La sinistre Katiba Macina sévit maintenant depuis 2015. Au-delà du comptage macabre de ses exactions qui ont mis le Centre du Mali à feu et à sang, quel bilan tirer ?
Kouffa a bâti ses groupes de combat en séduisant, par ses prêches et ses poèmes, une jeunesse peulh frustrée. C’est de la société maraboutique qui lui avait refusé une de ses filles en mariage qu’il a voulu se venger en décidant de « brûler le village » pour reconstruire une cité à son goût, soumise à la charia.
Pour ce qui est de l’incendie de la région Centre, on peut dire que le chef de la katiba Macina a réussi son coup. Si tout n’est pas brûlé, l’odeur de la cendre se fait quand même bien sentir. En commanditant les assassinats des chefs traditionnels et des marabouts qui lui résistaient, il a déstructuré la société, envenimé les conflits entre voisins, entre pasteurs et agriculteurs et contribué à ce que la population peulh soit toujours plus stigmatisée. Dorénavant, cette dernière est montrée du doigt comme fauteuse de troubles.
Mais pour ce qui est de bâtir, excepté l’édification de la terreur comme régulateur social on ne voit pas le progrès. Profitant du Pulaaku, Kouffa a ainsi instrumentalisé l’Islam, religion de paix, pour recruter des désœuvrés et des voyous, trop heureux de tuer plutôt que d’honorer leurs pères. Mais le pire ne réside pas là… A travers la reconquête chimérique du royaume du Macina, il anéantit peu à peu la société traditionnelle peulh en tuant ses notables. Alors que l’Afrique s’est libérée du joug de la colonisation il y a un demi-siècle, Kouffa est paradoxalement parvenu, au sein de ses groupes de combat, à maintenir les Peulhs dans une situation de servitude, en faisant des Arabes et des Touaregs leurs nouveaux maîtres.
Pour assouvir ses frustrations, Kouffa, « idiot utile » des Arabes et d’Iyad Ag Ghaly, comme l’aurait dit Lénine, a fait des Peulhs, d’abord, la chair à canon d’un combat de l’islam salafiste arabe et ensuite, les responsables désignés des souffrances de leurs frères des autres communautés noires.
Allah womaodo, Kouffa wana Allah (Seul Dieu est grand, Kouffa n’est pas Dieu).
Issa Bâ