8 mars : et si on parlait politique au féminin

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Mesure-t-on également l’état d’avancement d’un pays à l’évolution économique et institutionnel de ses femmes. L’épanouissement au sens propre du terme de la femme s’avère un indicateur fiable de la santé d’un État. Toutes les sociétés, modernes ou conservatrice, ont toutes foiré la dessus, on va pas redresser un tableau des maux connu de tous! Donc qu’en est-il de l’évolution de la femme au Mali?

 

 Chaque 8 mars nous facilite cette lecture, même si le bilan se doit d’être plus que ponctuel, sinon constant. Dans une approche plus pertinente, considérons la question sur le plan politique. Tout observateur constatera  le bilan mitigé de l’ancrage de la femme malienne en politique.

 

Six, Oui six est le nombre de femmes qui siègent au sein du gouvernement malien en 2016. Le suffisant verrait cela d’un très bon œil. Certes six femmes ministres semble impressionnant de prime abord. Bon sang sur trente-deux, on peut aisément estimer : peut mieux faire.

 

Mais quand le rideau se lève sur le parcours sinueux de la soudanaise Aoua Keïta, pionnière émérite, on se dit nous venons de loin. Dans les années 5O la toute première femme à entrer en politique, est élue en 1958.  A cette époque suivra une certaine Sira Diop, combattante de tous les instants pour le développement, fidèle de l’individu à son engagement primaire.

 

En 1958, Aoua Keita est élue première femme Députée du Soudan français, la pionnière du type ouvrait le chemin au genre en terre soudanaise, la toute première de l’histoire du Mali. L’ex étudiante de l’école de médecine de Dakar, n’a pas peur de se jeter dans une marée phallocratique, plus les coups étaient gros mieux elle devait prendre. L’infirmière d’Etat se battait, et pour la condition de l’homme et pour celle de la femme. L’élection d’Aoua marque véritablement une rupture dans la société malienne, à une époque où la fille devait se consacrer aux apprentissages des tâches ménagères, pour son futur rôle de femme au foyer. On peut donc être épouse et personnage politique.

 

Et la militante s’entendait dire, que :

« L’indépendance politique fut le grand couronnement de nos efforts et des sacrifices de nos martyrs… la lutte n’était pas terminée pour autant. Elle continue et continuera encore longtemps pour la liberté, la démocratie et la paix universelle »

 

Après cinquante ans, la femme malienne peine à se frayer un chemin. En revanche plusieurs femmes politiques furent révéler au peuple, conséquence d’un militantisme de longue date. Déjà dans les années soixante, par ce que pas femmes mais militantes, certains détracteurs politiques les conviaient à s’occuper de leurs casseroles. Nul n’est question de mettre en cause au XXIème, les compétences des femmes, mais surtout de légaliser leurs acquis. Le meilleur exemple se trouve au sein de nos foyers. Mère au foyer, commerçante pourtant femme aimante.

 

Notons quand même que le règne du deuxième Président démocratiquement élu adresse un message d’espoir aux femmes du pays et du continent, lorsque Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé est propulsée première femme 1er ministre, une première dans la sous-région, initiative qui devait se pérenniser.  Les dirigeants n’ont-ils pas trouvé de femmes compétentes à la mesure des attentes du peuple ? Je ne pense pas que cette interrogation n’aie réponse dans la négation. A moins que le ring n’aie raison de leur peau même avant qu’elles ne soient promues. Il n’est autrement point question de polémiquer, considérons le problème à une moindre échelle, puis regardons la plus proche actualité : les poulains en lisse pour le poste de Directeur de l’ORTM comptent zéro femme retenue pour la dernière ligne droite. Ce constat ne s’explique pas forcement par une élimination volontaire des femmes, en revanche met d’un côté en exergue un autre problème, celui de la formation. Mais réellement manque-t-il de compétentes professionnelles pour briguer le trône de la maison mère ? Il doit y en avoir au moins une qui puisse répondre aux critères de sélections. Servent-elles donc qu’à décorer les différents JT de la journée ? Bref ! Revenons à nos casseroles, sans mauvais esprit…

 

Les avancées après l’avènement à la démocratie découvrent plusieurs figures féminines, qui sont sans aucun doute des modèles de l’engagement au féminin, quel que soit ce qui leur fut reproché lors de leur action,  et ce n’est point le sujet de cet article. Le panel réjouissant de femmes ministres est plus qu’encourageant. Mais peut toujours mieux faire.

 

En ce mois solennel de la femme, au nom de sa journée, ce topo semble nécessaire, en hommage à sa journée internationale, qui l’année dernière fut étouffée par l’attentat meurtrier à la Terrasse de la rue princesse, et qui cette année palpite de la vive émotion de femmes tuées par les mains propres de leurs conjoints, faisant la une des journaux. Hélas, certains internautes tapis derrière leur clavier déversant toujours leur aigreur vont jusqu’à trouver une explication à l’abominable geste, l’irréparable, le crime. Nous ne pouvons que crier deux fois.

 

Au vu du dernier point et de ce, précédemment notés, le chemin est encore long. Aucun malien n’ignore les réels problèmes de la femme, que nous ne renommons pas volontairement par  crainte de répéter  d’autres articles. Le combat pour accéder au plein épanouissement de la couche fragile de nos sociétés ne s’accomplira pas, tant que la moitié dont elle constitue la moitié  (l’homme), n’y soit imprégné, sans le percevoir comme une faiblesse, une atteinte morale à son intégrité masculine.

 

Mousso est à célébrer tous les jours de l’année, tant sa position et ses tâches difficiles de mère, épouse, ménagère ou professionnelle, sont ardues à concilier. Pourtant elle y arrive, sans angélisme de notre part, bien entendu. Il est évident que la femme active doit articuler son rôle de mère, à celui d’épouse et d’engagée professionnelle et gare à celle qui faille à ce devoir d’épouse-mère, plusieurs la lui reprocherait dans les médias. J’entends au loin ces gros sabots, somme toute mauvaise langue rétorquant : mais ce sont les aides ménagères qui font tout à leur place, à ces femmes de villes.

 

Allez poser la question à celle qui est au four et au moulin sans aide domestique, c’est le quotidien de plusieurs femmes dans le monde à l’instar des femmes de nos campagnes. Allons, sortons des villes, un petit tour dans les campagnes et même à  Bamako intra-muros, permet de se rendre compte, oh combien la vie de certaines de nos concitoyennes est difficile. Toujours la première levée et la dernière à se coucher, au nom du devoir et du bonheur des leurs.

 

Bonne journée à toi  femme-courage ! Et bravo à ces hommes qui ont aidé nos mères à se construire, conscient qu’elles étaient cette part d’eux qui concourent à leur accomplissement, et à ceux-là qui nous aident à nous accomplir sans complexe!

 

Dia.D Sacko

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