Administration pénitentiaire : Pourquoi ce marasme ?

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La Section Syndicale de la Justice (SSJ), l’une des quinze sections du Syntade (Syndicat National des Travailleurs des Administrations d’Etat) affilié à l’UNTM composée en majeure partie de Surveillants de Prison qui assurent la surveillance et la gestion de la presque totalité des centres de détention du Mali est dirigée par le lieutenant Abdoulaye Fofana, contrôleur des services pénitentiaires et de l’Education Surveillée.

 

LA BATAILLE DE LA SECTION SYNDICALE DE LA JUSTICE

            Le 13 mars 2008, ce syndicat avait déposé un premier préavis de grève qui comportait les préoccupations de ses militants. Cinq jours plus tard, un consensus a été trouvé au département de la Justice entre le ministre et le syndicat en présence de Siaka Diakité, secrétaire général du Syntade et de l’UNTM, chef suprême du mouvement syndical du Mali.

 

            Ainsi, la levée de ce mot d’ordre est intervenue. A la suite de ce consensus le ministre de la Justice nous a promis l’eldorado, c’est-à-dire à nos militants porte-parole ; mais à l’arrivée nous sommes étonnés. Ne dit-on pas que la plaie ne se cicatrise jamais sur la pue?

 

            C’est ainsi que la section syndicale de la justice a déposé un deuxième préavis de grève le mardi 18 novembre 2008 qui comportait là également des préoccupations légitimes de ses militants, surtout celles des surveillants de prison qui sont, il faut le dire, les parents pauvres de la justice.

 

LES PROBLEMES DE LA SECTION SYNDICALE DE LA JUSTICE

            Nous sommes gérés par un statut particulier objet du décret n°03-326 P-RM du 06 août 2003, mais malheureusement un statut qui a montré des insuffisances à bien d’égards.

 

             C’est un statut qui ne prévoit pas et ne peut pas prévoir de dispositions disciplinaires pour un corps para militaire, cela est impensable ; un statut qui ne prévoit pas un plan de carrière fiable ; le mode de recrutement est l’un des plus mauvais au monde, c’est ainsi que nous avons aujourd’hui des surveillants manchots, des surveillants handicapés (n’ayant pas l’usage de leurs jambes) bref des inaptes au service de la surveillance, cela frôle le ridicule.

           

C’est à cause des insuffisances de ce statut que nous assistons, il faut avoir le courage de le dire, à des cas d’indisciplines caractérisées. C’est ce qui fait également que certains surveillants sont sergents-chefs depuis 1997 jusqu’à la date d’aujourd’hui parce que statutairement, ils ne peuvent avancer en grade qu’après plus de douze ans de service au même grade, cela n’est pas bon pour le moral d’un porteur d’uniforme quoi que para militaire.

 

            Un statut de nature législative comblerait toutes ces lacunes et permettra le travail bienfait et à l’Administration Pénitentiaire et l’Education Surveillée d’atteindre ses objectifs. Malgré tout cela, l’administration traîne le pas, pourtant la base juridique est là : l’article 70 de la constitution du 25 février 1992 qui parle du statut des professions juridiques et judiciaires, de l’organisation générale… de la sécurité, c’est la loi qui en fixe les règles et en détermine également les principes fondamentaux.

 

            Cette même constitution dispose que “tout ce qui n’est pas prévu par la loi ne peut être empêché” et il n’y a aucun texte, en tout cas à ma connaissance, qui dit que quand une corporation a un statut pris par décret, il ne peut plus accéder à un statut de nature législative. A la suite des négociations, le département s’est engagé à <<déposer les conclusions des consultations juridiques>> auprès de qui ?

           

On ne sait pas, il faut de passage signaler que ces consultations juridiques sont en cours depuis avril 2008 et jusqu’ici on continue de nous dire d’attendre. N’y a-t-il pas lieu de s’inquiéter? Signalons également qu’un statut de nature législative n’arrange même pas réellement les surveillants de prison car, c’est comme si on se battait pour qu’il y ait la tôle au niveau du service à laquelle on sera de temps à autre cloués pour indiscipline ou faute dans l’exercice de notre fonction, mais malgré tout, nous tenons à ça parce qu’il permet le travail bien fait.

 

            A la suite de notre deuxième préavis, si mes renseignements sont bons, on aurait dit à nos très chers frères d’armes que “les ex-élèves gendarmes veulent profiter de la crise financière mondiale pour déstabiliser le pays”, ce qui vient d’être évoqué plus haut, a-t-il quelque chose à voir avec une telle déclaration? Qu’est-ce qui fait que quand les surveillants écrasent une mouche on part raconter qu’ils ont tué un éléphant?

 

            En plus, ex-élèves gendarmes veut dire quelqu’un qui a cessé d’être élève gendarme, pourquoi continuer de nous appeler comme ça alors que certains surveillants n’ont même pas été élèves-gendarmes? Mais Inch Allah, cela ne nous découragera pas car, nous sommes des dignes fils de ce pays et nous n’avons rien de plus précieux que le Mali, nous cherchons plutôt à faire en sorte qu’il continue d’être cité en exemple dans le monde dans le respect des droits de l’homme.

           

 Notre pays le Mali a beaucoup à gagner dans cela; je ne rentrerai pas dans ces détails, au lieu de chercher à le déstabiliser nous apportons ainsi notre petite pierre. Bien au contraire, des mesures strictes avaient été prises pour renforcer la sécurité par la présence effective de tous les agents en tenue correcte (lettre circulaire n°007 SSJ) ; cette lettre circulaire a même été publiée dans bon nombre de journaux de la place, chapeau à eux.

 

            Nous, nous ne sommes pas des apatrides, pour preuve, nous avons accepté de travailler dans la prison pour 30 000 F CFA par mois en 1997.

            – Nous travaillons pendant 96 heures par semaine au moment où les autres fonctionnaires ne travaillent que pendant 40 heures par semaine, ensuite nous assurons la garde des détenus malades hospitalisés et nous nous exposons ainsi à toutes sortes de maladies contagieuses.

 

            Au cas où un surveillant venait à être contaminé, ce n’est pas l’Etat qui va le soigner. Donc, en son temps, nous avons demandé l’octroi d’une indemnité spéciale de la surveillance qui avait même été acceptée et arrêté à 15 000 F CFA par surveillant, mais au moment ultime, nos chefs ont estimé que ce montant était trop pour un surveillant de prison et j’avoue que le montant a été charcuté passez-moi l’expression et a intéressé tous les personnels de l’Administration Pénitentiaire et l’Education Surveillée et au lieu de l’indemnité spéciale de la surveillance, la chose a obligatoirement reçu une autre appellation, à savoir la prime de fonction spéciale objet du décret n°06-213 du 02 août 2006.

 

             Donc les surveillants se sont retrouvés avec 10 000 F CFA, 11 500 F CFA, 12 500 F CFA et 15 000 F CFA selon la catégorie. Et comme pour récompenser les auteurs de ce charcutement, ils ont été nommés à de grands postes de responsabilité. Chapeau à eux. Donc dans notre premier préavis, on était obligé de revenir sur l’indemnité spéciale de la surveillance, le département nous a demandé de faire des propositions d’indemnité spéciale de la surveillance qu’on a faites et déposées depuis mai 2008.

           

La base juridique est l’article 5 du décret n°03-326/P-RM du 06 août 2003 portant statut particulier des fonctionnaires du cadre de la surveillance des services pénitentiaires et de l’Education Surveillée. A la suite des négociations du 2ème préavis, le département de la Justice a laissé entendre que le budget de 2009 est bouclé.

 

            Comment on a pu boucler le budget de 2009 sans tenir compte de l’indemnité spéciale de la Surveillance des Surveillants de Prison? Donc vous convenez avec moi qu’on ne nous prend pas au sérieux? Si cela arrive à un syndicat qu’est-ce qu’il faut faire? vous convenez également avec moi qu’il faut employer la méthode forte qui est à notre entendement la grève pour qu’on sache que nous sommes au sérieux?

 

            Sans quoi nous sommes un syndicat responsable d’ailleurs un des conciliateurs a été, on ne peut plus clair en disant : “A travers vos points de revendication, on s’aperçoit que vous êtes réellement un syndicat responsable”. A quand la fin de telles injustices au sein de la justice ?

           

 Nous, surveillants de prison, avons bel et bien raison de nous sentir totalement rejetés. Nos services rattachés sont gérés par de tierces personnes en violation de notre statut particulier qui, malgré ses insuffisances, dispose en son article 1er qu’”il est institué un cadre unique” et l’article va plus loin en disant “le personnel est chargé de la surveillance et de la gestion des établissements pénitentiaires et d’Education Surveillée”.

 

            L’adjoint au Directeur National censé être le chef du personnel est aussi une tierce personne, ce qui fait que les problèmes des surveillants sont discutés à leur absence par des gens qui pensent que quand les surveillants vont émerger eux ils vont tomber.

 

            Alors que dans le corps des surveillants de prison, il y a des inspecteurs évidemment des maîtrisards sortis de l’école d’avant 1991, mais on a toujours laissé entendre qu’ils sont inexpérimentés or l’adjoint au Directeur National a fait son stage probatoire entre nos mains dans les années 1999-2000. Le Centre de Bollé Mineurs est géré par un professeur d’enseignement à un moment où le pays est en crise d’enseignants et aucun surveillant ne figure dans les sphères de décision (Académie, CAP etc) de l’éducation.

 

            Le Centre de Bollé femmes est géré par une assistante sociale. Le sous-équipement des maisons d’arrêt en matériel de communication, notamment les talkies walkies, si nous prenons le cas de la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako entre autres, il n’y a pas un système de communication (talkies-walkies) entre les différents miradors et le chef de poste du jour, cela constitue une honte nationale quand on sait qu’il n’y a pas une société de gardiennage dans notre pays en tout cas à Bamako ici dont les éléments ne disposent pas de talkies walkies.-

 

            Pour la petite histoire, vers la fin octobre 2008, une délégation de l’Ambassade des Etats-Unis a effectué une visite de travail au sein de la MCA de Bamako quand il leur a été dit qu’il n’y a pas un système de communication entre les différents miradors et le chef de poste, le chef de la délégation a failli aller à la renverse car, cela est inimaginable.

 

            Il y a un besoin de formation qui se pose avec acuité, figurez-vous qu’en plein 21ème siècle le Mali ne compte pas un seul spécialiste en sciences Pénitentiaires et le pays ne dispose d’aucune doctrine en la matière, le philosophe n’a-t-il pas dit “la pratique sans la théorie est aveugle”? En réalité, je suis obligé de m’arrêter là de peur d’être trop long alors que la liste des problèmes des surveillants de prison du Mali est loin d’être exhaustive.

 

            A quand la fin du marasme séculaire de l’Administration Pénitentiaire malienne? Ne soyez pas fâchés hein ! C’est la petite pierre de la section syndicale de la justice à l’édifice national.

Boubacar Sidiki TRAORE dit Bakary Djan

Daoudabougou -Rue 208 – Porte 105 – Tél. : 76 33 81 77

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