De nombreux rapports concordent sur un point : c’est aux frontières du Mali et du Burkina Faso désormais que les terroristes concentrent leurs méfaits. Pour cette raison, le rôle des FDS burkinabè dans la lutte contre les organisations djihadistes qui sévissent dans la région, le JNIM ou l’EIGS principalement, est central aux côtés des FAMa. En effet, en raison de la position géographique du Burkina Faso, la menace terroriste risque de se diffuser vers les pays voisins, comme le Bénin, le Togo ou encore la Côte d’Ivoire. La coopération militaire entre nos pays devient une priorité, plus encore après la mort d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’AlQaïda au Maghreb islamique (AQMI) : de nouvelles perspectives s’ouvrent dans la lutte contre des terroristes déstabilisés.
Chaque jour ou presque, les réseaux sociaux signalent de nouvelles attaques des terroristes aux frontières du Mali et du Burkina Faso. Il y a quelques semaines encore, des postes de gendarmerie étaient attaqués de part et d’autre de la frontière. A Faramana, dans la province du Houet, les assaillants ont été repoussés mais deux gendarmes ont été tués. La même nuit, des terroristes visaient un check-point à Koury, au Mali, blessant un gendarme.
Le terrorisme djihadiste ne connait pas les frontières en effet : Droukdel circulait entre Algérie et Mali. Et les frontières n’arrêtent pas plus les terroristes entre le Centre du Mali et la région des Hauts-Bassins qu’entre le Gourma et le Soum ou l’Oudalan. C’est la raison pour laquelle il faut que nos Etats pensent la lutte anti-terroriste au-delà des frontières, tout en respectant la souveraineté de chacun.
C’est aussi ce que l’on a pu voir, à partir du 14 mai, à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Les forces armées des deux pays, appuyées par plusieurs hélicoptères, ont pu agir ensemble dans le secteur de Ferkessedougou, près de Sangopari, en territoire ivoirien.Les forces burkinabè avaient pour mission de couper toute voie de retraite aux terroristes traqués par leurs camarades ivoiriens. Le bilan de cette opération suffit à démontrer les mérites d’une telle coopération : 8 terroristes ont été abattus ;des armes, des munitions, des motos, des téléphones ont été saisis ; et plusieurs dizaines de présumés terroristes ont été capturés, une douzaine en Côte d’Ivoire, 24 autres près de leur base d’Alidougou, au Burkina, dans la province de Comoé.
Cette opération entre Burkina Faso et Côte d’Ivoire est la première de ce genre. Maisla coopération entre armées est au cœur des principes du G5 Sahel depuis plusieurs années. Au même moment, les FAMa lançaient une opération le long de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso comme le révélait la presse. Leurs cibles étaient les terroristes de la katiba Macina, rattachée au JNIM. Le bilan est éloquent là aussi : avec l’aide des hélicoptères, les forces armées maliennes ont éliminé une trentaine de terroristes, saisis 25 motos et détruit un important matériel.
« Qui veut aller loin voyage accompagné » dit le proverbe. La coopération internationale dans la lutte anti-terroriste n’est pas la solution miracle, que ce soit au Sahel ou ailleurs. Mais elle est une solution efficace, et donc indispensable, notamment en ce moment : la mort de Droukdel a sans doute contribué à fragiliser les terroristes du JNIM qui étaient à ses ordres. La Force conjointe G5 Sahel et la coopération entre Burkina Faso et Côte d’Ivoire pourraient inspirer d’autres opérations de ce type, à l’image de ce que le Tchad du président Déby, le Niger, le Cameroun et le Nigéria font autour du Lac Tchad. Le Bénin et le Togo, prochaines cibles des terroristes, ne devraient-ils pas y être rapidement associés ?
Pour en finir avec le terrorisme, ne faut-il pas qu’à la « Colère de Bohoma »succèdent les opérations « Colère de Tapoa »et « Colère du Liptako » ?
Issa Bâ
@issaba170