La rencontre a pris plusieurs grandes décisions comme la mise en place effective du Tarif extérieur commun et d’un marché commun et la création d’une monnaie commune.
Une session extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est réunie vendredi à Dakar. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita participait au sommet. Cette rencontre s’est penchée sur l’approfondissement du processus d’intégration économique à travers l’adoption du Tarif extérieur commun de l’organisation, la mise en place d’un marché commun, la création d’une monnaie commune d’ici à l’horizon 2020.
Réunis autour du président en exercice de l’organisation, Alassane Ouattara, les dirigeants de la communauté ont pris acte des memoranda du président de la Commission portant notamment sur le tarif extérieur commun, le prélèvement communautaire d’intégration (PCI), sur les accords de partenariat économique (APE) et le programme d’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest. Ils ont également pris acte du rapport du président du Conseil des ministres sur la session extraordinaire de la Communauté, qui s’est penchée le 30 septembre 2013 sur ces différentes problématiques de la consolidation du marché régional. Saluant la qualité de ces différents rapports et la pertinence des recommandations qui y sont contenues, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur ferme engagement pour le développement de la région à travers l’approfondissement de l’intégration économique.
C’est ainsi qu’au titre de la consolidation du marché commun, ils ont souligné l’importance de l’union douanière comme une étape décisive et irréversible dans le processus de consolidation du marché commun. La Conférence a rappelé ainsi ses décisions pertinentes prises antérieurement pour consacrer notamment la mise en place effective du Tarif extérieur commun et s’est félicitée en particulier du processus participatif qui a prévalu dans l’identification des grandes lignes directrices de l’approfondissement du marché régional et de la flexibilité dont les Etats membres ont fait preuve dans la détermination consensuelle de la structure définitive du Tarif extérieur commun et de l’ensemble des mesures d’accompagnement. Ils ont entériné également les mesures complémentaires de protection relatives à la taxe d’ajustement à l’importation (TAI) et à la taxe complémentaire de protection (TCP) pour permettre un ajustement progressif de l’application harmonieuse du Tarif extérieur commun qui interviendra à partir du 1er janvier 2015. Dans cette perspective, la Conférence instruit au président de la Commission à prendre toutes les dispositions nécessaires, dans le cadre du mécanisme institutionnel de gestion du TEC, pour veiller au bon fonctionnement du dispositif à travers notamment une évaluation périodique de la mise en œuvre de cet instrument de consolidation du marché commun.
UNE PERIODE TRANSITOIRE DE 5 ANS. En vue de consolider le marché régional, le sommet exhorte les Etats membres à observer scrupuleusement le schéma de libéralisation des échanges à travers l’application stricte des règles d’origine de la CEDEAO et la poursuite des efforts pour la levée des barrières non tarifaires et à réactiver la politique industrielle de la Communauté.
Au titre du prélèvement communautaire d’intégration, le sommet a souligné la nécessité d’uniformiser les droits et taxes de porte que requiert la mise en place du Tarif extérieur commun. Il a réaffirmé son engagement pour l’instauration d’un prélèvement communautaire unique au niveau du cordon douanier de la région, et décidé en outre de maintenir les prélèvements communautaires existant au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA sur une période transitoire de cinq ans.
Pour ce qui est des accords de partenariat économique avec l’Union européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur attachement à la conclusion d’un APE régional équitable et axé sur le développement. Ils se sont félicités des efforts engagés par les deux parties en négociation pour dégager les domaines de consensus et rechercher des compromis aux divergences persistantes. La Conférence a pris note du nouveau scénario d’offre d’accès au marché auquel la région est parvenue et qui tient compte de la cohérence recherchée avec le Tarif extérieur commun et les objectifs de développement envisagés à travers l’accord.
Sur la base de ces nouvelles propositions, le sommet a demandé aux négociateurs en chef de l’Afrique de l’Ouest de reprendre diligemment les discussions avec la partie européenne dans l’optique de conclure l’accord régional dans les meilleurs délais. Il en appelle à la flexibilité nécessaire des deux parties dans la recherche des compromis sur l’ensemble des questions pendantes et ce, dans l’intérêt des deux régions.
SOUTIEN AU MALI. Au titre de l’intégration monétaire, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté politique pour la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest ainsi que leur attachement au programme de coopération monétaire et à la feuille de route adoptés à cet effet. Tout en saluant les efforts engagés dans la mise en œuvre de cette feuille de route, la Conférence a exprimé sa détermination pour l’avènement de la monnaie unique. A cet égard, elle a exhorté les Etats membres, en particulier ceux de la seconde zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO), à prendre toutes les dispositions utiles pour assurer la convergence de leurs politiques macroéconomiques nécessaires à l’opérationnalisation de cette zone monétaire.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont confié le rôle d’impulsion et de suivi du processus de convergence monétaire à leurs homologues du Niger, Mahamadou Issoufou, et du Ghana, John Dramani Mahama. Ils ont aussi instruit au président de la Commission à prendre les mesures idoines, en collaboration avec l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) et l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO), pour accompagner les efforts des Etats et assurer la mise en œuvre diligente des activités de la feuille de route du programme de la monnaie unique de la CEDEAO.
Parlant de paix et de sécurité, les dirigeants de la CEDEAO ont condamné les actes terroristes dans le nord du Mali tout en réaffirmant leur soutien à rester aux côtés de notre pays pour venir à bout des jihadistes obscurantistes et barbares qui ne s’avouent pas encore vaincus.
Envoyé spécial
M. KEITA
—————–——————————–
Processus d’intégration au sein de l’UEMOA: L’ÉLAN A ÉTÉ AMPLIFIÉ
La 17è session de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) qui s’est tenue jeudi à Dakar a pris plusieurs décisions pour faire avancer les objectifs de l’Union en matière d’intégration économique et monétaire ainsi que la paix et la sécurité. A l’issue des travaux, les chefs d’Etat et de gouvernement ont instruit les organes et institutions communautaires de poursuivre les efforts en vue de l’opérationnalisation du chantier paix et sécurité pour assurer la quiétude des populations de l’Union. Ils ont signé, dans ce cadre, un acte additionnel instituant une politique commune de l’UEMOA dans le domaine de la paix et de la sécurité.
Examinant la situation économique et financière de l’UEMOA, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté de renforcer les performances économiques de l’Union, dans une vision d’émergence des économies de la sous-région à l’horizon 2020. Après avoir examiné les questions relatives au financement des économies de l’Union, ils ont salué les propositions formulées par le Haut comité ad hoc sur le financement des économies des Etats membres de l’UEMOA en vue d’accroître significativement le niveau des ressources mobilisées aux fins de financement des investissements dans l’Union. La conférence a noté, dans ce cadre, les efforts réalisés par la BCEAO, en vue d’un assouplissement de la politique monétaire. Elle a demandé à la Banque centrale de poursuivre les actions devant aboutir à une baisse du coût du crédit à la clientèle dans l’Union. Tenant compte des besoins importants de financement des infrastructures, la conférence a aussi demandé aux organes et institutions de l’Union de préserver le niveau du plafond de l’endettement tout en veillant à la qualité et à la soutenabilité de la dette.
Par ailleurs, les dirigeants de l’UEMOA se sont félicités des actions engagées en matière de sécurité alimentaire par le Comité de haut niveau. A ce propos, ils ont instruit les organes et institutions communautaires d’accélérer la réflexion au sujet du foncier rural aussi bien qu’urbain. La Conférence a, en outre, noté les avancées réalisées dans la mise en œuvre de l’Initiative régionale pour l’énergie durable (IRED) dont la deuxième phase est axée sur la réalisation de projets régionaux intégrateurs.
DANS UN CONTEXTE DE PAIX ET DE STABILITÉ – La Conférence a insisté sur l’interconnexion des réseaux de l’ensemble des Etats membres ainsi que sur l’adoption de choix stratégiques assurant à terme une réduction des tarifs de l’électricité dans l’Union. S’agissant de l’état du processus d’intégration de l’Union, la Conférence s’est penchée sur les questions d’intérêt commun à l’UEMOA et à la CEDEAO, notamment la coordination des actions relatives aux Tarifs extérieurs communs et aux prélèvements communautaires. Elle a été informée des progrès accomplis dans les négociations des Accords de partenariat économique avec l’Union européenne.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont, en outre, adopté un acte additionnel instituant une revue annuelle des réformes, politiques, programmes et projets communautaires au sein de l’espace UEMOA. Dans l’optique de donner une impulsion significative à la sécurité de l’aviation civile d’une part, et à la culture dans l’Union d’autre part, ils ont adopté un acte additionnel portant création de l’Agence communautaire de supervision de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile et un acte additionnel portant institution de la politique commune de développement culturel au sein de l’UEMOA.
Sur le plan politique et social au sein de l’Union, la conférence a adressé ses vives félicitations au chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Kéita, pour sa brillante élection à la Présidence de la République du Mali. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont, en outre, relevé le bon déroulement des élections législatives au Togo, dans un contexte de paix et de stabilité. Dans cette même dynamique, ils ont encouragé les autorités et tous les autres acteurs politiques de Guinée-Bissau à tout mettre en œuvre pour parachever la transition en cours.
C’est le président du Bénin, Thomas Yayi Boni qui a été désigné pour assurer la présidence de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union. Il succède à ce poste son homologue du Togo, Faure Gnassingbé.
Envoyé spécial
M. KEÏTA