Abdoulaye Idrissa MAIGA : Dernier Premier ministre du premier mandat d’IBK ?

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Rebelote ! Et voilà la nouvelle trouvaille du Président IBK en la personne d’Abdoulaye Idrissa MAIGA au poste de Premier Ministre. De 2013, date de son accession au pouvoir à aujourd’hui, il y a eu Oumar Tatam LY (7 mois), Moussa Mara (09 mois), Modibo KEITA (26 mois). IBK va-t-il laisser AIM finir les quelques mois restants pour boucler son premier mandat ? AIM sera-t-il le dernier Premier ministre du premier mandat d’IBK ? Prudence. Nous sommes en politique et c’est toujours le même IBK aux manettes. ..Donc attendons voir!

Valse de Premiers Ministres

 Quatre Premiers Ministres pour un mandat de cinq années ! Il fallait le faire. Une première dans les annales politiques du Mali.  Il est bien admis que dans le système politique qui est le nôtre, le choix du Premier Ministre relève du Président de la République et de lui seul. IBK a choisi ses Premiers ministres. Cependant ces choix étaient-ils pertinents, vu  l’instabilité chronique à la tête de l’exécutif ?

Une chose est sûre, toutes ces personnalités avaient le profil du job. Leur compétence et leur capacité ne souffraient l’ombre d’aucun doute. Malgré cela, la collaboration d’avec le Président de la République a tourné court à chaque fois.  Question : qu’est ce qui explique alors ces changements incessants à la Primature ?

Oumar Tatam LY, le technocrate bon teint venait pour une véritable rupture. Moins d’une année après, il fut obligé de claquer la porte. Incompatibilité ! Moussa MARA, le politique ambitieux, a pris le relais avec le courage et la détermination qui le caractérise. Hélas les bisbilles et autres combines politiciennes ont eu raison de sa témérité. Il sera remercié. Arriva Modibo Keita. Le doyen expérimenté devait s’atteler à calmer les fronts politique sécuritaire, social et surtout poursuivre la mission qu’il avait commencé en sa qualité de Haut Représentant du Président de la République dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. Il fit de son mieux, la politique avec ses petits secrets ne l’épargnera pas ! Il céda la place à l’actuel et tout nouveau locataire du bord du fleuve Niger en la personne d’Abdoulaye Idrissa MAIGA. Ce dernier fait penser à l’actuel Premier Ministre Français  Bernard Caseneuve par sa trajectoire. Il doit ce poste par sa fidélité au Président IBK et son  sérieux dit-on, et a la lourde tâche de conduire cette fin de mandat du Président IBK.

Une moyenne d’une année et demie à la tête de l’exécutif en l’espace de cinq ans est symptomatique de l’extrême difficulté du pouvoir à se projeter résolument dans la durée et à traduire dans les faits un quelconque projet de société.

Un « projet présidentiel » bancal ?

 Si toutefois IBK a un projet de société, ce qui est peu probable au regard de ce qui se passe, il est évident que ce programme ne connaitra jamais une implémentation efficiente avec ce défilé au niveau de la Primature. D’ailleurs la fin de mandat est proche pour espérer mettre en œuvre quoi que ce soit. On le voit les choses se font  au jour le jour. Les opportunités et les priorités du moment déterminant très souvent l’action gouvernementale. Cela s’appelle du pilotage à vue !

Les voix les plus autorisées ont toujours dénoncé cette absence de projet présidentiel. Le pouvoir s’est toujours abrité derrière la lancinante et prioritaire question de  la crise du nord qui,  selon lui empêche toute possibilité de mise en œuvre d’un quelconque programme. Soit ! Mais le souci, c’est que depuis 2013, cette question du nord pollue la vie du Mali et des Maliens et jusqu’à présent aucun résultat satisfaisant. Il faut rappeler que malgré cette accalmie de façade, la région de Kidal échappe toujours au pouvoir central, et la CMA tient toujours à l’autonomie de la zone. Un véritable échec qui déteint malheureusement sur tout le mandat. L’heure du bilan risque d’être houleuse !

Problème de leadership.

 IBK a beau se gargariser à chaque occasion dans un plaidoyer pro domo, les thuriféraires du régime et autres laudateurs ont beau magnifier « les hauts faits » de leur champion,  une constance est là : Beaucoup de Maliens ne se reconnaissent pas  ou du moins ne se reconnaissent plus en lui. Ce qui est assez problématique pour un Président de la République. Il y a véritablement un problème de leadership. IBK a du mal à fédérer l’ensemble des Maliens. Il peine à convaincre son Peuple, ses choix n’étant d’ailleurs pas toujours judicieux et pertinents. Il n’arrive pas à s’imposer tout naturellement à l’image d’un Paul KAGAME du Rwanda par exemple. Et ça, c’est un vrai souci pour quelqu’un qui se pose  en sauveur pour l’honneur et le bonheur des Maliens et qui plus est, lorgne visiblement un second mandat !

Aujourd’hui la déception est à son comble. L’éléphant annoncé est venu avec un pied cassé  autrement dit, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.  IBK s’est révélé un piètre leader, un chef assez fébrile, hésitant, inconstant, incohérent avec un manque de vision et d’anticipation incroyable dans l’exercice de son magistère. Les choses sont tellement hachées au sommet de l’Etat qu’aucune véritable construction positive et cohérente dans la durée n’est possible. Que du colmatage !  Le seul responsable c’est IBK lui-même, le maitre d’œuvre !

Il a intérêt à ouvrir les yeux pendant qu’il est encore temps. Certaines catégories de Maliens, pour leurs intérêts égoïstes et sordides, l’induisent en erreur, lui proposent un prisme déformant de la réalité. Il ne doit pas tomber dans cette espèce de flatterie et de mégalomanie des Bokassa et autres satrapes africains qui auront  vécu sans gloire ni triomphe, à mille lieux des aspirations de leurs peuples. Certes, la cour du chef est bien remplie, mais pas toujours avec des gens recommandables !

Le Président IBK doit entendre le cri de cœur de son peuple. Qu’il sache que le pays va mal. Il a tout intérêt à sortir de sa tour d’ivoire  et à travailler désormais  dans le sens d’une meilleure prise en charge des préoccupations de son peuple. Un Président est redevable de son peuple, seul dépositaire du pouvoir d’Etat! Simple rappel.

Aussi, la pratique du pouvoir a demontré un vrai manque d’anticipation de l’Etat dans la conduite des affaires. Toute chose qui, durant ce mandat n’a pas permis au Mali de répondre toujours présent. L’exemple de la résolution de la crise du nord est un véritable cas d’école pour mettre à nu l’incapacité du pouvoir actuel sur ce terrain. Aucune capacité d’anticipation surtout dans un pays en crise ! L’amateurisme est à tous les niveaux.

Faites un tour en ville et demandez le ressenti des Maliens. Sans aucune surprise on vous dira que le pays va mal et que la pauvreté a atteint le seuil du tolérable.  Avec un tel constat, ne devrions-nous pas nous interroger légitimement sur la suite?

Makan DIALLO

Docteur en droit Privé

Avocat aux Barreaux de Paris et du Mali

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