S’exprimant pour la première fois devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a livré, le 10 janvier 2017, sa vision pour prévenir les conflits et pérenniser la paix en 2017, en défendant notamment «une montée en puissance de la diplomatie» et en s’engageant à remédier à la fragmentation de l’action de l’ONU. «Ensemble, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l’autorité des Nations Unies, en mettant la paix au-dessus de tout», a affirmé M. Guterres.
Si l’ensemble des délégations -plus de 90 pays se sont exprimés lors de ce débat tenu au niveau ministériel– ont appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général, certaines d’entre elles ont affiché leurs divergences autour du principe de souveraineté nationale. Pour l’une de ses dernières interventions devant le Conseil, la déléguée des États-Unis, Mme Samantha Power, y a vu une véritable «camisole de force» empêchant la prévention de violations graves des droits de l’homme. Cette séance a également été marquée par la condamnation par la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, qui présidait les travaux du Conseil, de l’attaque meurtrière qui a frappé Kaboul aujourd’hui.
S’exprimant devant une salle comble, le Secrétaire général a entamé son intervention en soulignant la difficulté pour les responsables politiques de faire de la prévention une priorité car, a-t-il dit, elle n’attire pas suffisamment l’attention. «Les caméras des chaînes de télévision, a-t-il regretté, ne sont pas là lorsqu’une crise est évitée». Selon la note de cadrage* distribuée par la présidence suédoise, la communauté internationale ne consacre à la prévention qu’une «fraction» des montants engagés dans les opérations de maintien de la paix.
M. Guterres a indiqué que, face à des conflits qui peuvent rapidement revêtir des dimensions régionales et transnationales, la réponse de l’ONU était encore fragmentée. «À l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus pour prévenir la guerre et pérenniser la paix», a recommandé le Secrétaire général. Il a détaillé son action à cette fin, en insistant sur la nomination d’un Conseiller spécial politique, qui devra utiliser les capacités de prévention de l’ONU «en vue d’une détection et d’une action précoces».
Le Secrétaire général a également demandé au Conseil de sécurité de faire un plus grand usage des options figurant au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies. M. Guterres s’est engagé à promouvoir une relation de confiance entre les États Membres et l’ONU et à améliorer les échanges avec le Conseil «de manière constante, honnête et transparente». Enfin, M. Guterres a déclaré qu’une action préventive était «essentielle» pour empêcher les atrocités de masse. La prévention devrait être considérée comme une valeur en soi, a-t-il dit.
Ce point de vue a été appuyé par la déléguée des États-Unis. La souveraineté nationale, a-t-elle estimé, ne peut servir de «bouclier» pour garantir l’impunité de certains acteurs. À l’instar de plusieurs intervenants, le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, M. Sergiy Kyslytsya, a déploré l’inaction du Conseil de sécurité devant la «boucherie» à Alep, en raison du veto exercé, à six reprises, «par le même membre permanent du Conseil».
Le Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, M. Edgars Rinkēvičs, a dénoncé, quant à lui, «l’agression» commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
Le représentant de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, a relevé que le principe de souveraineté nationale avait été mis à mal lors de l’invasion en Iraq ou pendant l’intervention en Libye, avec des conséquences qui se font ressentir à travers tout le nord du continent africain. «Quant à la crise ukrainienne, elle n’aurait pas eu lieu si les pays occidentaux n’avaient pas tenté d’imposer à ce pays ce qu’il devait faire», a estimé le délégué. Le représentant de la Bolivie, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, s’est lui aussi interrogé sur les conséquences de «l’interventionnisme» et dénoncé l’«exceptionnalisme» prôné par les États-Unis.
À l’instar du Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Nobuo Kishi, les intervenants ont été nombreux à encourager le Secrétaire général à utiliser les instruments prévus par la Charte aux fins de prévention. «Dites-nous ce que nous devons savoir, et non pas ce que nous voulons entendre», a résumé Mme Wallström, en s’adressant à M. Guterres. Les délégations l’ont également invité à remédier à la fragmentation institutionnelle du système des Nations Unies, une tâche jugée «absolument essentielle» par le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Workneh Gebeyehu. L’Éthiopie, la Bolivie, l’Italie et le Kazakhstan sont membres du Conseil pour un mandat de deux ans depuis le 1er janvier.
Le Ministre éthiopien a, en outre, salué l’attachement du Secrétaire général au partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, dont le rôle clef a également été souligné par le Secrétaire d’État de la France au commerce extérieur, la promotion du tourisme et aux Français de l’étranger, M. Matthias Fekl. «Nous espérons sincèrement qu’il contribuera à maintenir et à renforcer l’élan impulsé par son prédécesseur», a indiqué M. Gebeyehu. Enfin, soulignant la gravité de la menace posée par les changements climatiques, plusieurs pays, dont les États fédérés de Micronésie, ont exhorté le Secrétaire général à nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité.
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