Nos anciens disent que si une situation vous confronte à de difficiles épreuves, quand elle tourne le dos, il faut saupoudrer de cendre son chemin de retour. J’ai symboliquement respecté cette coutume en saupoudrant de cendre le départ de 2020.
Travaillons tous, souhaitons tous que 2020 emporte avec lui son lot d’épreuves imposées au monde et particulièrement à notre pays. Que 2021 voit les Maliens de plus en plus responsables, de plus en plus travailleurs, de plus en plus tolérants, de moins en moins ignorants !
Je reste très optimiste du Mali. Parce que tout accouchement se fait dans la douleur. Un monde nouveau est en accouchement sous notre ère. Nous vivons là le début de la 5ème révolution de l’histoire de l’humanité. La première fut la découverte et la maitrise du feu puis ont suivi la maitrise de la parole, l’invention de la roue, l’invention de l’écriture ; et aujourd’hui l’invention du numérique.
Les paradigmes mis en place au sortir de la deuxième guerre mondiale en 1945 sont en train d’être radicalement bouleversés. Etre détenteur de l’arme nucléaire ne suffit plus pour être une puissance incontestée et sécurisée. Les frontières nationales auront de moins en moins d’importance dans la géopolitique en construction. Les enjeux de ce monde vont se gagner sur la créativité et le travail. Rien d’autres ! Ce nouveau monde va être sans pitié contre la médiocrité. Parce que très peu de choses échapperont à la transparence et à la traçabilité. Le pouvoir tel qu’on l’a toujours connu va changer de forme. Etre détendeur de la force légitime ne suffira donc plus pour s’imposer aux autres. Il faut une norme partagée, expliquée avec pédagogie pour qu’elle soit acceptée.
C’est là où la crise devient une opportunité pour le Mali. J’ai toujours soutenu depuis 5 ans qu’il faut amnistier tous nos errements depuis 1960. Tous, sans exception !!! Dieu sait qu’on en a commis des mûrs et des pas mûrs !!! Il nous faut tout amnistier, redémarrer le Mali, réinventer nos paradigmes, concentrer nos énergies économisées de la gestion du passé sur le future à construire ensemble pour profiter des énormes opportunités que nous offre le monde en construction. Le Mali à des atouts formidables pour ne pas y prendre la place du pauvre.
Nous disposons de la plus grande marque du monde «Tombouctou». Nous avons 12 stades aux normes correctes dans 9 villes ; très peu de pays en Afrique l’ont. Nous avons Kidal et Taoudenit qui peuvent être des centres mondiaux de l’énergie solaire. Nous avons les vallées du Niger et du Sénégal pour développer une ingénierie agricole en rupture totale avec le paysannat actuel et en lien avec un agrobusiness agissant. Nous avons plus de 11 000 villages par lesquels nous pouvons organiser les nouveaux paradigmes du Mali en changeant par exemple leur énergie domestique ; du bois et charbon de bois en biogaz et en énergie solaire. Nous sommes riches d’une dynamique culturelle qui continue à maintenir positivement le Mali dans la conversation mondiale. Vous allez voir dans les jours à venir comment Oumou Sangaré va contribuer à parler en bien du Mali dans le monde. Tout ça peut nous permettre d’être présents dans les bourses financières mondiales. Encore une fois cela demande de la vision, de la créativité et du travail.
Dans mes citations des potentiels, je n’ai cité ni pétrole, ni or. Pour moi, ces ressources ne sont pas des richesses. Ce sont nos malédictions. La créativité, la vision et le travail doivent rester nos seules richesses.
Je finis mes vœux par notre actualité. Notre pays n’a pas les moyens de faire face à la pandémie du coronavirus. Mais les autorités de la transition ont l’obligation de rendre conscient le grand public. Jusqu’à présent elles se contentent d’annoncer des mesures qu’elles ne sont pas en capacité d’appliquer. Cela n’est pas bon pour la confiance, cela n’est pas bon pour leur crédibilité.
Toutes les institutions de la transition sont enfin en place. La charte de la transition est très claire dans les missions qui leur sont assignées dans un temps donné. Vous convenez tous avec moi que cela n’est pas possible en 15 mois. Nous venons déjà de consommer 3 mois rien que dans l’installation des institutions de la transition. Et la communication des autorités de la transition est catastrophique. Parce que jusqu’à aujourd’hui aucune perspective claire ne nous a été vendue.
Les autorités de la transition doivent rapidement rectifier ce dysfonctionnement. Parce que le doute sur leur bonne foi s’installe de plus en plus dans le grand public. Cela n’est pas bon pour elles. Cela n’est pas bon pour le Mali. C’est ce qui a rompu le contrat de confiance entre les Maliens et IBK, au point que même ses bonnes initiatives n’ont pas fait l’économie de suspicions. Attention !!! Le Mali est un excellent marché pour les théories de complot !!
Les autorités de la transition ne doivent pas reproduire le même schéma. Parce qu’on peut rapidement perdre la confiance des Maliens ; mais très difficilement la reconquérir. Je répète encore, nous ne disposons que de 15 mois de transition. Quoi qu’elles puissent imaginer comme schéma, au-delà de ces 15 mois, les autorités de la transition perdront la main et toute légitimité. Je répète encore, il ne suffit plus de disposer de l’utilisation de la force légitime pour se faire respecter. Il faut une norme partagée, expliquée avec pédagogie pour qu’elle soit acceptée.
Mes meilleurs vœux !!! Vivement 2021 dépouillée de toutes les épreuves de 2020.
Et comme aimait le dire feu mon papa, paix sur lui, «QUE DIEU NOUS AIME TOUS !»
Alioune Ifra NDiaye