I. L’état des archives du Mali. Il y a cinquante ans, la communauté internationale accueillait la naissance d’un nouvel Etat : le Mali. A l’instar de tous les Etats modernes, le nouvel Etat se dotait d’institutions et de services chargés d’assurer la sécurité de ses citoyens et d’apporter une solution à leurs problèmes quotidiens. Une nouvelle administration se mit à produire massivement au quotidien des papiers et d’autres types de documents qualifiés d’archives.
Durant une année entière, l’évènement a été célébré avec faste et des documents ont encore été produits. Que fait-on de tous ces documents? Sont-ils conservés ? Si oui comment le sont-ils et pour combien de temps ?
Un tour dans les services de l’administration publique et la réponse à ces questions est vite trouvée. Le spectacle que présente la quasi-totalité des services d’archivage est affligeant pour l’archiviste et inquiétant pour l’avenir de notre administration publique. Aussi bien au niveau de l’administration centrale que des collectivités décentralisées, les documents, mélangés à divers équipements et vieux mobiliers de bureau destinés à la réforme, sont stockés dans des locaux très souvent étroits, dépourvus de toutes mesures de sécurité, sans éclairage et manquant d’étanchéité. Combien de temps tiendront-ils dans ces conditions ? Sans aucun doute pas cinquante ans encore.
La situation ne peut que s’aggraver avec le temps compte tenu de la qualité des supports utilisés, du volume toujours croissant de la production de documents consécutive au fonctionnement continu des institutions et de l’arrivée récente de la micro-informatique et des documents électroniques dont la durée de vie n’est pas encore connue avec certitude.
Ces documents sont-ils à conserver ?
On n’a pas besoin de suivre des cours d’archivistique pour développer des arguments justifiant leur utilité et la nécessité de les entretenir. Parmi les nombreuses raisons, nous n’en n’évoquerons que deux. La première, liée à leur valeur juridique et historique, reconnait aux archives la qualité d’éléments de preuve attestant de l’existence de notre souveraineté et du fonctionnement de nos institutions. Prendre le risque de négliger leur sauvegarde c’est mettre en péril la connaissance même de l’histoire du pays et laisser libre cours aux spéculateurs de tout bord. La seconde raison est relative à leur utilité administrative pour le bon fonctionnement des services publics. Les archives sont indispensables pour le travail des agents de l’administration qui sont fréquemment amenés à les consulter dans le cadre de leur activité quotidienne soit pour reconstituer l’historique d’un dossier ou pour répondre aux questions qui leur sont posées. Vu sous cet angle, mépriser leur entretien c’est consentir de sacrifier volontairement le temps de travail pour des recherches inutiles parce que pouvant être évitées.
L’objet de ce papier et des articles qui suivront n’est pas de donner un cours d’archivistique encore moins de faire le procès d’une mauvaise gestion des archives ; ce qui précède n’est qu’une présentation de l’état des lieux, un exercice nécessaire pour introduire notre sujet. L’objectif recherché, c’est d’une part attirer l’attention des producteurs de documents d’archives sur la responsabilité qui est la leur dans la sauvegarde de ces précieux objets du patrimoine national et d’autre part introduire un débat sur la problématique des archives au Mali.
* Oumar Sidibé documntaliste
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