Chers membres du bureau
Avant d’arrêter le contrat entre l’UMAV et International Service, je tiens à vous informer sur les raisons derrière cette décision. Dans les paragraphes qui suivent, j’essaie de revoir les différentes tâches sur lesquelles on s’est mis d’accord il y un an. Une partie de ces tâches ont été réalisées, certaines tâches ont disparues à cause de changements institutionnels et des autres tâches ne pourront pas aboutir à cause des bouchages au niveau de la gestion de l’UMAV. Néanmoins, je crois que le plus important a été fait : la SOPRAM dispose aujourd’hui de tout dont elle aura besoin pour se relancer. Pourvu que l’approvisionnement en matière première soit stable, elle pourra facilement réaliser un bénéfice annuel de 20 à 35 millions FCFA. Même le tissage peut être légèrement bénéficiaire avec lesdeux grands contrats récemment obtenus.
Si je décide de partir maintenant, c’est parce que mon influence sur ce qui suivra, sera limité. Tout dépendra de la bonne volonté des décideurs et de la façon dont ils vont utiliser les recettes de la nouvelle production. On ne peut qu’espérer que ces décideurs vont apprendre des erreurs du passé. Malheureusement, j’ai souvent l’impression que ces gens n’ont toujours rien compris et qu’ils veulent continuer les mêmes habitudes qui ont mené la SOPRAM au bord de la catastrophe. La SOPRAM n’est pas un chat avec sept vies. Si aujourd’hui elle recevra une nouvelle chance, ça sera sa dernière. Celui qui veut jongler avec la SOPRAM, doit comprendre qu’il jonglera avec le destin de 40 pères de famille aveugles et la seule source financière durable de l’UMAV.
Je tiens à remercier le DGA, le chef de production et tous les ouvriers de la SOPRAM pour la franche collaboration des derniers six mois. Ensemble, vous disposez de toutes les qualités pour avancer et j’espère que vous trouverez un moyen pour revendiquer l’autonomie administrative qui vous a été accordée par les statuts de l’UMAV et qui prouvera si vitale pour votre survie.
Diagnostic de la Sopram : un diagnostic et des recommandations de réorganisation ont été faits à deux moments (en juillet, après la proclamation de l’auto-gestion de la SOPRAM et en décembre, après l’arrivée des moules). Le plus grand obstacle pour appliquer toute forme de réorganisation à la SOPRAM, sera le manque de respect pour les engagements, y compris les règles et structures prévus par les statuts de la société. Aujourd’hui les délégations de pourvoir et l’organe de contrôle sont mis à l’écart. La seule certitude qui existe à la SOPRAM, c’est que le Président de l’UMAV aura toujours le dernier mot et qu’il interviendra à chaque fois qu’il y a de l’argent impliqué.
Diagnostic de l’optique : l’optique a été donné en contrat de bail et désormais sa gestion ne dépend plus de l’UMAV.
Relance de la Sopram : Au mois de juin, le président a accordé l’autonomie de gestion pour une année en donnant plein pouvoir au DGA (désormais nommé DG). Les résultats de cette autogestion étaient très prometteur : le problème de salaires a été partiellement résolue avec des donations de céréales du PAM et une vente plus ciblée des serpillières ; une salle de cinéma a été ouverte pour contribuer à la solution des problèmes monétaires quotidiens ; la capacité de production annuelle a été augmentée jusqu’à 300.000 boîtes de craie de qualité internationale (sur le terrain, 100 à 150.000 sera plus réaliste) ; un emballage abordable et attractif a été désigné chez Bittar-Impression ; la société a décroché 2 grands contrats très lucratifs pour l’écoulement des serpillières et pour boucler, elle recevra au mois de février un minicar et les accessoires originales pour les métiers (pour la première fois en 17 ans !). Avec 1.500.000 FCFA de bénéfices, le diner gala du mois de septembre n’a pas pu résoudre le problème de la matière primaire mais la publicité était énorme et cet événement a été à la base d’entre autre le nouveau marché de craie, le prêt pour effectuer ce marché et la signature du marché de Point G.
Malgré ces bons résultats, le président n’a jamais tenu sa promesse d’autogestion. Après le diner gala il a tout de suite confisqué le million de la première dame (en l’échangeant pour un chèque de l’UMAV) et en octobre il a décidé de fermer le cinéma de la SOPRAM (à quelques minutes avant la réouverture et avec une foule d’enfants devant la porte). Après l’arrivée des nouvelles machines et l’acquisition d’un nouveau marché de craie, les interventions ont recommencées. Il a donné l’ordre de rédiger une demande de subvention absurde pour le Ministère de l’Emploi, il a donné l’ordre de chercher un ingénieur formé en Chine pour assembler les nouveaux moules (qui sont déjà assemblés), il avait envoyé un employé pour chercher un « spécialiste » de la craie (sans attendre les premiers essais de notre propre spécialiste) et il reprit la procédure de dédouanement du minicar sous son propre nom.
Parfois ses interventions sont des petits dérangements qui sont faciles à ignorer, mais de temps en temps ils dépassent le fait-divers pour toucher à la survie même de la SOPRAM. Il y a quelques jours seulement, le président a empêché une réunion qui allait se tenir sur l’utilisation des bénéfices du marché de craie. Selon lui, une discussion sur l’utilisation des bénéfices du marché n’a aucun sens. Implicitement, il dévoilait déjà sa stratégie pour les semaines à venir : dès que les 20 millions de bénéfices seront disponibles, il va payer quelques mois de salaires. Dans la satisfaction générale qui suivra, il dépensera les autres 15 millions avec ses jongleries habituelles, tout en oubliant d’acheter la matière première nécessaire pour relancer les activités productrices. Une autre décision menaçante pour la SOPRAM, était la façon dont il voulait régler la condamnation de la SOPRAM pour un montant de 77 millions de dettes. Pendant plusieurs semaines, il a gardé la position de vouloir annuler les tentatives de protection judiciaire pour mettre en place une négociation avec l’avocat de la contrepartie (contre l’avis de l’assistant technique et l’avocat de la Sopram).
En faisant ainsi, le commandement qui donne l’huissier le droit de saisir à tout moment, resterait en vigueur pendant plusieurs années. Ce commandement est tenu par le plus grand vendeur de craie de Bamako. Avec la façon de gestion financière actuelle, il est peu probable que l’UMAV pourrait à tout moment respecter les engagements négociés avec Faucon. Dès que la SOPRAM raterait un seul paiement, Faucon pourrait exécuter son commandement. Si Faucon commence à comprendre qu’on veut développer une production de craie à grande échelle, il serait logique qu’iltentera de protéger son marché par la saisie de nos machines. On peut facilement dire que la survie de la SOPRAM dépend étroitement de l’obtention de cette protection judiciaire et pour moi il était hallucinant de voir le président de l’UMAV s’opposer contre ça.
Pour moi, ce n’et pas la peine de se battre pour une cause qui peut à tout moment être sapée par des ordres qui manquent toute rationalité et qui risquent de tout détruire à la fois. Dans toute organisation, il y a risque de décisions contra-productives, mais l’analyse et la discussion antérieure peuvent la minimaliser. A l’UMAV, l’analyse, la discussion et la transparence sont absents. Tous les décisions sont prises par une seule personne, qui n’a rien compris de la gestion, qui se laisse guider par quelques aviseurs très médiocres et qui tend toujours vers l’opacité. Le résultat est le chaos total. Les organes de l’UMAV et le conseil de gestion de la SOPRAM sont mis hors jeu aujourd’hui. Ils ont peu de pouvoir décisionnel et le peu d’information qu’ile reçoivent est souvent de la rhétorique qui détourne la réalité.
Une des désinformations les plus frappantes, sont les histoires racontées sur les dettes de la SOPRAM. La visite de l’huissier à la direction de l’UMAV, prouve que ces dettes peuvent menacer non seulement la SOPRAM, mais aussi l’association en son intégralité. Malgré la gravité de cette situation, il n’y a jamais eu personne à l’UMAV qui s’est posée la question comment une société sans production et avec 18 mois d’arriérés en salaires a pu accumuler 85 millions de dettes en deux années seulement (3 millions Paul Mary, 7 millions Comatex, 20 millions Sudu Diawdi et 55 millions Faucon). Le discours officiel est que « 6 mois de salaires et 20 millions de craie perdu à un commerçant malhonnête » sont responsables pour ces dettes. Ce discours est ridicule : le salaire annuel de la SOPRAM est 19 millions, les cotisations de l’INPS incluses. Six mois de salaire sans INPS ne dépasse donc pas les 9 millions. Le président utilise une dépense de 9 millions pour expliquer une dette de 85 millions, tout en oubliant les bénéfices réalisés sur un stock de craie qui valait 73 millions en valeur d’achat fin 2005. Les dépenses totales des dernières années liées à la production de la SOPRAM ne dépassent pas les 25 millions FCFA salaires incluses, et les bénéfices réalisés sur les ventes de craies dépassent largement cette somme. En principe la SOPRAM devrait donc avoiraucune dette. Je ne sais pas ce qui c’est passé avec tout cet argent, mais c’est scandaleux de culpabiliser la SOPRAM pour les difficultés qu’elle vit aujourd’hui. Les problèmes de la Sopram n’ont rien à faire avec laSopram en tant que tel, mais elles sont uniquement liées à la façon dont cette société a été abusée ces dernières années. Si on refuse de reconnaitre ça, on ne pourra jamais résoudre les problèmes de la SOPRAM.
Ce qui me frappe aussi, c’est le manque de respect envers les ouvriers, ils ont subi 15 mois d’arriérés, mais quand ils expriment leurs problèmes, le président leur reproche des larmes c de crocodile. Au lieu de parler des arriérés, il préfère parler des 6 mois payés en 2006. Ces six mois sont présentés comme une faveur. Pour le Président, le peu de production à la SOPRAM ne mérite pas de salaire et à plusieurs reprises je lui ai entendu dire qu’il ne fallait rien donner aux ouvriers. Que les bénéfices du marché ont été réalisés en leur nom et que la manque de production est uniquement liée à son propre politique de commerce, semble lui échapper complètement.
Le site web : le site web de l’UMAV a été rendu plus attractif, une page en anglais a été ajoutée et son positionnement en Google est excellent maintenant. Désormais le site reçoit environ 100 visiteurs par mois.
Cour d’informatique : un cours d’Excel a commencé fin novembre. Pendant plus qu’un mois, les locaux dans lesquels se trouvent les ordinateurs n’avaient pas d’électricité à cause d’un problème avec les panneaux solaires. La possibilité de les installer dans un bâtiment connecté sur le courant EDM, a été bloquée par la personne qui a reçu les ordinateurs, qui les traite comme s’ils sont son propriété privé. Il est remarquable comment cette personne et quelques autres alliés du Président sont des vrais-hors-la-loi à l’UMAV.
Elaboration d’un projet de salle d’informatique : l’ONG Force e reçu ma proposition, de projet début novembre et le projet a été transmis aux bailleurs de fonds. Un informaticien très qualifié a été identifié auprès du Secrétaire Général et le financement du projet tombera en juillet 2008. Le système de gestion autonome par le COJAM, proposé dans la première version du projet et appuyé par le Secrétaire Général, a été enlevé sur demande du président. Désormais le projet sera géré par la Direction de l’INAM, tout en partageant la bureaucratie et le manque de fonds chronique de cet établissement.
Dans le programme de travail élaboré en juillet il était prévu de rédiger ce projet en collaboration avec Youssouf Diakité. Je lui ai invité à plusieurs occasions de se rencontrer, mais il n’est jamais venu. Finalement le projet a été conçu en collaboration avec le Secrétaire Général de l’UMAV. Quelques semaines plus tard j’ai appris que Youssouf Diakité a fait tout pour éviter que le projet serait géré par le COJAM. Apparemment il avait eu une promesse vague du Lion’s Club d’une donation d’ordinateurs qui allait passer par lui-même ? J’avais l’impression qu’il a préféré de laisser passer cette chance extraordinaire pour la COJAM, pour pouvoir assurer son propre influence sur une éventuelle salle d’informatique du COJAM.
Appui en gestion à l’UMAV : Pour pouvoir appuyer la gestion, on doit pouvoir travailler en étroite collaboration avec les décideurs. Al’UMAV la délégation de pouvoirs n’existe qu’en théorie, dans la pratique la moindre décision est prise par une seule personne qui se comporte souvent de façon négligeant ou même obstructif.
Quelques exemples : -Dans le dossier des moules indiens, le Président m’avait promis à plusieurs reprises de faire la demande d’appui chez le représentant de SightSavers. Après plus qu’un mois d’attente, je suis parti chez Sight-Savers moi-même.
– La date limite pour la demande d’une salle d’informatique chez l’ONG Force était le premier novembre. Si ce n’était pas pour le Secrétaire Général, le Président allait laisser passer cette opportunité sans rien faire.
L’autogestion accordé par le président a été violée à tout moment qu’il y avait une réussite à la SOPRAM. Un bon chef retire une délégation de pouvoir quant ça va mal. Le Président de l’UMAV retire la délégation si ça va bien, pour pouvoir mettre les résultats sur son propre compte. Cette tradition de couper l’herbe sous le pied, est destructive pour le moral des employés.
Malgré une prise de pouvoir à chaque bonne nouvelle, il s’est montré systématiquement obstructif dans les tentatives de relance de la Sopram : il répète régulièrement qu’il ne donnera pas un seul franc à la SOPRAM ; il a fermé le cinéma, qui était une source de liquidités (permettant entre autre d’organiser le dîner gala) ; et lors des préparations du dîner gala, il a défendu d’utiliser le téléphone de l’UMAV.
La vision du Président de l’UMAV sur l’appuie en gestion ne correspond pas avec la vision d’internationale Service. Pour lui, écrire un projet ensemble veut dire que c’est lui qui dicte le contenu et l’assistant technique qui l’écrit. L’idée de l’échange préliminaire lui échappe complètement. Même les décisions les plus importantes, sont prises avant toute analyse des faits. Le résultat, c’est des projets qui manquent toute logique (une ferme sans eau) et qui sont rejetés systématique par tout bailleur de fonds sérieux.
Pour la relance de la production de craie par exemple, c’est le Président même qui a présenté une liste des besoins de la SOPRAM et l’ordre de rédiger un projet pour le Ministre de l‘Emploi. Il n’a pas mis pied à la SOPRAM depuis 6 mois et il n’a aucune idée de la situation actuelle, mais il veut lui-mêmeformulé les besoins de la relance. Dans ses propositions, il y avait des grands lacunes (les boîtes de craie), des choses qui étaient déjà réalisées (les pièces pour les métiers) et des choses qui n’ont aucune sens (et qui ne serviront qu’à réveiller la suspicion des bailleurs, comme rénovation des bâtiments et formations). En plus, le montant suggéré de plus que 10 millions était beaucoup trop élevé pour une association qui est déjà méfiéepar les bailleurs. A part de cette liste, il a également décidé d’employer deux personnes supplémentaires à la SOPRAM, malgré le surplus de personnel qu’on vit déjà. Une telle approche est complètement absurde. La moindre chose qu’il avait pu faire, était d’analyser la réalité sur le terrain ou de faire appel au chef de production pourqu‘il puisse formuler les besoins et les priorités réelles. La plupart des décisions à l’UMAV sont prises de cette façon. Elles sont prises de façon instantanée, pour des mauvais raisons, et sans la moindre échange avec les gens sur le terrain. Le résultat est un désordre organisationnel et financière, dans laquelle un appui en gestion a peu de sens.
Cordialement,
Ward Tanghe
Assistant Technique en Gestion International Service
Conseiller en Gestion Agriterra
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