Au futur gouvernement de ATT :Le Mali est riche et même très riche… pour se passer des bailleurs de fonds

0

La fatalité n’existe pas, il faut travailler car le Mali est riche et même très riche ” me confiait récemment un ancien diplomate européen ayant travaillé au Mali dans les années post 26 mars. Nos dirigeants cherchent des solutions au coup par coup, sacrifiant ainsi la gestion à long terme. Et dire que nous avons des économistes et cadres de grande réputation ayant fréquenté les mêmes écoles d’ou sont sortis les stratèges des pays qui nous disent ce qu’il y a lieu de faire pour sortir “du gouffre”.

La démission du gouvernement Modibo Sidibé nous ramène hélas à la triste réalité : tous les gouvernements d’ATT ont un même dénominateur commun : l’absence de vision qui, est à mon sens, le véritable goulot d’étranglement de la gouvernance.

La bourse du travailleur demeure toujours vide et même avec une augmentation de deux cent pour cent de salaire le problème du faible niveau de vie ne sera pas résolu, tant qu’on n’attaque pas le mal à sa racine. Comment créer la richesse intérieure pour ne pas continuer à compter sur les bailleurs de fonds ?

Nous sommes une société de consommation et de surcroit de produits de l’extérieur. Donc nous travaillons pour l’extérieur. Nous sommes incapables, puisque non préparés pour cela, à faire face à la concurrence de l’économie libérale. Par exemple, serions-nous capables de consommer malien ? Pour ce faire, l’Etat devrait supporter le fardeau en subventionnant sa production locale comme le font les bailleurs de fonds, donneurs de leçons de bonne gouvernance économique. Nos dirigeants savent, par exemple, que les USA ou l’Union européenne subventionnent à coup de milliards leur agriculture, c’est pourquoi les produits agricoles de ces pays sont plus accessibles au consommateur malien que le produit du valeureux travailleur paysan senoufo. La question est de savoir ou et comment l’Etat trouvera t-il les ressources pour subventionner son économie ? Serait-ce avec des prêts consentis auprès des bailleurs de fonds, donc des pays riches ? Ou avec des ressources internes ?

Ne nous leurrons point: les pays riches ” même très généreux ” ne se crèveront pas ” leurs propres yeux ” en nous laissant concurrencer leurs productions par leurs propres ressources que nous leur empruntons. Ils sont toujours très regardants sur le comment nous devrons dépenser leurs ressources.

La solution à explorer pourrait être l’utilisation de nos ressources internes pour subventionner notre agriculture qui est et reste le créneau porteur et l’espoir de notre économie.

Mais où trouver ces ressources qui n’existent pas, quand, à toutes les occasions, le Gouvernement nous rappelle que l’économie malienne évolue dans un environnement international difficile avec la chute des cours mondiaux du coton, de l’or, avec la crise ivoirienne, et aussi et surtout avec la crise libyenne. Une crise libyenne qui pourrait être durement ressentie par le Mali quand on sait que Kadhafi, malgré ses excentricités, a toujours été la vache laitière de nos dirigeants de tous les temps.

Aujourd’hui plus qu’hier, avec toutes les crises par ci par là, ATT et son futur gouvernement de mission et les futurs dirigeants de 2012 devraient être plus visionnaires et plus courageux pour dénicher les ressources internes qui existent quelque part et qu’il faille les piocher, mètre carré par mètre carré, dans tous les coins et recoins du million de superficie du pays. Je ne suis pas économiste, mais je suis persuadé et j’ai l’intime conviction que le Mali peut et doit créer la richesse nationale par la mobilisation des ressources internes pour subventionner son économie afin de pallier les hypothétiques apports et les chantages de toute sorte d’une communauté internationale confrontée elle aussi aux pires catastrophes et crises. D’autres pays plus arriérés que le Mali à leur indépendance ont gagné ce pari pourquoi pas nous ? Des pistes de création de la richesse nationale à partir des ressources internes existent.

Il revient à nos grands économistes, tapis dans les bureaux feutrés des DAF des Ministères, à la Présidence, et qui seraient à la recherche de “ bons soma “ en ces temps de formation de nouveau gouvernement , pour leur survie politique, de se remettre au travail dans un sursaut de patriotisme.

Combien par exemple, pourrait rapporter la lutte contre la corruption par an, ne serait-ce qu’en se fixant un taux de réduction de vingt pour cent sur les fausses factures, les surfacturations dans l’exécution du budget de l’Etat ?

Combien pourrait rapporter, par exemple, les impôts sur le patrimoine foncier et domanial par exemple ? A-t-on seulement une idée du patrimoine foncier au Mali ? Combien de Maliens paient t-ils le fisc pour leurs biens immobiliers ? Qui paie pour le foncier au Mali ? Des questions et tant d’autres qui pourraient intéresser nos spécialistes pour trouver des ressources internes indispensables au développement post crise internationale. Le préalable à ce sursaut patriotique est et reste la volonté politique. Une volonté politique qui doit appuyer, accompagner, encourager ou sanctionner une bonne gouvernance de la chose publique pour vaincre le signe ” indien ” ou disons le signe “ malien ” qui voudrait que l’Etat soit la vache laitière, où on a le beurre et l’argent du beurre. Le prochain Gouvernement de missions d’ATT saura t-il répondre aux attentes du citoyen lambda ? Où donnera t-il raison aux sceptiques qui ne croient plus à ATT, grand timonier, ” grand bâtisseur “ des logements sociaux ?

Yachim MAIGA

Commentaires via Facebook :