« La chaine de transmission du hamallisme au sein du tidjanisme », tel est l’intitulé d’une étude préparée et lue, avant d’être commentée, par son auteur, en la personne de Monsieur Cheickh Tahirou DOUCOURE, Professeur en sciences islamiques, à la Zawiya de Fès, au Maroc, le jeudi 11 mai 2017, en présence du Chérif ZUBAIR, responsable de ladite zawiya, entouré de quelques-uns de ses frères et disciples. Dans cette étude, le Professeur DOUCOURE rappelle la fondation du tidjanisme. Il souligne à cet effet les quatre (04) fortifications dont a bénéficié le fondateur de cette confrérie soufie, Cheickh Ahmed TIDJANE, dans son parcours initiatique et mystique auprès de ses maîtres soufis, à savoir dans l’ordre : la clé du dépouillement, la clef de la confiance, la clé de la soumission et la clef de l’application. En remontant ainsi « la chaine de transmission du hamallisme au sein du tidjanisme », le Professeur DOUCOURE lève le voile sur l’Homme qui est décrit et prédestiné comme « le dépositaire du secret de l’indivisible », qui n’est autre que le très respecté Cheickh Ahmad HAMAHOULLAH, le père du Chérif de Nioro du Sahel. Le Professeur DOUCOURE ne manque pas non plus de restituer la filiation originelle et authentique du hamallisme par rapport au fameux « Jawharatoul kamâli » ou « 11 grains », telle que consignée et codifiée dans l’unique livre référentiel en la matière : Jawâhir Al Ma’âni. Lisez plutôt, ci-dessous, l’intégralité du texte produit par le Professeur DOUCOURE, par ailleurs grand disciple de Cheickh Ahmad HAMAHOULLAH.
La chaîne de transmission du hamallisme au sein du tidjanisme
Bismillahi Arahmani Arahîmi
Au nom d’ALLAH, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Louange au Seigneur qui a dit dans le Coran ce qui suit : « La vertu ne consiste pas à passer, dans les maisons, par le toit, mais elle consiste à craindre DIEU. Entrez, donc, dans vos demeures en passant par la porte». La génisse, verset 189.
Par ce motif, quelqu’un qui veut étudier le hamallisme, à travers ses tenants et ses aboutissants, s’il veut trouver la pie au nid, doit connaître le tidjânisme et le parcours de son fondateur, car le hamallisme n’en est qu’un effet…En d’autres termes, le hamallisme est un qualificatif réel et non causal. Le qualificatif réel est un déterminant suiveur qui, obligatoirement, doit être en parfait accord avec son suivi qui est son déterminé. Quant à l’adjectif causal, il est, au milieu, entre son suivi et son suiveur auxquels il est soumis, entièrement.
Pour illustrer cela, prenons les deux exemples suivants. Dans: «un homme généreux », le qualificatif: «généreux» est réel. Par contre, dans: « un homme dont le père est «généreux », le qualificatif « généreux» renvoie, plutôt, au père ; par conséquent, il est causal.
I- Comment le tidjânisme est-il né ?
Au lendemain de la maturité de AHMED IBN MOUHAMED – A- TIDJANE (RA), après sa formation dans les écoles coraniques, ses parents souhaitaient qu’il fût un grand juriste dans le rite malikite ; mais le destin en décida autrement. «La voix intérieure», «le hâtif», lui dit: «Après avoir obtenu une formation solide dans le rite malikite, la sève de ta vie intellectuelle est, plutôt, mystique et non juridique. Prépare-toi et dis à ton Seigneur de te guider sur la voie droite ». Par la suite, le CHEIKH (RA), s’adressant à son Seigneur, dit (en poésie):« Wa hal tadj-ma-ou al ayyâmou chamlî bi bough yatî wa nèye li mourâdî am amoûtou bi hasratî ? » : «Les jours qui m’attendent dans mon nouveau parcours me permettront- ils d’atteindre mon objectif ou bien le trépas va-t-il mettre fin à mes jours avant de l’obtenir ? ». «Le hâtif», « la voix intérieure», lui répondit : « Lâ takhaf» : «N’aie pas peur, l’abondante eau dont tu disposeras, les jours à venir, te mettra à l’abri de la petite ablution.»
Avant de voir le bout du tunnel, CHEIKH TIDJANE (RA) eut à rencontrer beaucoup d’hommes accomplis qui fortifièrent sa formation mystique.
Dans cette étude-ci, nous en avons choisi quatre qui lui permirent de franchir le rubicond de la conception avant d’avoir eu à pêcher à la ligne de l’assentiment.
Le premier de ces hommes fut MOUHAMED IBN HASSANE AL : WANDIALIYOU qui le rencontra à Diabalou zabibi (en Algérie), appelé la colline du figuier. Après l’avoir jaugé, il lui dit: «Ine – naka toudrikou makhâma Chazâli » : « Toi, tu auras, un jour, le rang sublime de l’imam Chazâli». Ensuite, il lui transmit «Miftahou tadjirîdi»: «la clef du dépouillement ».
Le second fut AHMAD – A – TAWACH, un saint très célèbre de son temps. Après avoir été convaincu que le Cheikh (RA) faisait, déjà, le poids, lui dit: «Alzâme al Khilwata wal wouhdata wa zikra wasbir hatâ yaftaha lalou alèyeka fa inaka tanâlou makhâmane azîmane » : «Endure les affres de la solitude et du rappel, patiente jusqu’à ce que DIEU te procure L’OUVERTURE. Le rang divin qui t’attend a une distinction particulière». Par la suite, il lui transmit: « Miftahou taf wîdi » : « la chef de la confiance».
Le troisième fut ABDOUL KHADRI IBN MOUHAHAMED Al ABIYADJ. Ce dernier était, déjà, décédé. Le CHEIKH (RA), arrivé à son mausolée, y resta, cinq ans, comme il fut dit dans Jawâhir Al Ma’âni, le livre de référence de la tarîqa tidjânia, écrit par le célèbre SIDY HAJJ ALI HARAZIM. Par la suite, il lui transmit par la voie isthmique: «Miftahou taslimi»: «la clef de la soumission».
Enfin, le quatrième homme fut AHMAD IBN ABDALLAHI AL HINDIYOU.
Nous relaterons sa rencontre avec le CHEIKH (RA), ultérieurement.
Poursuivant son parcours, le CHEIKH (RA) se rendit à Tlemecen (en Algérie) où il passa un bon bout de temps en se purifiant et en se cristallisant. Ce fut, pendant ce séjour, qu’il fit la connaissance d’un natif de cette ville qui s’appelle SIDY TAHARA BOUN TAÏBATA. Ils se lièrent amitié et restèrent ensemble jusqu’à la naissance du tidjânisme. Ce privilège de premier compagnon du CHEIKH (RA) donna, à ce dernier, des titres qui lui furent propres comme nous allons les découvrir plus loin. En 1186, le CHEIKH (RA) décida d’effectuer le pèlerinage, mais dans ses méditations mystiques, il avait vu qu’il devait, d’abord, se rendre au Caire avant d’aller à la terre sainte. En y arrivant, lui et son compagnon, ils furent accueillis par MAHMOUDOU AL KURDÎYOU, surnommé «A TAWDOU A CHÂMIKHOU », la colline élevée, qui était, à cette époque, l’un des pôles du mysticisme transcendantal. Ce dernier lui posa la question suivante: «Mâ Ghâyatouka?»:« Quel est ton objectif ? » Le CHEIKH (RA) répondit: «Matlabî al Khout bâniyatou al ouzmâ » : «Mon vœu est d’être le Pôle qui cerne les sciences de la raison et de la foi». A cela, MAHMOUDOU AL KURDÎ répondit: « Laka aqsarou minehâ » : «Tu auras plus que cela». Puis, il y ajouta: «Repasse me voir après ton pèlerinage, nous avons d’autres choses à nous dire». Une fois à la Mecque, en 1187, il fut informé de la présence, en ces lieux, d’un autre homme accompli qui était le sujet de conversation dans tous les foyers intellectuels. Cet homme était, comme nous l’avons relaté, précédemment, AHMADOU BOUN ABDILLAHI ALHINDÎYOU. Ils eurent à échanger des correspondances à la suite desquelles l’homme en question lui transmit son testament spirituel dont la teneur, dans Jawâhir Al Ma’âni, est:« Anta wârissou ilmî wa as rârî wa mawâhibî wa anewârî»:« c’est toi l’héritier de ma science, de mes mawâhibi wa anewârî » : « C’est toi l’héritier de ma science, de mes secrets, de mes dons et de mes lumières». Par la suite, il lui transmit: « Miftahou tatbîkhi » : « la clef de l’application» qui fut la dernière des quatre clefs dont le CHEIKH (RA) disposa avant la naissance de sa tarîqa, puis, il se rendit à Médine. En rentrant dans le mausolée du Prophète (SAW), il fut accueilli par un saint homme du nom d’ABDOUL KARIM AS SAMMAN. Ce dernier, après lui avoir décrit tout son parcours, lui dit: «Fais ta ziarra et retourne dans ton pays. Bientôt, le soleil de tes souhaits poindra à l’horizon ». Le CHEIKH (RA) retourna au Caire comme le lui avait suggéré MAHM0UDOU AL KURDÎYOU qui lui transmit: «A tarîkhatou al Khalwatiyâtou » : «la voie khalwatîya », en lui disant: «lakhini nâssa, wa damânou alèy-ya.»:« Initie les hommes, provisoirement, c’est moi le garant ».
A son retour à Tlemecen (en Algérie), le CHEIK (RA) y resta un bon moment pour purifier ses acquis au niveau des quatre clefs, ensuite, il fit un voyage éclair à Fez (au Maroc) ; puis il retourna à Tlemecen. Ce fut, au cours de ce voyage éclair, qu’il rencontra, dans la ville de woudiouda, ALI HARAZÎM, qui, plus tard, jouera un très grand rôle dans l’expansion de la tarîqa tidjânia. Dès qu’ils se serrèrent la main, le CHEIKH (RA) lui dit: «. Je suis l’homme que tu as vu en rêve, il y a quinze ans et à qui tu t’es adressé en ces termes» : «Je veux que tu me fasses entrer dans l’oratoire luminaire» et dont la réponse a été: «Je le ferai le moment venu ». ALI HARAZÎM fut ébahi ; car, auparavant, il n’avait jamais parlé de ce rêve à quelqu’un. Automatiquement, il voulut le suivre, mais ce dernier lui dit: « Asbir hatâ yâtiyal fat-hou» :«Patiente jusqu’à l’arrivée de L’OUVERTURE…..»
Lorsque l’heure de la rencontre tant attendue sonna, « le hâtif»: « La voix intérieure» lui ordonna de se rendre à Abou samghoûne (en Algérie). Ce fut dans cette ville que le Prophète (saw) de visu lui donna l’initiation suprême ; et la tarîqa naquit.
A son retour à Aynou Maadi (Algérie), sa ville natale, voici le mot d’ouverture qu’il établit pour tous ceux qui auront l’intention d’embrasser la tarîqa: «Allahouma innî nawaye tou ane atta abada laka bi tilâwati hâzal wirdi al mouhamadiyi al maa loûmi a sanadi ibtikhâ-a mardâ tika»: « Seigneur! L’intention dont je fais montre, à travers cette litanie mohammadienne dont le fondement est de Toi à Toi, est de me consacrer à Ta dévotion à l’effet de bénéficier de Ton agrément».
Quand les causes et les effets se donnèrent rendez-vous et quand le doute fut anéanti par la conviction, et surtout, lorsque l’essentiel qui pèse lourd et longtemps s’est écarté de l’accessoire qui ne vaut que dans l’instant, les foules affluèrent de partout, qui pour s’initier, qui pour éprouver.
Et quand les autorités de l’administration locale virent les crues de cette nouvelle situation, elles actionnèrent leurs moulins.
Au contact, quand elles sentirent que le CHEIKH (RA) ne fut ni corruptible, ni intimidable et que la subordination n’eut aucune chance de trouver un gîte dans son lexique mystique, elles lui déclarèrent la guerre qu’elles perdirent, d’ailleurs ; car le CHEIKH (RA), auréolé du succès plurifacial, décida d’aller s’installer à FEZ. L’accueil du sultan MOULAYE SOULEYMANE fut fructueux ; car, au moment où le CHEIKH (RA) voulut construire sa maison, il l’assista à tous les niveaux. Par contre, lorsqu’il débuta la construction de la zawiya, et que, ce même sultan, lui envoya un sac rempli d’argent, il déclina l’offre avec beaucoup de courtoisie en affirmant: « Azâwiyâtou amrouha Khâimoune bi lâhi»: «Les conditions d’édification de la zawiya sont soumises à la volonté d’Allah qui m’en a tracé un cadre spécial. … », comme ce fut dit dans kachfoul hidiab.
La tarîqa tidjânia n’a qu’un seul bréviaire intitulé Jawâhir Al Ma’âni, rédigé par ALI HARAZÎM et corrigé par le CHEIKH (RA) lui-même. C’est dans cet ouvrage que sont consignés les wirds et les apartés du fondateur, ainsi que Description : img1ses correspondances, mais aussi, les questions qui lui ont été posées concernant la théologie islamique dans ses différentes ramifications et leurs réponses.
ALI HARAZIM, l’auteur de Jawâhir Al Ma’âni, y dit : « Al wirdou al mâ loûmou »: « le wird » connu qu’il a reçu du Prophète (saw) est ainsi libellé:
-Astaghfiroullah : 100 fois
-Assalatou ala Nabi : 100 fois
-Lâ illâha illallahou: 100 fois
Quant à ta wazifa (que l’on peut faire collectivement ou individuellement), il faut faire:
-Astaghfiroullah : 100 fois (sous quelque forme que ce soit)
-Salatoul fatihi : 100 fois
– Lâ illâha illallahou : 200 fois ou 100 fois
-Jawharatoul kamâli : 11 fois (IHDA ASRATA)
« Al wirdou al mâ loûmou » : « le wird connu » resta inchangé jusqu’à la disparition du CHEIKH (RA).
Mais quant à la wazifa, elle a connu une évolution ; car le CHEIKH (RA), au soir de sa vie, adressa une lettre aux disciples de Fez, publiée dans Jawâhir Al Ma’âni, et, dans laquelle, il dit: « Persistez dans la récitation de la wazifa pour qui en a les moyens, matin et soir. Allégez sa pratique si vous la sentez lourde pour vous. Récitez la salatoul fatihi 50 fois. A la place de l’istighfar, pratiquez si vous le voulez: « astaghfiroullah al azîma lazi lâ, illaha illâ houwa al khayoul khayoum : 30 fois». Mais, il garda le silence sur jawharatoul kamâli.
Logiquement, s’il en avait parlé puisque nous sommes sous la bannière de l’allegement, il allait dire : « Faîtes jawharatoul kamâli 10 ou 9 fois au lieu de 12 ou 13 fois ».
Ce fut, au fil des jours, qu’on constata, dans certaines zawiyas, que jawharatoul kamâli se récitait 12 fois.
A cet effet, beaucoup de thèses furent avancées à propos de cette augmentation. Mais, les deux sources les plus fiables nous viennent, d’une part, de l’auteur de « Mouniyatou al mourîdi » qui dit: «wa bânda zâ Jawharatoul kamâli toukh raou ihda achratine fil hâli wa fi hayâti Cheikhina khad zâ dou wâhidatane fa zèye douhâ sadâdou»:« Après ce que nous venons d’avancer, jawhâratoul kamâli est récitée (dans la wazifa) 11 fois. Du vivant du CHEIKH (RA), certains ont augmenté une perle. Cette augmentation est louable». Et, d’autre part, l’auteur de «Boukh yatoul moustafidi », qui est le commentateur de « Mouniyatou al mourîdi », écrivit à ce propos: «Cette augmentation d’une perle est un takhriroune venant du CHEIKH (RA)».
Mais que signifie le mot « takhriroune ? »
« Takhriroune » signifie acquiescement implicite qui veut dire que le CHEIKH ne l’a pas fait, il ne l’a pas autorisé ; mais, il ne l’a pas interdit non plus quand certains de ses disciples l’ont pratiqué.
La seule source où il fut dit que ce fut le CHEIKH (RA), lui-même, qui augmenta la 12eme perle nous vient d’IDRISSA AL IRAQI qui était le responsable de la zawiya de Fez, et qui, recevant Alioune TRAORE lors de la préparation de sa thèse de doctorat sur le hamallisme, fit la déclaration suivante: «La récitation de Jawharatoul kamâli était faite 11 fois, originellement ; mais, le CHEIKH (RA), un an, avant sa disparition, a reçu l’ordre du Prophète (SAW) de la réciter 12 fois ». D’ailleurs, les auteurs de«Mouniyatoul al mourîdi » et « Boukh yatoul moustafîdi » firent allusion à cela. Par contre, si cette augmentation ne figure pas dans Jawâhir Al Ma’âni, c’est parce que son auteur, ALI HARAZÎM, est décédé plusieurs années avant que le CHEIKH (RA) ne reçoive l’autorisation».
En son temps, quand j’ai lu cette déclaration me venant d’ALIOUNE TRAORE, j’ai répondu, en mettant en exergue, les contradictions constatées dans les dires d’ IDRISSA IRAQI , réponse, d’ailleurs, publiée, intégralement, dans la thèse d’ALIOUNE TRAORE et, plus tard, dans mon ouvrage intitulé «A dawatou Al Himmawiyatou », publié en 1976.
Résumons, ici, cette réponse. Si IDRISSA HIRAQI dit qu’ALI HARÂZIM n’a pas mentionné cette augmentation parce qu’il est décédé plusieurs années avant le CHEIKH(RA) qui n’a reçu l’ordre de l’augmentation, qu’un an, avant sa disparition, cela est réfutable ; car l’auteur de «kitaboul diami », l’imam MOUHAMED IBNOUL MISRI, a parlé de cette augmentation dans son célèbre ouvrage qui vient, par ordre de préséance, après «Jawâhir Al Ma’ânni, en affirmant:« Jawharatoul Kamâli Toukh ra – ou Ihda achrata maratane aw aksara » : «Jawharatoul kamâli est récitée, dans la wazifa, 11 fois ou plus» ; alors que l’imam MOUHAMED IBNOU MISRI est décédé quatre ans avant le CHEIKH (RA) .
Par ailleurs, IDRISSA IRAQI, en affirmant que les deux auteurs de «Mouniyatoul al mourîdi » et de «Boukhyatoul moustafidi » firent allusion à cette augmentation, il a loupé la cible dans la mesure où le premier, l’auteur de « Mouniyatoul al mourîdi », dit: « Khad zâdou wahidatane» signifiant: «Ils ont augmenté une perle». Là, l’auteur de « Mouniyatoul al mouridi » parle des disciples en employant un pluriel (Ils). Donc, il ne parle pas du CHEIKH (RA) qui est un singulier. S’agissant, maintenant, du second, c’est-à-dire, l’auteur de Boukhyatoul moustafidi, ce dernier a dit que cette augmentation est «un takhriroune venant du CHEIKH (RA) », et « takhriroune » ne signifie pas abolition, mais plutôt accord implicite..
On voit comme le dit l’adage que: « Toute chaise est siège, mais tout siège n’est pas chaise….»
Notre objectif, à travers nos recherches et nos analyses, est de livrer l’authenticité des faits. Maintenant, en dépit de toute cette démonstration, ceux qui continuent à vouloir se cramponner aux mirages ne sont causes que de leur propre perdition. A présent, poursuivons notre étude et intéressons- nous à l’abolition et à ses origines coraniques.
- L’abolition et ses origines coraniques
Allah, notre Seigneur, a dit : « Mâ nane sakh mine ayâtine aw noune sihâ natî nikhayerine minechâ aw mislihâ » : « Il n’est pas un verset que nous abrogions ou que nous fassions tomber dans l’oubli que nous le remplacions par un verset préférable ou équivalent », la Génisse, verset 106.
Tous les juristes avérés de l’islam sont unanimes pour affirmer que les prescriptions théologiques du Coran et de la Sunna peuvent connaître des abrogations, durant le vivant du Prophète (SAW) ; mais, après sa disparition, elles sont, formellement, interdites.
L’abrogation peut être totale ou partielle.
Illustrons cette affirmation par des exemples pour mieux l’expliciter.
«0 Prophète! Invite les croyants au combat. S’il se trouve, parmi vous, vingt hommes endurants, ils en vaincront deux cents. S’il s’en trouve cent, ils vaincront mille incroyants».
Plus tard, il dit: « ALLAH a, maintenant, allégé votre tâche sachant qu’il y a en vous de la faiblesse. S’il se trouve, parmi vous, cent hommes endurants, ils en vaincront deux cents, s’il y a en vous mille, ils en vaincront deux mille », Sourate les butins, versets 65 et 66.
Dans cette sourate, nous constatons que le deuxième verset abroge, totalement, le premier.
Ailleurs, le Prophète (SAW) a dit: «Je vous avais interdit la ziarra des tombes ; mais, maintenant, je vous en donne la permission ; car cette ziarra vous rappelle l’ultime demeure ». Là aussi, il s’agit d’une abrogation totale.
Maintenant, pour l’abrogation partielle : ALLAH a dit: «Ceux qui portent des accusations infamantes contre les femmes honnêtes, sans pouvoir produire quatre témoins, sont passibles de quatre-vingts coups de fouet», sourate Nour, verset 4. Plus tard, dans la même sourate, au verset 6 ; ALLAH dit: « Ceux qui lancent des accusations contre leurs épouses et n’en ont pas comme témoins qu’eux-mêmes, leur témoignage consiste à témoigner à quatre reprises au nom de DIEU et qu’ils disent la vérité».
Nous constatons, dans cette sourate, que le second verset abolit, mais partiellement, le premier en enlevant les maris qui ne sont plus soumis aux coups de fouet alors que, dans le premier, ils étaient dans le cas général.
Les hamallistes, partant des règles analogiques précitées, réfutent toutes modifications des prescriptions se trouvant dans Jawâhir Al Ma’âni, après la disparition du CHEIKH (RA).
III. Comment la tarîqa tidjânia est arrivée en Afrique occidentale?
Elle y arriva par l’intermédiaire de deux illustres compagnons du CHEIKH (RA), le fondateur.
Le premier fut CHEIKH MOUHAMED AL HÂFIZ et le second fut CHEIKH MOUHAMADOU AL KHÂLI.
CHEIKH MOUHAMADOU AL HÂFIZ était un érudit, très respecté dans son pays, la Mauritanie.Ayant eu l’intention d’effectuer le pèlerinage à la Mecque, il formula le vœu suivant: «Allah, fasse que je rencontre un homme qui fortifiera mes recherches mystiques». Arrivé en terre sainte, il fut informé de la présence de ALI AL HARÂZIM, l’auteur de Jawâhir Al Ma’âni, qui, lui aussi, était venu en pèlerinage. Dès leur première rencontre, le CHEIKH magrébin, ALI AL HARÂZIM, après avoir sondé ses profondeurs, lui dit : « Si tu désires résister à la bourrade des vicissitudes et surmonter la bourrasque des imperfections, voici la solution. Prépare-toi à aller, au Maroc, pour y rencontrer mon guide spirituel, AHAMEDOU IBN MOUHAMED – A – TIDJANE (RA). Tes soifs seront assouvies s’il plaît à DIEU». Ce fut, ainsi, qu’il se rendit, automatiquement, au Maroc à la rencontre du CHEIKH (RA), qui, après un moment de compagnonnage, lui accorda « Al idiazatou al moutlakhatou » : « la licence générale », exception faite de la désignation des muqadams. Là, il l’autorisa à n’en désigner que dix comme consigné dans « Kachfoul hidiab.»
Quant au second, MOUHAMADOU AL KHÂLI, lorsqu’il rencontra le CHEIKH (RA), ce dernier lui donna « la idiaza » de désigner quatre muqadams, tout en lui précisant que chacun, à son tour, pouvait en désigner quatre autres. Ce fut, par le biais de ses adeptes, et parmi eux, CHEIKH OMAR FOUTIHOU TALL que la tarîqa fut introduite en Afrique occidentale.
L’auteur de «Boukh yatoul moustafidi» nous dit que CHEIKH MOUHAMED KHÂLI resta conforme aux prescriptions du vivant du CHEIKH (RA). Mais, après la disparition de ce dernier, on le vit étaler«sa idiaza » qui, initialement était limitée, et l’auteur de «Boukh yatoul moustafidi» ajouta:« Peut-être qu’il aurait rencontré un muqadam du Cheikh (RA) qui détiendrait une licence générale et à cet effet, ce dernier lui aurait élargi son champ d’action. Au cas contraire, il l’aurait eu par le biais d’un rêve mystique».
Après avoir décrit la naissance du tidjânisme, et comment il arriva à nous par l’intermédiaire de deux compagnons précités, abordons, à présent, la source de la chaîne de transmission du hamallisme.
- Quelle est la source de la chaîne de transmission du hamallisme?
Le hamallisme arriva par l’intermédiaire de SIDY TAHARA BOUN TAÎBATA dont nous avons mentionné le nom, précédemment. A cet effet, laissons la parole au grand intellectuel, AHMED. CHOUIŒRIDJI qui, dans son célèbre ouvrage, «Kachfoul Hidiab », dit : « Kana Ayatane mine ayâti lâhi al bâhirati wa lahou karamâtoune lâ yâhtawîhâ tâ lîfoune wa chouhida lahou bil woussoûli ilal khiJâfati al ahmadiyati a tidjâniyati bi takhdîmi al ân-mi minaI CHEIKHI (RA) wa sâharahou wa hadja mânhou wa âta mara»: «Ce saint homme, SIDY TAHARA BOUN TAÏBATA de Tlemecen, était l’un des miracles d’ALLAH, auréolé de perfections lumineuses. Il eut des degrés d’élévation émanant du CHEIKH (RA) qu’on ne saurait confiner dans un livre dont la suprême« Khilafa » al ahmadiya a tidjâniya, corroborée par « une idiaza» à la source intarissable, il eut le privilège d’effectuer le pèlerinage et la ourma avec le CHEIKH (RA). En plus, ils eurent des liens de mariage entre leurs progénitures». Et l’auteur de « khachfoul hidiab » d’ajouter:« Rawa anehou mâ amtaaza bihî ane khayrihî fil hadari wa safari»: «II a reçu du CHEIKH (RA) des dons distinctifs qu’aucun autre compagnon du CHEIKH (RA) proche ou lointain n’a eus ». L’auteur ne s’arrêta pas ; car, dans son second ouvrage, intitulé « Râ! ou Nikhâbi », il lui y consacra des poèmes très élogieux dans lesquels il dit: «Nâla minai CHEIKHI azîma sirri bihî ghadâ moussadarane fi sadri » : «Il a eu du CHEIKH (RA), pendant leur compagnonnage, des secrets qui dépassent les acquisitions de la raison et qui ne se situent que dans les vaisseaux de la foi ».
C’est ce grand khalif dont nous venons de parler qui, après la disparition du CHEIKH (RA), prit une position nette lorsqu’il sentit que des esprits mal intentionnés étaient en train de s’infiltrer dans la tarîqa. Il écrivit, en ce sens, des lettres aux différentes zawiyas pour les mettre en garde contre les appâts de mécréants. Cette prise de position lui valut beaucoup d’animosités dans certains milieux où les intéressés se sentaient menacés par ses mises en garde. Résultat, un complot fut ourdi contre lui dans le but de pousser les autorités françaises de l’époque à le neutraliser. D’ailleurs, aussitôt après, il fut arrêté, dans sa maison, puis envoyé à Sainte Marguerite (en France), pendant des années. Il ne fut libéré qu’en 1871.
Pour beaucoup plus de détails sur tous ces faits, il faut consulter, entre autres, deux thèses de doctorat portant sur le tidjânisme, l’une, en anglais, de DIAMIL ABOU NASRI et l’autre, en français, de JILLALI El ADNÂNI qui pourtant, sans être un apologiste du tidjânisme, pour décrire le Saint homme et sa zawiya de Tlemecen, titra son travail de recherche en ces termes: «Tahara boû Tadyeb ou l’énigme d’une zawiya anti -française».
Ce fut ce khalif – là qui choisit un de ses disciples du nom de MOUHAMADOU BOUN ABDALLAH, plus connu sous le sobriquet de CHEIKH SIDY MOUHAMED LAKHDAR, pour aller à la recherche de «Sahibou al witri w : « Le dépositaire du secret de l’indivisible» afin qu’il restitue le tidjânisme dans son cadre originel. Il lui remit le mot de passe en y ajoutant que le destinataire se fera connaître à travers les indices qu’il lui donna.
Après plusieurs années d’investigation, CHEIKH SIDY MOUHAMED LAKHDAR arriva à Nioro du Sahel (dans la République du Mali). A son arrivée, il sentit que l’objectif à atteindre était, bientôt, à sa portée. En ce temps – là, HIMALLAHI IBN MOUHAMED était, relativement, jeune, mais dès que CHEIKH SIDY MOUHAMED LAKHDAR le vit, après quelques attentives méditations, il sut qu’il était l’homme accompli qu’il cherchait. Mais, vu le milieu dans lequel les oulémas et les notables évoluaient avec lui, il fallait qu’il préparât l’opinion publique avant d’annoncer la bonne nouvelle. Quand l’heure sonna, CHEIKH SIDY MOUHAMED LAKHDAR désigna HIMALLAHI IBN MOUHAMED IBN SEYDINA OMAR AL HASSANIHOU ATICHITIHOU en disant: «Hazâ houwa al moudjtaba fi diwâni iyaka naaboudou»: «Voici l’homme choisi dans l’oratoire divin ; désormais, c’est votre guide. Cette décision n’émane pas de moi, mais de mes supérieurs. Mon rôle est de transmettre et je l’ai fait».
Voilà comment la chaîne de transmission du hamallisme naquit.
En récapitulant, nous constatons que :
-CHEIKH AI-IMEDOU IBN MOUI-IAMED-A- TIDJANE (RA), le fondateur, disparut en 1815.
-Son Khalif, SIDY T AHARA BOUN TAÎBATA, décéda en 1878. Ce qui veut dire qu’il vécut, après le CHEIKH (RA), 63 ans.
-CHEIKH SIDY MOUHAMED LAKI-IDAR qui est le Khalif de SIDY TAHARA BOUN TAÎIBATA décéda en 1909. Ce qui veut aussi dire qu’il vécut, après lui, 31 ans. Et ce fut, en cette même année 1909, que le hamallisme naquit.
Du décès du fondateur, CHEIKH AHMEDOU IBN MOUHAMED – A – TIDJANE (RA) en 1815 à la naissance du hamallisme en 1909, il y a 94 ans. Ce chiffre mystique engendre trois noms divins.
Allahou = nom propre= 66
Wahâbou = le donneur = 14
Wâdjidou = l’existant = 14
Si le Prophète MOUHAMED (SAW) avait accepté les propositions qui lui avaient été faites par les Khoureichs et leurs dirigeants, en envoyant OUTBATOU BOUN RABIATA, et qui consistaient à l’amener à modifier ses méthodes, à savoir, l’attaque de leurs divinités, il n’allait pas connaître l’exil.
Si AHMEDOU IBN MOUHAMED -A- TIDJANE avait accepté, au lendemain de son retour de Abou samghoûne à Ayn Maadi, les propositions des autorités qui, convaincues qu’il était incontournable, tentèrent de l’amadouer, de le corrompre, ou de l’auréoler d’honneurs, il n’allait pas connaître l’exil qui le mena à Fez.
Si SIDY TAHARA BOUN TAÏBATA, le premier compagnon d’AHMEDOU IBN MOUHAMED – A- TIDJANE, avait courbé l’échine, après la disparition du CHEIKH (RA), en collaborant avec ceux qui se sont infiltrés, dans la Tarîqa, pour la détruire, il n’allait pas connaître l’exil à Sainte Marguerite (en France).
Si CHEIKH HAMALLAH avait accepté de collaborer avec l’administration coloniale qui lui avait offert toutes sortes de cadeaux, y compris des médailles, il n’allait pas connaître l’exil de 1925 à 1935, encore moins, la déportation de 1941, et la démolition de ses maisons, et la fusillade de quelques-uns de ses enfants à Yélimané (République Mali), et encore moins, l’envoi de nombreux de ses disciples dans des camps de concentration.
Cela est le résultat des exigences du qualificatif réel.
Le tidjânisme n’est pas une monarchie constitutionnelle, son fondateur, s’adressant à ses disciples, leur dit: « S’il vous arrive des propos qui me sont imputés, examinez-les, sous la bannière des investigations réelles. S’ils sont conformes avec la voie droite que j’ai tracée, dites qu’ils sont de moi, sinon c’est non. »
Les chaînes de transmission de ses khalifes relèvent, toutes, de lui, mais elles sont indépendantes les unes, des autres. Tout le reste n’est que contenu sans contenant.
Qu’ALLAH, le Maître absolu, nous éclaire, nous protège, et nous assiste.
Amen.
Mr karaté j’aimerais que vous me dites en quoi cette article enfonce davantage nos populations dans le fainéantise. Vu vos propos je pense que vous êtes pas donné la peine de lire l’article.
Un charabia illisible qui enfonce d’avantage nos populations dans la fainéantise au lieu de les inciter au travail et la recherche du savoir.
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