Ouf ! L’accord est enfin signé par tous les protagonistes de la crise malienne. Il a fallu des mois de discussions intenses pour que les rebelles pro-séparatistes du MNLA et associés, regroupés autour de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), signent les accords de Paix paraphés par le gouvernement du Mali à Alger avec la Plateforme.
Le GATIA et alliés occupent le terrain militaire et géographique avec comme seule ambition affichée, la sécurisation des communautés locales, des personnes et des biens, en proie depuis bien longtemps aux exactions des milices pro séparatistes. Ils ne veulent pas entendre parler de la division du pays et encore moins d’indépendance. Mais, avec la signature de l’Accord, ils ont bien voulu céder leur position pour aller à la paix. Ces deux mouvements qui s’opposent par la force des armes se retrouvent autour de deux principales ethnies / communautés : les Ifoghas et les Imghad.
Les Ifoghas
Géographiquement, comme le nom l’indique, la communauté des Ifoghas vit principalement dans la zone de l’Adrar des Iforas, Anefis jusqu’à Tamanrasset en Algérie. Il est tout aussi important de signaler que le Mali n’abrite que le tiers de cette chaine de montagne, terroir naturel ou « circonstanciel » des Ifoghas et de leurs alliés séparatistes. D’un point de vue économique, ces communautés vivent principalement de commerce avec l’Algérie, difficilement on y retrouve les produits venant du Sud du Mali. Culturellement, ils ont les mêmes habitudes proches des us et coutumes des Touaregs algériens du Hoggar. D’ailleurs, la plupart des leaders communautaires, militaires ou religieux de la communauté Ifoghas du Mali ont la double nationalité. Chacune des familles Iforas du Mali détient au moins une famille, une maison ou un représentant de son clan en Algérie. Leur principal allié communautaire au Mali est la communauté des Idnanes.
Les Imghads
Les Imghads, quant à eux, vivent principalement d’élevage et de commerce avec les communautés du Sud. Ils effectuent leur transhumance sur le cours du fleuve Niger. Durant la saison sèche, ils passent presque cinq à six mois à transhumer au gré de l’assèchement des berges jusqu’à Gao, Ansongo, dans le Gourma, Gossi, Hombori…
A la saison des pluies, vers Juillet – Aout, ils remontent vers les pâturages des hautes terres en parfaite symbiose avec les communautés Bozos, Sonrhaïs, Peulhs qui y vivent, expliquant de fait et culturellement le «Sinankounya» qui existent entre ces communautés. Leurs activités commerciales se concentrent autour de cette transhumance en rapport avec les Arabes qui excellent dans l’art du commerce avec comme principal acteur et interlocuteur les communautés riveraines qui la bornent.
Ils se sont islamisés au contact avec les populations du fleuve et les communautés arabes. C’est une communauté qui compose et a scellé un pacte et des alliances séculaires avec celle des Imouchags, car vivant sur le même terroir, et cela bien avant l’avènement de leur chef de canton, Fihroun, et Cheboun regroupés au sein de la communauté des Oulimendenes. Ces deux communautés se complètent, vivent et guerroient ensemble au gré de leur alliance depuis des siècles.
Les écrits de la bibliothèque de Tombouctou et autres récits tribaux que nous avons eu à parcourir nous laissent transparaitre que la seule communauté touarègue véritablement citée en référence comme culture et peuple représentatif de l’histoire touarègue de toute la région subsaharienne est celle des Firhoun et de leurs cousins Cheboun. Eux aussi ont scellé des alliances, des pactes de sang avec les communautés du Sud et cela pour plusieurs raisons : les mariages interethniques, la fréquence des échanges commerciaux, le brassage des habitudes culinaires… tout comme les Ifoghas avec les Touaregs du Hoggar Algérien , chacune des familles touarègue ou Tamasheq vivant dans la culture ou sous l’influence de cette transhumance bénéficie d’un « Diatigui » parmi les communautés du Sud, qui lui garde son bétail, supervise les échanges commerciaux, se rassure de ses approvisionnements.
Ceux-ci se considèrent profondément et unanimement malien pour que vivent au Mali un seul drapeau, une seule armée, une seule patrie.
Le clan Intalla
A la base, la famille Intalla est originaire du Maroc. Après avoir séjourné en Algérie, le temps d’une génération, Intalla 1er finit par s’installer au Mali depuis seulement à peu près cinq générations.
Le premier des Intalla, arrière-grand-père du vieil Intalla et répondant au nom de Illy, épouse une femme Ifoghas de la tribu d’Iyad Ag Ghali, actuel patron d’Ançar Dine appelé en renfort à Kidal. Il importe avec lui l’Islam chérifien, ce qui leur vaut le pseudonyme de famille ou fraction des « Cherifan » ou « Cherifath ». C’est de ce fait la famille la plus touchée par l’Islam dans toute la région.
La cour de « Intalla 1er » devient un carrefour influent par lequel transitent plusieurs érudits et prêcheurs musulmans autour de l’école coranique et de l’éducation arabo chérifienne. Alors que les Imghad se sont islamisés bien après, et seulement la frange au contact avec les populations du Sud le long du fleuve Niger.
Les caravanes y font une halte avant de reprendre le long chemin sableux et brulant du désert. Ainsi, aux lendemains de l’indépendance, bien que minoritaire, cette famille s’est vue octroyée le pouvoir politique et administratif par les colons pour asseoir leur influence coloniale dans cette région, notamment étant désigné comme percepteur des impôts des colons français de l’époque.
Ce clan arrive encore à faire maintenir leurs représentants dans la sphère de l’Etat Central et au Gouvernement y compris les Arabes qui sont acquis à leur cause à Bamako tout en combattant militairement et politiquement le même Etat.
Voici comment une minorité assoit son influence !
Les Arabes
La communauté arabe, quant à elle, est divisée entre les deux tendances soit par proximité géographique ou par similitude culturelle. Naturellement, ceux qui sont proches de l’Adrar ont développé des alliances autour de cela, et ceux proches des berges du fleuve ou de la zone de Ménaka sont plus proches des Imghads et défendent des intérêts en commun.
Géopolitique
L’arrivée de la démocratie au début des années 90 change la donne. La représentativité communautaire des « Imghad » et alliés bouleverse la chefferie par les urnes. En effet, même à Kidal, cette communauté représente à elle seule près de 50% de la population locale et près de la moitié dans toute la communauté touareg du Nord. Il est normal et légitime que cette population majoritaire mais opprimée par une minorité « Ifoghas » depuis des générations marque un ras le bol.
Certainement l’une des raisons pour lesquelles, non seulement ATT a décidé d’ériger Kidal en région pour permettre à la famille Intalla de rester au pouvoir, mais aussi parce que les autorités maliennes ont toujours considéré cette famille comme leur plus grand allié dans la région. Nous avons alors assisté à la création de nouvelles circonscriptions électorales, qui, pour certaines, comptaient à peine une dizaine d’électeurs en réalité (hors bourrage) et dans les rares localités où les Ifoghas et alliés sont majoritaires. Ce qui emmène la famille Intalla à obtenir trois députés au parlement (père et fils) et un troisième fils porté à la mairie de Kidal.
L’on se rappelle que concernant une partie de la mise en application des accords de paix à la fin des années 90, la communauté Ifoghas, à travers le MPA dirigé par Iyad Ag Ghali, avait enregistré 1.200 de ses combattants intégrés dans les rangs de l’armée et de l’administration maliennes contre seulement une centaine pour les combattants d’ARLA, dirigée par El Hadj Gamou, représentant les communautés Imghad
Aujourd’hui, cette communauté minoritaire continue de persécuter les communautés locales qui ne sont pas de sa tendance (communautés Imghad, Imouchaghanes, peulh, sonrhaï…). C’est cette persécution et cette inégalité est aussi du fait de l’irresponsabilité de l’Etat, sous Alpha O Konaré et sous ATT, qui a propulsé les Ifoghas et leur ont permis d’asseoir leur hégémonie sur les autres communautés. Ce qui est à la base de la création du GATIA pour soutenir et protéger leurs communautés ethniques des arrestations arbitraires, tortures, assassinats, vols… une irresponsabilité qui court depuis des décennies. Aujourd’hui, « les enfants de Ménaka ont libéré Ménaka » tout comme d’autres localités et ont signé les accords de Paix du 15 mai pour décider de la suite des événements.
Les communautés Imghad, Imouchaghane (alliés naturels) sont décidées à en découdre avec les oppresseurs pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens pour l’Honneur des Leurs.
« Et si le MNLA et acolytes refusent de signer les accords …, nous ferons tout pour stopper ces exactions d’une simple minorité sur nos populations, et cela sur toute l’étendue du territoire national », me confie un des responsables GATIA de passage à Bamako avant d’ajouter : « Désormais nous combattrons avec la dernière rigueur tous ceux qui persécutent nos populations, nous n’hésiterons pas, qu’ils portent des armes ou pas, peu importe ! ».
Que l’on ne s’y trompe pas, la principale source de financement du GATIA est le fruit de l’engagement des hommes et des femmes convaincus que leur salut, la quiétude de leurs familles ne passera que par le don de soi, la mobilisation des ressources personnelles pour une cause commune, prêts à aller jusqu’au sacrifice suprême.
Je m’incline devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés sur le champ de l’Honneur et une pensée particulière pour les familles des disparus.
Les cadres des communautés concernées ou engagées avec le GATIA se saignent pour produire les ressources nécessaires à la lutte armée, les familles fournissent la main d’œuvre, des combattants prêts à mourir pour l’Honneur de leur communauté, de leur patrie… chacun se battant pour sa terre natale, pour sa terre paternelle, pour sa famille, pour sa communauté sur la base de certaines valeurs qui ont tant disparu au Sud du pays : L’Individu au service de la Communauté !
Cela devient extrêmement inquiétant mais « légitime » à leurs yeux. Les populations civiles elles même ne veulent plus rester en marge de cette «vendetta» libératoire qui s’annonce. Dans une démocratie, quand c’est la minorité qui gouverne sans partage, il faut se poser des questions et même s’inquiéter. Les cas du Rwanda, de l’Afrique du Sud… sont là pour nous le prouver, et cela est valable même dans les dictatures où les minorités s’arrangent à gouverner par la terreur.
Force est de reconnaitre que la détermination des combattants du GATIA aura permis d’assurer une plus grande quiétude des populations jusque-là sous l’influence du MNLA et alliés à l’exception de Kidal. Là encore, les populations issues des tribus Imghads, Imouchaghanes, peulhs, sonrais… qui n’ont pas fait preuve de leur ralliement à la cause séparatiste se font martyriser, opprimer et séquestrer.
Parfois, nous assistons malheureusement à des exécutions sommaires de ressortissants de ces communautés, qui aujourd’hui, par la force des événements se retrouvent au sein du GATIA pour assurer la sécurité des personnes et des biens issues de leurs communautés respectives et de toutes les populations civiles.
Maintenant que les accords ont été signés par les protagonistes, Nous osons Espérer la fin des hostilités pour éviter une nouvelle vague de violence et d’affrontements entre les communautés du nord.
Boubou DOUCOURE, écrivain communicateur
Ils ne vont jamais respecté les accords ils ont à faire à un président incapable faible qui n’a plus de crédibilité au niveau international ibk a vendu notre pays a cause de sa lâcheté
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