Tant d’énergies et de sacrifices consentis par les FAMA appuyées par les forces armées françaises pour arrêter ces narco-terroristes ! Tout cela pour finalement constater que les djihadistes puissent aussi facilement passer entre les mailles du filet pour s’envoler de la prison centrale de Bamako comme de simples pigeons. Le djihadiste Mohamed Ali Ag Wadoussène originaire de Kidal, s’était rendu célèbre pour avoir notamment organisé l’enlèvement de deux français : Serge Lazarevic et Philippe Verdon. Arrêté le 10 décembre 2011 à Gao, il attendait paisiblement son jugement à la prison centrale de Bamako. Pas si paisiblement que cela visiblement, puisqu’il organisait minutieusement son évasion, accompagné dans sa fuite par une vingtaine d’autres djihadistes tout aussi dangereux que lui. Certains informateurs parleraient même d’une centaine de djihadistes s’évaporant dans les faubourgs de Bamako.
Comment diable cette évasion a-t-elle pu se produire ? Car non seulement les terroristes auraient réussi à faire entrer de l’armement dans la prison, mais surtout une équipe puissamment armée les attendait en toute quiétude en plein centre ville de Bamako. Pour cela il aura fallu un financement et une opération militaire d’envergure. Pour la partie financière : l’oncle de Mohamed Ali AG Wadoussène, un certain Ag Hitta, aurait donné plus de 15 millions de FCFA pour mieux vivre cette détention mais aussi pour organiser cette incroyable évasion. Pour la partie militaire : un ancien officier des renseignements généraux de l’ex Gouvernorat de Kidal, Malik Ag Wanasnat, aurait préparé cette évasion dans les moindres détails. Résident de Kidal, ville dont il aurait mystérieusement disparu récemment, il serait toujours rallié à la cause d’Ansar Dine et jouerait probablement un double jeu dans cette région au profit de Iyad Ag Ghali. Avec le succès de cette évasion, il pourrait rapidement grimper dans la hiérarchie d’Ansar Dine et s’imposer comme l’homme fort de la région de Kidal.
Qu’importe les commanditaires, le message est parfaitement clair : les terroristes du nord peuvent frapper en toute impunité où ils veulent et quand ils veulent, y compris au cœur de Bamako. Si le processus actuel des négociations est encourageant, il ne faut pas négliger la poursuite de la lutte contre les groupes armés terroristes au nord. A défaut, c’est l’Etat malien tout entier qui pourrait bien en faire les frais…
Paul-Louis Koné