Réunis en Sommet extraordinaire à Dakar, les chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont planché, jeudi, sur la situation au Mali et en Guinée-Bissau afin d’y apporter des conclusions de sortie de crises. A l’issue, il y a eu des mises en garde, mais peu d’espoir
Dans la déclaration finale lue par Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la CEDEAO, les chefs d’Etat ont pris d’importantes mesures sur les deux « maillons faibles » de la communauté ouest africaine, le Mali et la Guinée-Bissau. Pour ce qui concerne notre pays, le Mali, la conférence des Chefs d’Etat condamne avec fermeté les affrontements qui ont débuté le 30 avril 2012 à Bamako entre les différentes composantes des forces armées et déplore leurs impacts négatifs sur la vie et la sécurité des populations. La Conférence a cependant instruit la Commission de la CEDEAO d’apprêter la force en attente pour son déploiement, dès que les autorités maliennes en feront la requête. À l’endroit des nouvelles autorités de transition, les chefs d’Etat demandent l’accélération de l’élaboration de la feuille de route de transition avec un chronogramme d’actions, des dispositions législatives organisationnelles et opérationnelles devant mener à la tenue d’une élection présidentielle et à la restauration totale de l’ordre constitutionnel y compris la mise en place d’un cadre de conventions sur des questions relatives à la transition avec la médiation. Et ils convient, par ailleurs, les forces de l’armée malienne à s’abstenir de toute action qui pourrait embarrasser la transition. «Toute personne qui perturberait la transition s’exposera aux sanctions ciblées telles que contenues dans sa décision du 29 mars 2012», tel est leur avertissement. Selon M. Ouédraogo, la CEDEAO a demandé au médiateur, Blaise Compaoré, de faire la revue du rôle du CNRDRE dans la transition, en consultation avec les autorités de la transition.
Pour la Guinée-Bissau, « La région ne saurait tolérer cette défiance perpétuelle des militaires bissau-guinéens qui, au mépris des règles constitutionnelles, tentent d’imposer leur volonté à leur peuple”, a déclaré Désiré Kadré Ouédraogo, qui a également appelé à « davantage de fermeté ».
Beaucoup d’angoisse
Brisés, nos chefs d’Etat redoutent néanmoins que les déterminations affichées par l’organisation ouest-africaine ne suffisent à rétablir l’ordre constitutionnelle dans ces deux pays. Des pessimistes s’acharnent à avancer que la force que la CEDEAO veut mettre en place au Mali ne sera pas d’une grande efficacité. Dans une région comme le nord du pays, selon eux, elle est même inadéquate pour mener la guerre dans le Nord-Mali. Avec tout ce qui ce passe actuellement, nous nous rendons compte que la CEDEAO est limitée militairement, mais aussi politiquement. Les longues attentes devant les salles de huis clos pour des communiqués finaux presque vides et répétitifs témoignent qu’elle peine souvent à parler d’une même voix. A titre de rappel, l’Ecomog est le bras armé de la CEDEAO, elle a été créée CEDEAO en 1990 pour intervenir au Liberia, alors en proie à une guerre civile. Conçue au départ comme une solution temporaire, elle en fait alors une force permanente en 1999. Outre le Liberia, l’Ecomog est intervenue en Sierra Leone, en Guinée-Bissau, (où elle va ré intervenir) et en Côte d’Ivoire ; et bientôt au mali, si l’on la sollicite.
Outre le président par intérim et le Premier ministre de transition du Mali, respectivement Dioncounda Traoré et Cheikh Modibo Diarra, les présidents de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara, du Sénégal Macky Sall, du Burkina Faso Blaise Compaoré, du Ghana John Atta Mills, du Togo Faure Gnassingbé et du Liberia Hellen Johnson-Shirleaf, entre autres, ont pris part à la réunion de Dakar. Les chefs d’Etat de la Gambie Yaya Jammeh, du Nigeria Goodluck Jonathan, du Niger Mamadou Issoufou étaient également présents, de même que le Premier ministre du Cap Vert Jose Maria Pereira Neves. Le représentant des Nations unies en Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Cheikh Hadjibou Soumaré, les ambassadeurs du Portugal, des Etats-Unis, de France, d’Algérie, de Belgique, du Canada, entre autres, ont également assisté à la rencontre.
Rokia Diabaté