En voilà un et pas des moindres, qui met son pied dans le plat avec tout ce que le débat sur la prolongation du mandat présidentiel soulève comme passion, tension dans la sphère politique et même au delà depuis quelques temps déjà. Un débat pour le moins innocent qui de manière récurrente et pernicieuse refait surface au gré des contingences du moment. Il est certain que l’idée de prolongation du mandat du Président ATT nourrit les plus graves appréhensions qui pèsent sur notre jeune démocratie et rend la grille de lecture politique incertaine quant au calendrier de 2012.
Adversaires et Partisans de cette éventualité ne ratant aucune occasion pour justifier leur point de vue. Les premiers s’abritant derrière la loi fondamentale s’opposent à toute forme de tripatouillage du mandat présidentiel susceptible de mettre à mal le principe même de l’alternance politique si cher à notre démocratie. Les seconds caressant l’idée d’une prolongation du mandat présidentiel s’activent dans les coulisses afin que l’actuel présidentiel a défaut de faire un troisième mandat, prolonge le présent, les multiples chantiers devant être menés à terme par son initiateur.
Pour qui connait le milieu politique Malien, des agissements au ras des pâquerettes venant de certains ne surprennent guère et n’ont souvent pas de réelle portée, j’en veux pour preuve ce « cirque » organisé par une certaine catégorie d’operateurs économiques pour remercier ATT, et sans compter les voix récurrentes de certains laudateurs. En revanche, que le Président de l’Assemblée Nationale, Président du Parti ADEMA (un des ogres du landernau politique), probable candidat à la candidature de ce parti se permette une sortie dithyrambique, panégyrique et incongrue à l’endroit de l’actuel Président de la République, il y a lieu de s’inquiéter véritablement. Inviter publiquement ATT à rester au pouvoir tout simplement parce qu’il y a des questions qui sont en suspens et qui doivent être réglées est lamentable et pathétique, c’est le moins qu’on puisse dire.
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rnAussi cette attitude ne traduit-elle pas le malaise qui a toujours caractérisé l’espace politique Malien où la notion de responsabilité est un non sens ? Une telle insinuation de prolongation venant d’un homme de cette envergure ne doit pas être prise à la légère. En faisant son appel du pied, M. Traoré avec sa double casquette de Président de l’ADEMA et de l’AN (2è institution du pays) de probable candidat aux élections présidentielles inquiète et ne facilite pas les choses. S’est-il exprimé au nom de son parti ? Probablement pas ! Au nom des députés ? J’en doute fort. Alors question : Pourquoi cette sortie imprudente, iconoclaste ? M. Traoré parle peut être en son nom, mais le hic est que par son statut, sa parole prend toute une autre dimension préjudiciable à la bonne marche de nos institutions et à l’idée même de démocratie. Il y a-t-il un deal entre ATT et M. Traoré pour oser s’exprimer publiquement de la sorte ?
Nous savons tous avec ce qui se trame en termes d’harmonisation des différentes élections, qu’une prolongation du mandat présidentiel induit celle du mandat parlementaire, donc déjà M. Traoré est sûr de garder le perchoir pour deux années supplémentaires. Se donne-t-il le temps sachant que sa candidature peine à séduire au sein de sa formation politique pour mieux se préparer ? Veut-il court-circuiter les autres probables candidats en faisant allégeance au prince du jour ? A-t-il perçu une coalition contre lui au sein de son propre parti ? Ou tout simplement si ce n’est pas moi, personne d’autres? Dans tous les cas de figure cette attitude de M. Traoré loin d’être responsable, est égoïste et relève beaucoup plus d’un instinct grégaire de préservation et de conservation de ses intérêts qu’autre chose.
Personne n’est dupe. Reconnaissons-le, ce débat de 3è mandat ou de prolongation du mandat ne devrait pas se poser pour la simple et unique raison qu’il s’agit du respect de notre constitution. Aucune excuse ne saurait justifiée cette situation si ce n’est l’avidité, la boulimie, la gloutonnerie des hommes politiques face au pouvoir.
Il est évident que L’idée d’une prolongation du mandat présidentiel ou la possibilité d’un 3è mandat même si elle pourrait se faire par des artifices juridiques (une révision constitutionnelle ou un vote du parlement) encore que le peuple en toute souveraineté accepte, procède d’une trahison des idéaux du 26 mars, d’un déni du fait démocratique et ouvre la porte à toutes sortes de dérives. Elle ne se justifie point en l’état de notre jeune démocratie qui justement cherche à s’enraciner à travers le respect du jeu politique consacré par la loi fondamentale de 1992. Elle est politiquement incorrecte et anti-démocratique.
Beaucoup de personnes s’agitent, mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que la grande majorité silencieuse est là, sereine et attend de sanctionner avec la dernière rigueur toute forme de tripatouillage d’où qu’elle vienne.
A bon entendeur salut.
Une contribution de Mr DIABY Lamine
rnRésidant en France (PARIS)
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