Sommet Extraordinaire à Abidjan : La Cedeao impose une feuille de route pour la transition au Mali

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La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, réunie a Abidjan le jeudi dernier, tout en prenant acte de la mise en place des organes de transition, a fixé cette période de transition malienne à douze mois. Au cours desquels le président par intérim devra organiser les élections, faciliter le retour au Mali de l’ex-Président Amadou Toumani Touré et des autres personnalités, déployer les services de l’administration. La conférence a également mis en garde la junte militaire contre toute action isolée qui mettrait à mal ce processus ; avant d’annoncer « le déploiement, avec effet immédiat, de la force de la Cédéao pour aider le Mali à retrouver rapidement son intégrité territoriale». Des résolutions ont aussi été prises par rapport à la question bissau-guinéenne.

Le Mali est «dans une dynamique de transition » mais « l’autorité du pouvoir civil doit être renforcée et affirmée », a déclaré Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao. En Guinée-Bissau, « nous ne pouvons tolérer plus longtemps cette usurpation du pouvoir par la junte» après le coup d’Etat militaire du 12 avril, a averti M. Ouattara. Les putschistes doivent «se retirer» et une transition doit «rapidement» être mise en place, a-t-il souligné. S’agissant toujours de la Guinée Bissau, le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, est allé plus loin en dénonçant, sur un ton de colère,  «les velléités de comportement autocratique des éléments de la junte».

Avant de débuter leur séance à huis-clos, les chefs d’État ouest africains ont décidé de débloquer 1,5 milliard de Fcfa afin de lutter contre la crise humanitaire qui sévit dans le Nord du Mali. Pour cela, le président en exercice de la Cédéao, Alassane Ouattara, a remis un chèque de ce montant au président intérimaire malien, le Professeur Dioncounda Traoré. Déploiement immédiat d’une force régionale au Mali

À l’issue de ce sommet extraordinaire, les chefs d’État ont annoncé le déploiement immédiat d’une force régionale au Mali. Le 22 mars, le putsch  a favorisé la chute du Nord désormais entre les mains de rebelles touaregs et de groupes islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Eddine. «Il s’agit d’aider à sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire de Bamako et de parer à toute éventualité dans l’hypothèse de l’usage de la force pour le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali », a expliqué le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo. Pour l’instant, la question d’une intervention militaire en plein désert du Nord malien est encore en suspens, malgré les nombreuses menaces des pays de l’Afrique de l’Ouest. «On attend les négociations d’abord. Le premier contingent veillera à sécuriser la transition. Mais il n’est pas exclu que des unités combattantes soient envoyées plus tard en cas d’échec des discussions», a précisé Désiré Kadré Ouédraogo.

Six-cents hommes en Guinée-Bissau

La situation en Guinée-Bissau est également au point mort : à la suite du coup d’État du 12 avril un accord conclu entre la Cédéao et les putschistes locaux a permis la mise en place d’autorités civiles de transition. Mais à l’instar du Mali, les militaires ont montré qu’ils n’entendaient pas se laisser mettre hors-jeu. Même si Manuel Serifo Nhamadjo, le président de la transition proposé le 19 avril par les militaires, a décliné l’offre, considérant “qu’elle sortait de la légalité” tandis que le Président, Raimundo Pereira, qui assure l’intérim du pouvoir depuis le décès prématuré du président Malam Bacaï Sanha en janvier dernier est toujours détenu par les mutins.

Il est nécessaire de rappeler que le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, le président de la Commission de l’Ua, Jean Ping, ainsi que le président mauritanien, un représentant de l’Algérie (les pays du Champs) ont  également assisté à cette réunion.

Le Président par intérim, Dioncounda Traoré, a rencontré la communauté  malienne  le vendredi matin, à la Maison du Mali sise au quartier Plateau, avant de prendre son vol pour Bamako.

Rokia Diabaté, envoyée spéciale à Abidjan

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