante d’achat d’avion présidentiel au cours de laquelle une somme de plus de 30 milliard aurait été détournée. Soubhanalah ! Nous avons pensé que cette histoire de luxe serait sincèrement expliquée au grand public pour que la vérité soit connue, que punition soit faite, s’il ya lieu. L’affaire finit par être objet d’un commentaire différent en chiffre d’achat. Une véritable querelle de luxe surgit. Le premier ministre Moussa MARA joua le rôle de porte parole et avocat du gouvernement. Le poète expert comptable noya le public dans un labyrinthe discours en glorifiant l’achat nécessaire de l’avion. Le dossier nous fait rappeler ‘’la querelle de luxe’’ qui a agité en profondeur les intellectuels européens de la seconde moitié du 18eme siècle évoquée par Bernard LAVASSEUR« la querelle s’est conclue par la victoire de la théorie libérale. Désormais justifié par une éthique nouvelle, l’entrepreneur, nouveau héros des temps modernes, pouvait reproduire tout ce qui révélait techniquement possible. Qu’il en tirât profit suffisait à prouver qu’il faisait œuvre utile ». Autre dossier urgent auquel le président IBK était surtout attendu était celui du nord. Une seule expression était sur les lèvres ‘’les rebelles craignent IBK’’. En l’espace de deux ans, l’euphorie a cédé la place à une brûlure interne insupportable. Les hommes armés du nord ont rudement démontré qu’ils ne reconnaissent pas l’autorité de l’Etat et qu’ils ont droit de vie ou de mort sur nos militaires. Les multiples attaques du mois passé suffisent pour argument. Les événements de ce faux monde ne cessent de rendre hommage aux adages africains « le sorcier ne se guérit pas lui-même », ‘’IBK premier ministre’’ était redoutable, il était ami du peuple.

Malheureusement qu’‘’IBK président’’ tourne dos aux ingénieurs de la pensée patriotique et préfère repêcher dans le lot des opportunistes du temps. L’ancien sorbonnard ne nous a-t-il pas lu dans ‘’l’autorité est l’âme de l’Etat’’? A-t-il considéré nos conseils dans un autre titre ‘’IBK, le bigrement surchargé’’ celui d’un ennemi ? A option, nous ne sommes les ennemis de personne. Le Bilan du dossier ‘’gouvernement IBK’’ et ‘’école malienne’’ nous navre en tant que connaisseur d’un ‘’IBK premier ministre’’.

Hier, premier ministre, il a sauvé l’école ; aujourd’hui président, il l’abandonne à la merci des détracteurs. On  se rappelle le bac auquel le sabotage fut à son comble malgré l’engagement de madame la ministre pour un examen propre et transparent. Résultat : des noms ont été cités, mais les intéressés pouvaient se rassurer. C’était l’aboiement du chien au passage de la caravane. C’est dans sa gouvernance que les gens se sont balancé les sujets par message téléphonique dans les quatre coins du pays avant même l’épreuve. L’enseignant de l’école privée, du niveau primaire jusqu’au secondaire, voyait la chaine mercantiliste et les méthodes malhonnêtement anti-pédagogiques des promoteurs d’écoles brisées. Qu’IBK soit pratique et qu’il  cesse de nous déranger avec des discours à caractère sage. Si c’est le discours par ci par là qui fait le sage, Socrate n’en serait jamais. Le kankeletiguiya, c’est une sapience, chez nos ancêtres, il exige une collaboration étroite entre les dires et les faits. Qu’ ‘’IBK président’’ retourne aux expériences d’ ‘’IBK premier ministre’’.Le grand espoir collectif que nous avions formulé à cette ère IBK ne s’est pas encore fondu. Nous restons jusqu’à présent optimiste à une sortie de crise si IBK accepte une collaboration raisonnée et sincère avec le peuple. Les philosophes des Lumières n’ont guère menti : la raison et la sincérité résoudront les problèmes de l’humanité. L’encre écoulée n’est que contribution pour un retour collectif à la raison et à la sincérité. Nous réinvitons le président à une longue et minutieuse réflexion raisonnée et sincère, surtout au sujet des hommes qui vont lui faire du gringue. Nous nous voulons des médecins qui viennent avant la mort. Observons ensemble à quel degré le bilan ministériel de l’autre confirme son hypocrisie à avaler tous les râteliers. Pourtant, ce n’est pas fini, un autre dossier empêche les maliens de dormir tranquillement, celui des logements sociaux. Le président doit nous convaincre que le slogan de campagne ‘’le Mali d’abord’’ sortait du cœur et non des lèvres en revisitant urgemment le ministère de l’habitat. Que Dra se rassure de notre bienveillance, nous ne réclamons pas son limogeage, mais nous voulons que le dossier d’attribution de ces plusieurs centaines de logements sociaux soit traité avec sincérité pour arrêter une gestion apocalyptique déjà dénoncée. Nous ne réclamons pas au président la satisfaction impossible de l’idéalisateur aveugle et irraisonné. Mais nous conseillons le président de conserver sa crédibilité vis-à-vis de l’idéalisateur raisonné et sincère. Ce dernier est le noble paysan du pays, X. Quel bilan dressera ce X de ces deux années de gouvernance ? Ce X qui ne songeait en aucun avantage pour sa propre personne, mais qui voyait légèrement se dessiner le triomphe de la raison, de la sincérité, du patriotisme, de la transparence. Qu’Allah nous prête longue vie! Qui vivra, verra!

Moussa CAMARA, enseignant

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