Al-Furqan décapité… :… Iyad Ag Ghali perd la tête

0

On a perdu la trace du chef de la katiba Al-Furqan. Il ne serait pas étonnant qu’il ait été touché par un des raids du mois d’avril visant le JNIM, ce qui expliquerait pourquoi ce groupe terroriste est si affaibli. Cela pourrait bien préfigurer le prochain anéantissement d’AQMI et ses conséquences bénéfiques au moment de consolider la paix au Mali.

Dans un article écrit en janvier 2018, je dénonçais les agissements d’Abderrahmane Al Libi, dit Talha, « chef » de la katiba Al-Furqan (un conseil : relisez cet article, que j’avais intitulé « Talha Al Libi, sois remercié »). Pour ceux qui l’auraient oublié, je rappelle que c’est ce Talha Al Libi, Mauritanien d’origine, qui est à l’origine de la destruction des reliquaires de Tombouctou en 2013. Et c’est bien ce même Talha Al Libi, assoiffé de pouvoir et de sang, autant que d’argent et de profits, qui n’a pas hésité à détourner l’argent du Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin ou à confisquer les meilleurs matériels de guerre à son profit.

Oui mais depuis plusieurs semaines, plus personne n’a de nouvelles de Talha Al Libi dans la zone de Zouera, Tin Aicha, Razelma, Toual. Plus personne, même pas son entourage proche, pourtant habituellement souvent bavard concernant les lieux où leur chef se réfugie.

A ce stade, j’émets trois hypothèses :

Première hypothèse, Talha Al Libi a pu être évincé, peut-être lors d’une purge organisée par Yahia Abou El Hammam lui-même, après la déplorable attaque de la base de Tombouctou. A moins que ce ne soit Iyad Ag Ghali lui-même, qui n’ayant supporté un traitre à la cause d’AQMI dans les rangs du JNIM, ait ordonné de chasser le parjure. Si c’est le cas, tout laisserait à penser que Talha a abandonné ses hommes à leur sort et qu’il est aujourd’hui en fuite, cherchant à échapper à la traque organisée contre lui.

Deuxième hypothèse : Talha Al Libi a pu être blessé par une des frappes des forces internationales, puisque celles-ci se sont multipliées au Nord de Tombouctou ces derniers temps. Il pourrait donc s’être terré dans une grotte au Nord de Tombouctou, ou bien plus loin, en Libye, au Nord de Sabha, à moins qu’il se soit retiré en Mauritanie, dans une des villas qu’il a fait construire avec l’argent du JNIM.

Dernière hypothèse, toute aussi plausible : Talha Al Libi a pu subir le même sort que le prédécesseur de Yahia Abou El Hammam, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, lui-même tué par une bombe au début 2013 alors qu’il était à la tête d’un convoi d’AQMI.

Si tel est le sort de Talha Al Libi – qui va s’en émouvoir ? La katiba Al-Furqan serait aujourd’hui décapitée. Elle ne survivrait alors que sous la forme d’une bande restreinte d’anciens djihadistes réduits à l’état de bandits et de voleurs, qui ne tarderont pas, d’ailleurs, à se faire étriller par la nouvelle armée malienne qui est en train de voir le jour.

Que resterait-il alors d’AQMI ? Si son émir, Yahia Abou El Hammam, n’a eu d’autre solution que d’envoyer quelques pauvres malheureux se faire exploser près de l’aéroport de Tombouctou, s’il en est réduit à s’en prendre à une fraction entière (les Iradjanatane), c’est bien qu’AQMI est privé de sa ressource de combattants, déstructuré, désarticulé.

Al-Furqan décapité, AQMI désarticulé : le Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin pourrait bien être privé d’une de ses principales capacités militaires. Iyad Ag Ghali verrait ainsi s’éteindre à tout jamais son projet – dont ne voulaient pas les touaregs –  d’instaurer un califat régi par la charia extrême venue d’ailleurs. Pour Iyad Ag Ghali, de quoi perdre la tête…

Ousmane K

Twitter @kouare

Commentaires via Facebook :