Après la Tragédie du Maouloud au Stade Omnisports :Il faut châtier les vrais responsables

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Après les moments d’émotions, de condoléances et de prières puériles, il urge de se concentrer tout de suite sur les véritables questions qui brûlent les lèvres du citoyen lambda. Qui est responsable de ce qui est arrivé cet après-midi tragique du lundi 21 février au stade Omnisport ? Qui était responsable de la sécurité d’un événement aussi grandiose que le public show du grand Ousmane Madani Haïdara ? Peut-on autoriser un tel événement sans prendre des mesures de sécurité adéquates ? Doit-on accepter ou autoriser l’organisation d’un événement de telle envergure dans un environnement fermé ? A-t-on seulement pensé, une seconde, qu’un stade conçu pour recevoir 25 mille personnes  pourrait céder sous le poids de cette masse de fidèles dépassant de loin les capacités du stade ? Et si le stade s’était écroulé sous le poids de la masse ?

Ces questions et à bien d’autres, l’Etat malien ne peut pas ne pas être le premier responsable, lui qui est toujours prompt à mettre en branle l’artillerie lourde de la sécurité dès qu’il s’agit de manifestations ou de marches. On me dira que c’est pour cela que l’Etat a mis en place immédiatement  une commission d’enquête, qui selon le journal  L’Indépendant du 23 février  2011, est dirigée par le Directeur régional  de la Police du District de Bamako, et le Commissaire du 3 ème Arrondissement. Cette Commission pourra-t- elle élucider avec objectivité toutes les mille et une questions sur la tragédie ? J’en doute fort pour la simple raison qu’on ne peut pas être juge et partie. C’est déjà, selon moi, une première déception et une fuite en avant de l’exécutif.

S’il est vrai que le service d’ordre est assuré par les services de sécurité, les membres de la commission d’enquête mise sur pied par l’exécutif,  ne peuvent enquêter sur leur propre responsabilité.  Les premiers responsables de la police du district et du troisième arrondissement, dont relève le stade omnisport ci-devant membres de la Commission, seront confrontés au dilemme de se culpabiliser. Ce qui serait improbable dans le pays d’ATT ou il est de règle de ne pas humilier un chef de famille. Ou alors,  nos honnêtes officiers de police  trouveront toutes les preuves irréfutables pour se disculper en rejetant l’opprobre sur les autres organisateurs de l’événement. Sans préjugés et avec tout le respect dû à leurs rangs d’officiers, les deux membres de la commission d’enquête ne sont pas qualifiés, à mon humble avis, pour ce type d’enquête.  Il aurait fallu une commission d’enquête indépendante à toutes les parties prenantes à l’événement. 

Avec cette commission que je qualifie de commission sécuritaire, on n’est pas sorti de l’auberge : les morts sont morts pour la cause de l’islam, c’est la volonté du Tout-Puissant. On les pleurera, on leur fera des éloges. On distribuera quelques billets de banque, quelques sacs de riz et de sucre, au nom de la nation reconnaissante aux parents qui remercieront les princes du jour pour leur solidarité. Certains ministres et autres barons de l’Etat en mal de popularité en ces temps d’incertitudes de remaniement, ouvriront les vannes de la solidarité pour se refaire une santé politique, défileront au chevet des malades, participeront avec des visages serrés aux funérailles. Le grand timonier, constructeur des routes et des logements sociaux, lui, trouvera les mots qu’il faut pour demander au peuple de resserrer les rangs en ces temps de deuil national. Et puis, plus rien. Le chien aboie, la caravane passe. De mon pays d’adoption, Haïti, ou je suis l’événement avec impuissance, car n’ayant même pas l’opportunité de participer au deuil national, j’ai honte de nos hommes politiques et de nos dirigeants qui ne se vivifient que dans les périodes de malheur du peuple.

Combien de commissions d’enquêtes ont-elles été mises en place sans que le peuple n’ait jamais eu accès aux résultats ?  A quoi et à qui servent toutes ces commissions d’enquêtes si ce n’est pour divertir et détourner  le peuple des vraies préoccupations ou alimenter encore les comptes en banques de nos experts en enquête ?  Cette énième enquête,  comme celles de la mort tragique des parachutistes Siaka Kone et compagnons,  des militaires tués dans un crash de leur avion au dessus de la Grèce, comme tant d’autres enquêtes, restera sans suite.  Oh que j’aimerais me tromper, et c’est tout le malheur que je me souhaite. 

Alors,  que faire, comme dirait Lénine, face à ce constat d’échec des commissions d’enquêtes initiées par l’exécutif : juge et partie? La Représentation nationale du peuple, c’est-à-dire l’Assemblée Nationale, ne pourrait-elle pas ou ne devrait-elle pas  initier une enquête indépendante de celle de l’exécutif ? Ont-ils déjà, nos honorables députés,  initié une commission d’enquête parlementaire ? Pour quel résultat ? Difficile de répondre mais, pour une fois, ils devraient prendre le taureau par les cornes, pour constituer rapidement une commission parlementaire. 

Je l’assume comme toujours. J’ai honte de nos hommes politiques, de notre société civile, de nos gardiens autoproclamés de la démocratie du 26 mars qui se refugient dans un silence de mort, peut être période de deuil oblige, face à la création par l’exécutif d’une commission d’enquête, qui est, de facto, disqualifiée de par sa composition.

Jusqu’à quand s’arrêtera l’impunité dans ce Maliba d’ATT ? Gouverner c’est gérer et gérer c’est prévoir et la sécurité c’est, avant tout, la prévention.  Après ce qui s’est passé il y a juste une année à Tombouctou. Après ce qui vient de se passer au stade Omnisports, ne devrions-nous pas interpeller les plus hautes autorités, ATT et son Gouvernement à ce que toute la lumière soit faite afin qu’enfin  les vrais responsables et tous les responsables répondent de leurs actes ? Peut-on ou doit-on ignorer l’implication du ministre de la Sécurité dans l’organisation d’un événement dans le district de Bamako ? Peut-on ou doit-on ignorer l’implication, donc la responsabilité du Directeur Général de la Police et de son directeur régional ci-devant membre de la Commission d’enquête, au niveau du district dans l’organisation d’un événement dans le district de Bamako ?

Peut-on ou doit-on ignorer l’implication, donc la responsabilité du Maire du District et/ou du maire de la commune abritant le stade Omnisport dans l’organisation d’un événement dans le district de Bamako ?

Peut-on ou doit-on ignorer l’implication, donc la responsabilité du Commissaire du troisième arrondissement ci-devant membre de la Commission d’enquête dans l’organisation de l’événement du Stade Omnisport?

Le citoyen lambda que je suis, même  éloigné de sa patrie par les contingences de la vie, crie et continuera de crier sa colère pour que justice soit faite. Nos dirigeants resteront-ils aphones et autistes ? Jusqu’à quand ? Suffit-il seulement de crier ? Comme toute réponse à mes multiples interrogations,  je fais mienne cette citation de l’écrivain nigérian, Prix Nobel de la littérature, Wole Soyinka "le tigre ne crie pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore".

                     Yachim MAIGA Port-au-Prince,

 

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