Au Mali, les enfants représentent plus de la moitié de la population et sont des milliers à avoir été enrôlés dans les groupes armées terroristes. Ou devrais-je dire NOS enfants. Voilà ce qu’est le projet d’Ansar Dine pour notre société, leur soi-disant « charia douce ». Voilà ce que l’ancien héros devenu bourreau, Iyad Ag Ghaly, émir d’Ansar Dine, propose pour la population de Kidal. Jusqu’à quand acceptera-t-elle que ses enfants servent de chair à canon djihadiste ?
Comme tous les enfants soldats, ils sont séparés de leur famille, sont exposés aux mines, sont victimes d’exécutions sommaires, de tortures, d’enlèvements et d’abus sexuels. Souvent kidnappés sous la menace devant leur famille ou à l’école, parfois ayant rejoint volontairement les groupes armés par embrigadement idéologique et plus rarement par aventure, ces enfants ne reçoivent plus d’éducation. Des garçons en âge de découvrir l’école se retrouvent plongés dans des uniformes bien trop grands, bien incapables de porter des fusils trop lourds qu’ils doivent traîner derrière eux.
Ces porteurs de cartouches embrigadés par les terroristes grandissent dans la violence, les risques de traumatismes et de comportement violents et asociaux à l’âge adulte sont considérables et risquent d’être définitifs. Le maniement des armes étant leur seule compétence, il est à craindre qu’à l’avenir, nos enfants soient incapables de s’intégrer dans une société pacifique, voire de fonder une famille. Cette génération, qui aurait pu apporter sa pierre à l’édifice du Mali qui en a tant besoin, risque d’être perdue.
Ansar Dine, mais aussi AQMI et Al Mourabitoune se font fort d’enrôler nos enfants dans leurs rangs pour commettre des attentats-suicides. Non seulement ils les ont drogués pour les faire monter à l’assaut, mais ils ont aussi commis des violences sur ces mineurs dans plusieurs villes du nord, information confirmée par des sources autorisées à Kidal, à Gao et à Tombouctou.
Ces cavaliers de l’apocalypse, qui prétendent respecter la charia, envoient nos jeunes enfants à la mort pendant qu’ils se tiennent soigneusement éloignés des champs de bataille pour compter leurs billets de banque tirés du profit de leurs nombreux trafics.
Sauver l’avenir de ces enfants, c’est sauver l’avenir du Mali et ce doit être une priorité du processus de paix.
Ibrahim KEITA