Au-delà des indemnités du capitaine

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Un premier groupe d’analystes appréhende cette nomination comme un phénomène normal. Ils estiment que le récipiendaire, compte tenu de son influence sur une partie considérable de l’armée mérite cette gratification afin qu’il fasse allégeance et on éviterait par là même une difficulté supplémentaire dans un contexte de guerre.

Touré Abdourahamane

Aussi, n’est il pas exagéré de dire qu’au Mali, il n’y a pas matière à indignation, car la norme c’est cela. Nous tirons d’ailleurs une grande fierté de ce système social dit d’affection et de pardon légendaires.

Une autre lecture de la même intronisation, part du postulat qu’à l’heure de la vie chère, le traitement royal accordé est inopportun et malvenu.

Pour ce groupe d’analystes, l’octroi d’avantages de cette valeur est une banalisation du sacrifice des soldats étrangers qui se battent à notre place pour que le Mali retrouve son honneur et les Maliens leur liberté. Au soutien de leur analyse, ils estiment qu’il est inacceptable de récompenser ceux là même qui ont précipité la chute des régions du nord avant que l’intégrité du territoire ne soit recouvrée. Cette cécité délibérée est une faute de l’esprit pesant de tout son poids sur l’état psychologique collectif.

Cependant, au delà des avantages accordés aux membres du comité, le message que distille l’acte de nomination est qu’on peut décrocher brutalement le pouvoir au Mali, gifler le président de la République, dissoudre toutes les institutions, il n’y aura aucune conséquence ; Bien au contraire, vous pouvez bénéficier du statut d’ancien président,  de hautes fonctions, d’amnistie pour des infractions même constitutionnelles.

Il ne fait aucun doute que le Mali a amorcé une nouvelle phase de son histoire en reproduisant encore  l’impunité comme politique et l’esquisse comme stratégie ; un véritable changement dans la continuité. Un coup d’œil rapide sur la loi d’amnistie des « héros » du 22 mars donne à réfléchir. Il est cité pèle mêle toutes les infractions imaginables et inimaginables de bandits de grands chemins :  « Mutinerie, atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat , atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat , destruction d’édifices, opposition à l’autorité légitime, violence et voies de fait , embarras sur la voie publique , homicide volontaire, homicide involontaire, coups et blessures volontaires, blessures involontaires , enlèvement de personnes , arrestations illégales , séquestrations de personnes , dommage volontaire à la propriété mobilière et immobilière d’autrui, incendie volontaire, pillage, extorsion et dépossession frauduleuse, vol qualifié, vol , atteinte à la liberté du travail , atteintes aux biens publics ».

Comment peut-on confier la réforme d’une armée à des personnes plus ou moins  concernées par ces infractions ?

Le président de la République a affirmé à cet effet que l’homme a été choisi pour ses qualités personnelles, matérialisées par son influence pénible mais réelle sur une partie de l’armée qui s’est spécialisée dans la répression interne et le rodéo urbain.

Pour ma part, je pense qu’au delà des indemnités, on ne dira jamais assez à quel point beaucoup de Maliens ressentent cette décision de nomination comme regrettable. La popularité du principe de la résolution des difficultés en tenant compte de la seule réalité sociale c’est-à-dire celle du moment compromet de manière inéluctable l’objectif social.

En choisissant de récompenser les auteurs d’un coup d’Etat, pour obtenir un calme aléatoire, le président de la République par cette décision très grave compromet l’objectif d’une société où la dévolution du pouvoir  se fait exclusivement par les urnes.

Le gout  du compromis poussé jusqu’à la compromission fait que les fautifs sont traités avec autant de soucis si bien que l’indulgence obscurcit l’avenir. On attendait du président de la République, fut il par intérim un rattachement radical à une société ferme imposée par le réel, sans bricolage ni susceptibilité pour ne pas jongler avec le destin de ce pays qui a connu trois coups d’Etat et quatre rébellions. Le Mali est devenu un formidable laboratoire expérimental de schémas politiques aussi panachés qu’ambigus.

Avec cette nomination, c’est l’évanouissement du rêve  d’une société stable. Monsieur le Président, on ne peut pas demander à un charpentier de faire une greffe du cœur.

Dieu sauve le Mali et ce qui reste de son armée !

Une contribution de TOURE Abdourahamane

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Sous d’autres cieux, le FELON de Kati et toute sa racaille seraient soit en taule soit entrain de manger les pissenlits par la racine.

    Mais au Mali, on les recompense avec BONUS, NOM DE DIEU!

    Quelle honte!!!

  2. Mr le gestionnaire du site maliweb , 😈 mon article a été charcuté , publiez les textes sans modifier , je ne reconnais plus mon texte.

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