Pas de sanctions économiques, ni d’embargo, encore moins de mesures d’isolement du Mali ! Pouvait-on ainsi se réjouir, après lecture des résolutions issues du sommet des chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), hier dimanche à Accra au Ghana. Cette rencontre était consacrée à l’examen de la situation politique en République du Mali et en République de la Guinée.
Ce dimanche tous les yeux étaient rivés vers Accra, la capitale ghanéenne. En effet l’organisation sous régionale devait se statuer sur la situation politique du Mali et de la Guinée. Deux pays qui ont connu une situation de coup d’Etat, vivant dans une situation de transition politique.
Au cours de ce sommet extraordinaire, les Chefs d’Etats de la CEDEAO ont fait le point de la situation politique dans les deux pays. Et l’un des point principaux ayant fait l’objet de discussion au cours de ce sommet extraordinaire est le respect des délais fixés pour la tenue des élections présidentielles devant conduire à un pouvoir civil au Mali comme en Guinée.
Après le coup d’Etat du 18 aout au Mali, les militaires qui ont pris le pouvoir ont dissout le gouvernement, l’assemblée et suspendu la Constitution. Et la CEDEAO avait pris des sanctions, essentiellement économiques et suspendu le pays des instances de l’organisation communautaire. Ces sanctions ont été levées à la suite des engagements pris par les putschistes relatifs notamment à une transition de 18 mois, à compter de septembre 2020. Et à cet effet, les élections générales doivent se tenir le 27 février 2021. Et lors du sommet extraordinaire du 16 septembre 2021 à Accra, l’organisation sous régionale a exigé des militaires maliens le respect strict de ce calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. Après la visite du Président en exercice de la CEDEAO, le ghanéen Nana Akufo Addo à Bamako, la CEDEAO a eu la sensation que les autorités de la transition au Mali n’ont pas la volonté de tenir les élections en février 2021. Raison pour laquelle, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat a été convoqué ce dimanche 7 novembre pour mettre certaines conditions en place afin que le délai de la transition soit respecté au Mali. Et des sanctions étaient attendues à l’encontre du Mali et la Guinée à la suite de ce sommet extraordinaire.
Sanctions de la CEDEAO : plus de peur que du mal !
A la suite de ce Sommet extraordinaire sur le Mali et la Guinée, des résolutions ont été adoptées.
Concernant le Mali, l’Autorité se dit préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, en raison des incertitudes accrues dans le pays. A cet effet, elle appelle les autorités de transition à intensifier leurs efforts pour améliorer la situation sécuritaire, notamment en assurant une présence effective de l’Etat dans les zones touchées. Dans ce contexte, l’Autorité appelle les pays voisins à renforcer leur présence sécuritaire le long de leurs frontières avec le Mali et charge la Commission de l’Union africaine en vue d’améliorer la situation sécuritaire au Sahel.
Sur le plan politique, le Président de la CEDEAO a informé l’Autorité de la notification officielle par les autorités de la Transition de leur incapacité à respecter l’échéance de transition de février 2022.
« L’Autorité déplore vivement l’absence de progrès dans la préparation des élections, y compris l’absence d’un calendrier détaillé des activités pour la conduite des élections aux dates convenues », a déclaré le sommet. Et de ce fait, l’Autorité réitère la nécessité de respecter le calendrier de transition en ce qui concerne les élections prévues le 27 février 2022 et appelle les autorités de la transition à agir en conséquence pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En conséquence, l’Autorité appelle la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que les autorités de transition respectent leur engagement en faveur d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Conformément à la décision prise le 16 septembre 2021, « l’Autorité décide d’infliger des sanctions avec effet immédiat aux personnes et groupes identifiés, y compris l’ensemble des autorités de transition et autres institutions de transition. Ces sanctions seront également imposées aux membres de leurs familles », a précisé le communiqué de ce sommet d’Accra.
En effet, pour l’Autorité ces sanctions comprennent une interdiction de voyager et un gel de leurs avoirs financiers. Ainsi, le Président de la Commission est chargé d’examiner et de proposer des sanctions supplémentaires lors de sa prochaine session ordinaire le 12 décembre 2021, si la situation persiste. Par ailleurs, l’Autorité condamne l’expulsion du Représentant permanent de la CEDEAO au Mali dans ce contexte critique et appelle les autorités de la transition à maintenir l’esprit de dialogue et de collaboration avec la Commission de la CEDEAO pour assurer une transition réussie.
Au Mali, certaines opinions attendaient des sanctions lourdes de la CEDEAO, notamment des sanctions économiques mais la CEDEAO a été clémente envers la population du Mali. On peut dire qu’il y a eu plus de peur du mal.
Adama Tounkara (stagiaire)