Le 30 octobre, le ministre de la défense français annonçait une victoire éclatante des forces antiterroristes de Barkhane sur AQMI. Mais sachons lire entre les lignes des communiqués officiels…. C’est en fait les troupes d’Iyad ag Ghally qui ont été traquées dans leur sanctuaire de l’Amettetai, dans la région du Tigharghar. Biens sûr tous les Maliens se réjouissent de cet énorme coup de pied dans la fourmilière. Mais que cela ne nous empêche pas de nous interroger.
Les forces françaises ont montré leur capacité technique à nettoyer le Tigharghar de la purulence terroriste. C’est au cœur de leur pustule du désert, à l’endroit même où elles s’étaient une première fois réfugiées en 2013, dans l’Amettetai, que les katibats criminelles coupables des exactions les plus horribles commises au nom d’une conception médiévale de la société ont été défaites. A cette époque, l’offensive des Tchadiens de la coalition les avait délogées une première fois, dans des combats très durs. C’est uniquement parce que les terroristes sont parvenus à revenir en 2014 qu’une nouvelle intervention des forces de sécurité a été nécessaire pour anéantir les derniers furoncles. Voici les conclusions rapides auxquelles nous pourrions arriver si nous nous contentions d’une analyse sommaire de la situation…
Or, tout n’est peut être pas aussi simple. Pourquoi Barkhane, alors qu’elle avait les moyens de réduire cette colonie de scorpions a-t-elle attendu jusqu’à aujourd’hui pour frapper une zone qu’elle connaît pourtant parfaitement pour y avoir déjà combattu en 2013 ? Pourquoi Barkhane se décide t’elle seulement maintenant à porter le fer au cœur même du nid de vipères d’Iyad Ag Ghally ?
La réponse est évidente : cette manœuvre n’est pas uniquement militaire. Quand la France décide de combattre, c’est qu’il y a dans sa stratégie des objectifs politiques. Nous assistons en vérité à un tournant des relations franco touarègues : l’heure n’est plus aux politesses ou à la négociation. Iyad s’est montré impertinent et Alghabass, croyant pouvoir lui emboîter le pas, s’est montré provocant. Mais un gosse mal élevé ne devrait jamais essayer de se mesurer à un adulte, fut-il un adulte manipulateur.
La France s’était contentée jusqu’à aujourd’hui de donner des coups de semonce. Mais aujourd’hui, c’est une correction en bonne et due forme qu’ont subie les groupes touaregs terroristes. Alghabass Ag Intallah, le faucon aveugle de Kidal, par ses péroraisons irresponsables, a déclaré une guerre à la France et à la MINUSMA qu’Iyad Ag Ghally est en train de perdre.
Il n’y aura pas d’ « Azawad islamique »…Ou même d’ « Azawad » tout court. Chacun sait que désormais, plus personne ne croit au double jeu d’Iyad, même l’ancien colonisateur. Le pacte contre nature qu’Iyad a cru pouvoir contracter clandestinement avec la France est clairement dénoncé : les touaregs terroristes doivent se rendre … Ou mourir. Car la France s’est enfin détournée de ses sympathies pour les « hommes bleus » du HCUA.
Paris s’est trompée en Syrie et en Libye et cherche maintenant à corriger son erreur par des frappes aériennes en Irak. C’est la même chose pour Iyad Ag Ghali. La France a fini par se rendre compte que ce dernier ne cherche qu’à singer le « calife » autoproclamé al Baghdadi. Mais Iyad n’a ni les moyens, ni le brio pervers du chef de Daech. Au coin ! Traqué jusqu’au fond du Tigharghar, abandonné par ses troupes qui le trahissent, il n’aura bientôt plus que son taguelmoust pour cacher sa honte.
Paul-Louis KONE