Les chefs d’Etat des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont à nouveau réunis. C’était le 24 février à Abuja, avec au menu, la sortie «sans délai», le 28 janvier dernier, du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation et la levée des sanctions à l’encontre de Niamey.
La Cedeao a ainsi plié l’échine, en décidant de la levée «avec effet immédiat» des plus lourdes sanctions imposées au pays depuis la prise du pouvoir par des militaires depuis juillet 2023, selon l’annonce fait par Omar Alieu Touray, le président de la Commission.
Les frontières et l’espace aérien nigérien sont par conséquent rouvertes et les transactions financières entre les pays de la Cedeao et le Niger de nouveau autorisées en même temps que le dégel des avoirs de l’Etat nigérien «pour des raisons humanitaires», a-t-il détaillé. Quant aux sanctions individuelles et politiques, elles demeurent en destinée, selon ses explications.
En contrepartie, les chefs d’Etat ont réclamé « la libération immédiate » du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, détenu avec son épouse par le régime militaire depuis sept mois.
Pour ce qui concerne le retour à l’ordre constitutionnelle, la Cedeao n’exclut pas de changer de fusil d’épaule, à en juger le propos de son président en exercice, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu qui a proposé à ses homologues de revoir leur approche quant au retour de l’ordre constitutionnel au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée.
Alors que les autorités de trois de ces quatre pays considèrent leur décision de retrait de la Cedeao «irréversible», le président nigérian les a par ailleurs invités à reconsidérer leur décision. Notons que cet allègement intervient alors qu’aucun des pays n’affiche pour l’heure une intention claire de respecter son engagement d’un retour à l’ordre républicain par l’organisation d’élections. Les calendriers promis à la CEDEAO sont tour à tour foulés aux pieds ou relégués aux calendes au grand dam de la démocratie ainsi que de classes politiques muselées par leur perte de crédit et la baillonnette de nouveaux maîtres en treillis.
Amidou Keita