À l’invitation du président de la République du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les chefs d’État et de gouvernement ont tenu un sommet extraordinaire, le dimanche 30 mai dernier, sur la situation politique au Mali, surtout après le coup de force contre les autorités de la transition perpétré par le chef du défunt Comité national pour le salut du peuple (Cnsp). A l’issue du sommet, les chefs d’Etat de la sous-région ont entériné la présidence du colonel Assimi Goïta en envoyant les Maliens face à leurs responsabilités. Ils ont également décidé d’accompagner la transition, comme l’atteste le communiqué final contredisant certaines mauvaises langues qui prédisaient déjà le pire pour notre pays à l’image du diplomate français, Nicolas Noramand, qui prévoyait l’arrivée des groupes djihadistes à Bamako si jamais le colonel Assimi Goïta venait à rester au pouvoir.
Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ou leurs représentants dûment mandatés ont participé à ce sommet extraordinaire, notamment le président du Burkina Faso, Roch-Marc Christian Kaboré ; le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara ; le président de la République de Gambie, Adama Barrow ; le président de la République de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló ; le président de la République du Libéria, George Weah ; le président de la République du Niger, Mohamed Bazoum ; le président de la République fédérale du Nigéria, Muhammadu Buhari ; le président de la République de Sierra Leone, Julius Maada Bio ; le président de la République togolaise, Faure Essozimna Gnassingbe ; le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration du Bénin, Aurélien Agbenonci ; le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger du Sénégal, Mme Aïssata Tall Sall ; l’ancien président de la République fédérale du Nigéria, non moins envoyé spécial et médiateur de la Cédéao au Mali, Goodluck Ebele Jonathan, le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou ; le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, chef de la Mission multidimensionnelle de stabilisation au Mali (Minusma), El-Ghassim Wane.
Le communiqué final indique clairement que le Sommet extraordinaire a été convoqué pour faire le point sur la crise sociopolitique qui prévaut au Mali à la suite de l’arrestation, de la détention et des démissions subséquentes du président et du Premier ministre de la transition le 26 mai 2021, ainsi que pour déterminer la prochaine ligne d’action pour la transition.
Notons qu’après la présentation du rapport de l’ancien président de la République fédérale du Nigéria, envoyé spécial et médiateur de la Cédéao au Mali, Goodluck Ebele Jonathan, les chefs d’État ont exprimé de vives et profondes inquiétudes face à la crise actuelle au Mali, qui arrive à mi-chemin de la fin de la période de transition convenue, dans le contexte des défis de sécurité liés aux attaques terroristes incessantes et à la pandémie de Covid-19, avec ses conséquences socio-économiques désastreuses.
Les chefs d’État condamnent fermement ce récent coup d’État, qui est une violation des décisions prises lors du sommet extraordinaire tenu à Peduase Lodge, Aburi, Ghana, le 15 septembre 2020 et une violation de la Charte de transition. Avant de demander la libération immédiate et sans condition de l’ancien président et du Premier ministre de la transition, assignés à résidence.
Après de longues discussions sur la situation au Mali, les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé l’importance et la nécessité de respecter le processus démocratique d’accession au pouvoir, conformément au Protocole de 2001 de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ils condamnent en particulier toutes les actions qui ont conduit à l’instabilité persistante au Mali et ses conséquences dans la région ; ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la Cédéao conformément aux dispositions de la Cédéao ; demandé la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil et la formation d’un nouveau gouvernement inclusif pour poursuivre le programme de transition.
Les chefs d’Etat de la sous-région ont également réaffirmé la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois décidée à Accra car, dans ce contexte, la date du 27 février 2022 déjà annoncée pour l’élection présidentielle doit être absolument maintenue. Pour cela, un mécanisme de suivi sera mis en place à cet effet. Par ailleurs, ils ont réitéré les décisions antérieures selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président et le Premier ministre de la transition ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle. Avant de réaffirmer le soutien de la Cédéao pour accompagner le processus de transition au Mali.
La Sommet a exhorté tous les partenaires internationaux, notamment l’Union africaine, les Nations Unies et l’Union européenne à continuer à soutenir le Mali dans la mise en œuvre réussie de la transition. Aussi, les chefs d’Etat de la Cédéao ont félicité et encouragé le Médiateur à persévérer dans ses efforts de médiation et à rester saisi de la situation au Mali à travers le Comité local de suivi.
Précisons qu’à l’issue du Sommet, les chefs d’État ont appelé à la mise en œuvre immédiate de toutes ces décisions conformément au calendrier de transition défini. À cette fin, ils exhortent le Médiateur à retourner au Mali dans un délai d’une semaine pour impliquer les parties prenantes à ces décisions.
Pour finir, les chefs d’État ont exprimé leur gratitude au président de la République du Ghana et non moins président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, pour la convocation de ce Sommet extraordinaire sur la situation politique au Mali et pour les moyens mis à disposition pour assurer le bon déroulement du Sommet extraordinaire.
Synthèse de Boubacar PAÏTAO