717 milliards de nos recettes budgétaires attribués à moins 1% de notre population, mais où se trouvent la justice sociale et l’équité dans ce partage ?

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Le ministre de l’économie vient de nous révéler ce constat choquant et affligeant, d’un état de fait qui prévaut depuis des décennies, perdure d’ailleurs, et prend de l’ampleur chaque jour davantage. Cet état de fait, on ne peut plus clair, traduit manifestement et montre combien le train de vie de  notre Etat est devenu au fil du temps insoutenable par le peuple travailleur. Dans une certaine mesure, c’est l’expression achevée de la nature des régimes libéraux, fondés sur la gabegie et l’injustice sociale caractérisée. Ceux-là qui ne se soucient ou ne se préoccupent guère, des  besoins essentiels et primordiaux de leurs populations, mais plutôt que de leur bien être personnel et celui de leur clan. C’est évident qu’il est indécent et inacceptable, que moins 1% de notre population, reçoivent 46,3% de ses recettes budgétaires, au détriment de la majorité écrasante!

Ainsi, comme on le voit bien, près de 50% des recettes budgétaires sont consacrés à l’entretien d’une caste bureaucratique fainéante, vorace et budgétivore, dont le rendement réel dans le pays est sans commune mesure avec leur traitement salarial exorbitant, ceci au détriment de l’immense majorité du peuple sénégalais. Une telle situation ne peut et ne doit plus prévaloir. Il est dès lors urgent, d’y mettre un terme définitif, c’est à dire de rompre avec cette pratique nauséabonde qui va en droite ligne, comme l’avait fait Wade, vers la constitution d’une oligarchie au sommet de l’Etat. Ce triste record, est encore une incongruité manifeste d’une exception sénégalaise en matière de traitement de salaires et avantages confondus, en faveur de sa classe politique au pouvoir. Il traduit aussi l’incohérence de nos dirigeants politiques au pouvoir, par rapport à leurs engagements, et leur insouciance envers les souffrances intenables du peuple.

Ainsi, c’est le discours du développement assuré en bandoulière, que nos gouvernants véhiculent à travers des slogans chocs, mais creux dans le pays, pour à coup sûr, faire le buzz sur le PSE. Mais, en réalité dans la pratique sur le terrain, c’est tout le contraire de leur mission première que l’on remarque, à savoir la satisfaction des besoins vitaux des populations, la création de richesse et de la croissance.

En plus de toutes ces révélations scandaleuses faites par les différents rapports de nos institutions habilitées au cours de l’année 2014, voilà que s’y ajoute encore celle surprenante du ministre de l’économie. Dès lors, nous pouvons incontestablement considérer nos gouvernants, comme de simples  et peu vigilants observateurs, indifférents à la chose publique confiée, dont ils sont pourtant, comptables devant la nation, au regard de leurs charges régaliennes. En réalité, ils ont failli aux règles de conduite, de surveillance et à leur devoir, de gardiens vigilants et alertes. Alors qu’ils ont bien obligation, d’agir promptement en amont sur les faits, afin d’intervenir éventuellement pour rectifier à temps la trajectoire, sur le point de dévier l’objectif qui lui est assigné, précisément l’émergence, qui induit la croissance.

Il est certes bien, de faire le constat des anomalies et autres fautes graves commises dans la gestion des affaires publiques, mais il est bien entendu que cela ne suffit absolument pas. Ce qu’il faut plutôt et essentiellement, c’est de prendre des mesures structurelles énergiques et idoines, pour corriger rapidement et enrayer définitivement ces anomalies récurrentes décelées par les rapports d’inspection, de sorte qu’elles ne se reproduisent plus.

L’annonce de cette nouvelle inconvenante, traduit un aveu de taille et montre sans l’ombre d’un doute, la preuve éclatante d’un train de vie dispendieux de l’Etat. Nous n’avons pas cependant noté, jusque-là en tout cas, l’annonce immédiate de mesures appropriées prises et appliquées à cet effet, pour remédier à cette situation désespérante. Et pourtant, il en existe bel et bien de solutions radicales et efficaces à notre portée. Mais celles-ci nécessitent et exigent surtout, un courage sans faille de l’autorité compétente, c’est ce qui manque le moins. Au demeurant, de telles solutions doivent aller dans le sens de l’intérêt général, loin de ceux particuliers, comme dans le cas présent. Par ailleurs, pour appliquer également de telles solutions radicales, le président ne doit nullement se préoccuper d’une réélection pour un éventuel second mandat. Car un deuxième mandat, en réalité, dépend à l’évidence, plutôt du résultat satisfaisant de celui en cours. Par conséquent, c’est la résolution des principaux et essentiels besoins des populations dans une justice sociale irréprochable, qui devrait être la préoccupation et la priorité des priorités du président, durant tout son premier magistère.

Il était de tradition ancestrale et même républicaine aujourd’hui, lorsque les conditions de vie de la majorité de la population d’un pays deviennent très difficiles, à cause de la rareté des ressources, c’est le premier d’entre eux, à savoir ici, le chef de l’Etat, qui donne le bon exemple, en abandonnant une bonne partie de ses avantages, et en se délestant aussi de ses nombreux privilèges, pour participer à l’effort de relever le niveau de vie des plus démunis. C’est-à-dire il ramène son traitement personnel et celui de son équipe, à des proportions plus justes et raisonnables, compte tenu de la situation réelle du pays, devenue insoutenable pour beaucoup d’entre nous. Objectivement, la situation présente du pays exige, surtout du président de la République, d’opérer un changement radical dans la méthode de gouvernance, par la transparence dans les actes pris et l’équité la plus totale dans la redistribution du produit national. Une telle attitude de solidarité agissante, afficherait tout au moins une certaine volonté de disponibilité du chef de l’Etat, à renoncer à ses privilèges exorbitants. Certainement aussi, à vouloir partager les peines et joies du pays, avec son peuple dans l’équité. Voilà ce qui pourrait à la rigueur, tempérer ce pessimisme, dont beaucoup de Sénégalais font montre aujourd’hui. En effet, tout le monde comprendrait et accepterait volontiers que de telles mesures soient prises concrètement, en plus de toutes les autres réductions éventuelles, pour le rééquilibrage et la rationalisation des dépenses au sein des institutions de la république et de la Fonction publique. Ainsi, de toute évidence, il est devenu urgent et indispensable d’instaurer des critères rigoureux de gestion des affaires publiques, et de la bonne gouvernance démocratique en général, sous forme d’un bréviaire et code de bonne conduite pour le gouvernement. Enfin, de ne plus tolérer à l’avenir, l’anarchie et le laxisme dans la gestion des affaires publiques et de l’Administration publique en général.

Mais malheureusement, nous notons une incohérence ou dichotomie entre le discours volontariste du président de la République de réduire le train de vie de l’Etat et sa pratique en porte à faux  sur le terrain. En fait, c’est comme si le président voulait une chose et son contraire à la fois. Et là, nous en voulons pour preuve éclatante, les mesures exceptionnelles et inacceptables, prises en faveur des anciens chefs d’Etat- assurément, des gens qui ne crèvent pas la fin, du tout comparés à nos gorgorlu-, pour on ne sait réellement, quelle raison ? Alors, quand le chef de l’Etat décrète de son propre chef, soi-disant, pour améliorer le quotidien des anciens chefs d’Etat, de leur allouer un salaire faramineux de 9 millions de francs, plus d’autres avantages, ça, c’est un véritable scandale et une faute politique ! Puisque même en activité, ces derniers ne gagnaient pas autant. Alors, pourquoi maintenant qu’ils sont à la retraite ? C’est du jamais vu dans aucun pays! Mais en termes clairs, cela ressemblerait à du « ma tay »  c’est-à-dire je fais ce qui me plait! Pour notre part, si réellement, les bénéficiaires très particuliers de cette mesure, qui est un privilège de trop entaché de la sueur des travailleurs, avaient un esprit chevaleresque, de solidarité, le sens du patriotisme et de la reconnaissance, ne serait-ce qu’un brin, ils devraient décliner cette offre en guise de solidarité ou compassion avec leur peuple en souffrance. Car en vérité, rien n’autorise cette mesure dans les circonstances actuelles de nos ressources financières. Voici des personnalités, qui sont redevables à leur pays, pour tout ce que celui-ci a investi et consenti pour eux et leurs familles respectives, durant leur magistère. En principe, ce sont eux qui devaient plutôt en retour, faire une ristourne à leur pays, en lui offrant gratuitement leurs services et expériences et non le contraire. Mais, le chef de l’Etat et ses deux prédécesseurs ignorent-ils qu’il existe des difficultés financières réelles dans le pays, au point que le gouvernement ait eu beaucoup de peine à satisfaire son obligation de payer à temps les bourses des étudiants et à pouvoir des emplois pour les nombreux jeunes demandeurs ? Si c’est oui la réponse, ils n’ont pas à la hauteur de leurs responsabilités, et par conséquent, ils ne méritent pas de leur peuple, aucun respect. Et dans une certaine mesure, ils ont bien tous les trois, une part responsabilité indirecte dans ce qui est survenu à l’UCAD. On note parfaitement là, une terrible absence de grandeur  d’âme ces gens-là pour leur rang. Nous osons espérer que l’histoire et les historiens de notre pays retiendront bien, tous ces faits, en ce qui les concerne. Il en est de même aussi pour les générations présentes et futures, pour que nul n’en ignore.

Alors, à bien y regarder, ce qui se fait dans le cadre de la gestion de  nos affaires publiques, s’appelle tout, sauf de la gestion. En fait, c’est bien la continuité des pratiques du régime précédent dans ce domaine, à savoir de l’informel à tous égards au plus haut et à tous les niveaux de l’Etat. Car, même le boutiquier du coin, ne se permet pas de gérer de la sorte ses affaires, sinon il irait droit à la faillite.

Il saute maintenant à l’œil nu de nous tous, que le train de vie actuel de l’Etat est incompatible avec nos propres ressources et insoutenable par nos recettes budgétaires. Et ceci, il n’est point besoin d’être un économiste, pour le comprendre. Au demeurant, nous ne cessons de répéter avec insistance à travers nos différentes contributions, pour que l’Etat veille mieux et davantage à la gestion des affaires publiques. Il n’y a pas l’ombre d’un doute, qu’il faut tout d’abord arrêter  l’hémorragie dans nos ressources publiques, comme préalable. Ensuite, il faut ramener globalement et non partiellement ou par secteur, le train de vie de l’Etat à ses justes proportions en rapport avec nos propres et réelles ressources financières, et à l’état réel de notre économie si morose.

Pour vivre tranquille, sûrement et éviter les risques de surprise désagréable, il faut compter d’abord sur soi-même et ses propres moyens, et non sur ceux d’emprunt permanent, si l’on veut assumer dignement sa vie.  Ceci est un principe fondamental, valable aussi bien pour un individu qu’un Etat quelconque. A défaut, c’est se lancer dans une conjecture aléatoire sans lendemain et avec beaucoup de risques d’échecs plausibles.

Nous pensons que, la souveraineté  qui a  bien présidé à la création de la CREI, en vue de sanctionner ceux qui auraient pillé nos ressources, et qui se seraient enrichis illicitement, permet aussi pour les mêmes raisons valables, sinon plus, de trouver les voies et moyens de réduire dans les plus brefs délais, le train de vie actuel de l’Etat, et de procéder à la rationalisation des moyens de l’Etat et de la gestion des affaires publiques. N’en déplaise aux pilleurs, à leurs défenseurs forcenés et aux lobbies intéressés par leur butin, qui militent activement pour l’impunité totale, par l’arrêt pur et simple des poursuites actuelles contre les incriminés, sans procès au préalable. Maiscela est totalement inacceptable ! Il va de soi et ceci doit être clair pour tous, que, ceux qui détournent les biens communs à toute la nation, doivent être sanctionnés avec une extrême sévérité à la hauteur de leurs fautes. Et, ils doivent également au-delà, rembourser l’intégralité des biens soustraits. Mais, en tout état de cause, et quel que soit du reste le citoyen mis en cause, auteur des méfaits, il devra être soumis aux rigueurs des lois de la république, sans aucun privilège de juridiction attaché à ses fonctions ou à sa naissance, etc. Ceci pour bannir ce qui est appelé chez nous : « golo di bay babun di dunde » et combattre l’impunité.

Au demeurant, quand un président a la haute charge de défendre l’intérêt général ou supérieur de la nation, il ne devrait en aucune façon se préoccuper ou prêter une attention quelconque aux complaintes et vociférations des partisans des intérêts égoïstes et particuliers. Car, quoi qu’il en soit, il est certain, que cette catégorie d’individus craint en fait comme de la peste la rupture, parce que celle-ci leur enlèverait leurs privilèges actuels et les renverrait à la normalité d’une justice sociale. De tels individus, c’est sûr, s’opposeront à mort et de toutes leurs forces contre cette rupture préconisée, qui punit en principe tous les délinquants. Voilà pourquoi, il y a nécessité absolue de s’armer d’un courage exemplaire, mû incontestablement pour l’intérêt général et pour faire face à ces forces rétrogrades, dépourvues de tout sens patriotique ; mais dans le même ordre également, pour le rétablissement d’une justice sociale irréprochable. Pour toutes ces raisons évoquées et mêmes pour d’autres, il est urgent et impératif de rompre définitivement avec ces pratiques qui plombent encore notre décollage vers le simple développement.

Thomas Sankara disait fort justement : « Je ne suis pas le président de la famille Sankara, mais le président de la famille voltaïque » Alors, le président Macky Sall doit s’inspirer d’une telle démarche, pour devenir enfin, comme il l’avait promis d’ailleurs, le président de tous les Sénégalais sans exclusive, et non d’une minorité égoïste, cupide et antipatriotique, qui a tant bénéficié de privilèges exorbitants jusque-là.

Enfin, comment peut-on admettre un seul instant, que 300 milliards de francs Cfa d’avantages hors salaires,  soient accordés à moins 1% de notre population, et prétendre défendre, soi-disant, l’intérêt général et la justice sociale ? C’est incroyable !

Nous devons nous convaincre aujourd’hui au Sénégal, une bonne fois pour toutes, que nous ne pourrons pas, faire l’économie de cesser définitivement d’être une « république » des privilégiés, et de revenir enfin à un réel Etat de droit, à savoir une vraie république des citoyens, qui sauvegarde l’intérêt général et met au même pied, tous les citoyens devant la loi et rémunère chaque citoyen selon son mérite.

Mandiaye Gaye

Mandiaye15@gmail.com

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