Dans cette importante contribution qu’il nous a fait parvenir, M. Amadou Sékou Sow, inspecteur du Trésor à la retraite, réagit à chacune des critiques formulées par le Professeur Abdullahi Ahmed An – na ‘ im, juriste – universitaire musulman, à propos de la position du Haut Conseil Islamique du Mali sur les questions soulevées dans le projet de code des personnes et de la famille – Le Challenger du 13 mai 2010.
Le Professeur avance le fait suivant : " Premièrement, le Coran décrit sans la moindre ambiguïté le mariage comme une relation de soutien et de respect mutuels, d’amour et de compassion. " (Verset 21 chapitre 30). Voici le verset 21 de la sourate 30 :
" Parmi Ses signes est qu’Il vous a créés à partir de vous-mêmes des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles le calme et le gîte et qu’Il a établi entre vous des liens de tendresse et de miséricorde "
Est-ce que le HCIM contredit ce verset quand son Président, Mahmoud Dicko dit, à l’interview qu’il a eue avec le REPUBLICAIN le 09 avril 2010, en réponse à la question suivante du journal ?:
" LE REPUBLICAIN : Est-ce aussi le Coran qui interdit que les époux se doivent un respect mutuel ? "
Réponse de Pr. Mahmoud Dicko : " Non au contraire. Le Coran exige le respect pour tout être humain, à plus forte raison entre mari et femme. Mais le respect n’exclut pas l’obéissance. Et la femme doit obéissance à son mari, comme l’enfant à, ses parents. En quoi cela est une atteinte à la dignité des femmes ou des enfants ? " Fin de citation.
Le Professeur Abdullahi continue toujours dans le premier point de son chapitre 5 : " Le mariage ne doit pas se résumer à la domination de la femme par son mari, du simple fait qu’il serait homme, et cela même lorsqu’il est irresponsable et cruel. Pour tous les musulmans, le Coran est l’Autorité divine suprême. Toute source en contradiction avec le Coran doit être rejetée ou interprétée dans son contexte historique restreint, plutôt que d’être considérée comme une règle de portée générale. "
Nous disons au Professeur Abdullahi de lire le docteur Yussuf AI- Qaradawi, Président du Conseil Européen de la Fatwâ et de la Recherche dans la lettre qu’il avait écrite au Président Chirac le 23 décembre2003 pour dire que le port du voile par les femmes musulmanes est bel et bien édicté par le Coran. Voici ce qu’il disait des laïcs et de la laïcité: " Le laïc (musulman) qui refuse l’application du droit musulman n’a de l’Islam que le nom. Il est un apostat sans aucun doute. Il doit être invité à se repentir, en lui exposant des preuves à l’appui, les points dont il doute. S’il ne se repent pas, il est jugé comme un apostat, privé de son appartenance à l’Islam, ou pour ainsi dire de sa "nationalité musulmane". Il est séparé de sa femme et de ses enfants et on lui applique les normes relatives aux apostats récalcitrants dans cette vie et après la mort." Fin de citation.
Il est très dangereux en tant que musulman de défendre la laïcité au détriment de l’Islam. Yussuf AI- Qaradawi continue: "La laïcité estime qu’elle a le droit d’établir la loi pour la société musulmane et que l’Islam n’a pas le droit de légiférer, de dire ce qui est licite et ce qui est illicite. De ce fait, la laïcité usurpe le pouvoir absolu de Dieu dans le domaine de la législation et la donne à l’être humain. Elle fait ainsi de l’homme un égal de Dieu qui l’a créé, Bien plus, elle place la parole de l’homme au-dessus de la parole de Dieu, lui accordant un pouvoir et une compétence confisquée à Dieu. " Fin de citation.
Toujours dans la réponse que nous faisons au Professeur Abdullahi au sujet de la domination du mari sur la femme, nous parlons du verset 34 de la sourate 4 (sur les femmes) qui est ainsi traduite : " Les hommes ont la charge et la direction des femmes vu les avantages que Dieu a accordés aux uns de préférence aux autres et vu ce qu’ils ont dépensé de leur argent. Les vertueuses sont pleines de crainte et sauvegardent le dépôt (de leur mari en son absence) par la sauvegarde de Dieu.
Celles dont vous craignez l’insubordination, sermonnez-les, éloignez-vous d’elles dans le lit et frappez-les. Si elles vous obéissent, ne cherchez plus injustement à leur nuire. Certes Dieu est constamment transcendant et grand. "
L’autorité des hommes sur les femmes, le Coran la résume en deux choses :
a / " En raison des avantages que Dieu leur a accordés " sur elles, c’ est- à- dire en vertu de la supériorité que Dieu a donnée à 1 ‘homme, à savoir la force physique et la force de caractère.
b / Il s’agit aussi de la part de l’homme à l’héritage qui est le double de celle de la femme en concordance avec le devoir de 1 ‘homme en tant que soutien de la famille financièrement parlant.
Il s’agit aussi de la sagesse, de l’esprit de direction et de la disposition à assumer les charges qu’implique la vie sociale.
L’homme est plus disposé que la femme à affronter les difficultés de la vie. La femme jouit, certes, des mêmes facultés intellectuelles et physiques ; mais elle se voit cependant contrainte, à cause de la grossesse et de l’allaitement, de ne pas s’engager dans une lutte.
Du fait que le mari s’occupe de la famille par ses moyens financiers, physiques et caractériels, il est le chef, le guide de la famille. La famille ne sera pas épanouie si l’homme n’assume pas ces prérogatives que Dieu lui a accordées.
De toutes les manières l’homme est physiquement et intellectuellement plus apte que la femme en tenant compte de la règle générale, l’exception confirmant la règle quand des femmes présidentes de république sont citées.
Avant l’Islam, la femme était en Arabie ainsi qu’en Europe humiliée et lésée dans beaucoup de ses droits. Les droits accordés à la femme musulmane sont tels que celle-ci peut s’enorgueillir face à ses semblables du monde occidental.
Cher Professeur, vous savez que l’Etat est laïc. Si le Haut Conseil Islamique du Mali demande la légalisation du mariage religieux, il n’a demandé que ce qui est normal vu que même maintenant, après le mariage civil célébré à la mairie, le mariage religieux est toujours célébré dans les mosquées. Qu’est-ce que la légalisation du mariage religieux peut-elle ôter au mariage civil ?
La laïcité veut dire que l’Etat est neutre en matière de religion et doit seulement appliquer le droit de la liberté de conscience. Puisque ce droit est acquis et est stipulé dans la constitution, il n’y a aucune entrave à cette légalisation.
Je me demande ce que vous allez chercher en déclarant : " Je voudrai renvoyer aux remarques faites dans l’introduction sur le risque à s’attendre de la part de l’Etat qu’il exécute un acte religieux. L’Etat n’est pas un individu capable d’agir par lui-même, ce sont toujours les hauts responsables qui agissent en son nom. Compte tenu que ces responsables sont des êtres humains faillibles, il serait dangereux de leur permettre d’agir au nom de l’Islam."
Voudriez-vous dire que l’Etat agit sans directive, sans but ? Doit-il être une force qui ne sait pas ou donner de la tête ? Sachez que l’Etat a une constitution et des lois organiques qui sont les baromètres de la navigabilité de l’Etat.
Ces hauts responsables n’agissent pas de leur propre chef, mais se servent des directives déjà édictées. Vous êtes un peu fatigué. Pour l’amour du ciel, reposez-vous.
Concernant la famille, la religion musulmane a tout planifié : le mari est le chef de la famille et contribue aux dépenses de la famille. La femme peut contribuer si elle le désire, mais ce n’est pas obligatoire pou elle.
Où trouvez-vous ces lois qui disent que "le choix de la résidence ne doit être soumis à aucune restriction ". (Sic !) Sont-elles des lois laïques ou musulmanes ? Vous-même reconnaissez que le Haut Conseil Islamique du Mali dit la même chose que les juristes musulmans par ces phrases: "Ces affirmations sont le fruit d’avis exprimés par les juristes du fiqh." (Sic !) Au juste, qui défendez-vous ? La laïcité ou la religion musulmane ? Un musulman doublé d’un juriste -universitaire musulman nous déroute à plus d’un titre vu que vous défendez, plutôt des thèses laïques. Vous nous faites douter de votre appartenance à cette religion musulmane qui a été et est un progrès pour les femmes à tous les points de vue.
Pour les enfants naturels, tout est clairement défini par la religion musulmane. L’affirmation du Haut Conseil Islamique du Mali : "Les enfants naturels (issus hors mariage) ne peuvent pas être reconnus. Ils sont également exclus de l’héritage." (Sic) C’est cela la religion musulmane. Toute autre explication sort du cadre de la religion et entre dans la discussion oiseuse qui ne mène qu’à la perdition.
Vous demandez de donner des preuves par le Coran et la Sunna. Vous ne croyez donc pas à ces vérités Islamiques? Vous-même qui contredisez, pourquoi ne donnez-vous pas des preuves pour appuyer vos critiques ?
A part le verset 21 de la sourate 30 que vous avez donné et qui ne fait d’ailleurs que renforcer le Haut Conseil Islamique, vous dissertez sans preuve à l’appui. Si c’est une thèse que vous êtes en train de préparer pour plaire aux membres de votre futur jury, je vous conseille de savoir raison garder et de donner des arguments probants pour étayer ces critiques déroutantes de la part d’un musulman.
Sachez que l’héritage dans le système Islamique est obligatoire aussi bien pour 1’héritier que pour le testateur.
Le testateur ne peut pas empêcher l’un des héritiers de ses droits d’héritage. L’héritier lui aussi n’a nullement besoin de recourir a, la justice, pour recouvrer ses droits d’héritage, cela n’est pas garanti dans les autres systèmes. Le système Islamique a limité l’héritage au seul cercle familial. On ne peut parler de l’héritage que s’il y a parenté correctement établie.
En conséquence l’enfant adopté et l’enfant illégitime n’héritent pas. Dans le cercle familial, l’Islam privilégie toujours le parent le plus proche du défunt, tandis que c’est le contraire dans les autres systèmes. Dans les systèmes occidentaux, l’héritage est donné à l’étranger, à l’ami, au serviteur du testateur et même à l’enfant illégitime du testateur. Il arrive aussi que l’héritage aille à une partie qu’aucun lien n’unit avec le défunt, tels que les animaux.
Votre conclusion est alarmante quand vous disiez que "selon la loi Islamique, Seul Allah connaît l’Islam et nous tous, Musulmans, luttons pour comprendre et solliciter l’aide d’Allah dans notre effort individuel de vivre en fonction de notre compréhension de l’Islam pour lequel nous sommes responsables devant Allah. C’est le droit et l’obligation des croyants au sein de leur communauté, et pas ceux de l’Etat. " (Sic !) Donc vous niez le rôle des prophètes, des saints, des ulémas qui connaissent le Coran et la Sunna et qui nous les enseignent. Vous ramenez la connaissance de l’Islam à la connaissance que chaque individu a de cette religion. Un ignorant peut-il avoir la même connaissance qu’un uléma, ne serait-ce que dans la pratique ? Non seulement vous défendez des idées qui veulent détruire les canons de la religion musulmane, mais encore vous encouragez toutes les sectes même celles qui sont considérées comme des apostasies.
Dans votre élan de destruction, sans le vouloir et sans l’avoir su, vous avez dit que le Haut Conseil Islamique du Mali a raison, non l’Etat par cette assertion : "Luttons pour comprendre et solliciter l’aide de Dieu… C’est le droit et l’obligation des croyants au sein de la communauté, pas ceux de l’Etat." (Sic !) Que Dieu nous protège et nous guide dans la bonne voie ! Amine.
Amadou Sékou Sow; Inspecteur du trésor à la retraite à Magnambougou -Wéréda, Rue 126 Porte 623, face à la Nouvelle Boulangerie Faguibine
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