Situation au Mali : L’ADR s’insurge contre la décision de la CEDEAO

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Organiser sans délai la Convention nationale, lutter farouchement contre la corruption, poursuivre pour haute trahison ceux qui ont permis le délitement de la Nation et pillé le pays. Voilà, en substance, les points qui, selon l’Alliance pour la démocratie et la République (ADR), doivent dans l’immédiat retenir l’attention du gouvernement de transition. L’information a été donnée le samedi 28 avril à la faveur d’une conférence de presse animée à l’Hôtel Azalaï Nord-Sud par le président de l’Alliance, le Pr. Younouss Hameye Dicko.

Cette conférence, qui venait en prélude à une grande campagne de médiatisation des idéaux de l’ADR, a été l’occasion, pour les responsables de l’alliance, de dénoncer les décisions concernant le Mali à l’issue du sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le 26 avril à Abidjan, notamment sur la transition civile de 12 mois dirigée par le Chef de l’Etat  par intérim et sur l’envoi de troupes de la CEDEAO à Bamako et non au Nord, conformément aux promesses de la commission. « L’accord-cadre a été violé à travers la fixation du délai de la transition à douze mois sans que l’avis des Maliens, appartenant à un pays indépendant et souverain, ne soit pas pris en compte ». C’est en ces termes que les leaders de l’ADR contestent les mesures de la CEDEAO contre le Mali. Pour rappel, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont tenu une session extraordinaire le 26 avril à Abidjan (Côte d’Ivoire) afin d’examiner la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali et en Guinée Bissau. Evoquant les décisions prises lors de ce sommet, l’ADR rappelle que les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Commission décident de porter la transition au Mali sur une période de 12 mois au cours desquels les élections présidentielles doivent être organisées pour choisir un nouveau Président. L’alliance rappelle aussi un autre aspect de ce même point : « le Sommet décide également d’étendre le mandat des organes de transition, notamment ceux du Président par Intérim, du Premier Ministre et du Gouvernement, sur cette période de 12 mois pour assurer la continuité de la gouvernance du pays dans la limite des pouvoirs qui leurs sont conférés par la Constitution ».

Après avoir rappelé les deux aspects de cette décision, l’ADR estime qu’il n’appartient pas à la CEDEAO de décider seule de l’avenir du Mali sans le point de vue des Maliens, habitants d’un pays souverain et indépendant. L’ADR précise qu’à Ouagadougou, il a été clairement dit que  la durée de la transition dépendra du temps qu’on mettra à recouvrir tout le territoire occupé,  avant de questionner  en ces termes : « Cela est-ce possible en un an ? ». Mais l’alliance « déplore »  le fait que les contours de la transition soient « discutés » en dehors du Mali (c’est-à-dire à Abidjan) et des Maliens avant de s’insurger contre l’inexistence  de structures organisées au Mali, pour « contester » les décisions de la CEDEAO. Dans leurs « inquiétudes » par rapport à la durée de la transition, les leaders de l’ADR soulignent : « En cas  d’incapacité ou d’incompétence  du gouvernement, sachant que l’Assemblée nationale ne peut pas le démettre, que faire alors pendant ces 12 mois ? ».  Dans les propositions de solutions, le président de l’ADR, le Pr. Younouss Hamèye Dicko,  préconise « la tenue d’une convention ou d’une conférence nationale lors de laquelle l’ensemble des Maliens doivent décider de mettre de côté leurs égos, de se retrouver pour parler de l’avenir du Mali ». S’agissant du CNRDRE, l’ADR le soutient dans sa volonté de redresser la démocratie malienne et de restaurer l’Etat dont les fondements, selon elle, ont été sérieusement mis à mal par celui-là même qui aurait pu se targuer d’en être le père. L’ARD s’interroge également sur la position de la CEDEAO qui, rappelle-t-elle, « demande aux membres du CNRDRE de retourner dans les casernes et de se consacrer à leur mission régalienne de défense du territoire ». De l’avis des leaders de l’ADR,  la CEDEAO est obligée de tenir compte du CNRDRE, sinon, ajoutent-ils, « que vont décider les membres du CNRDRE, signataires de l’accord-cadre, étant dans les casernes? ».

Concernant le déploiement de la Force en Attente de la CEDEAO avec effet immédiat, conformément au mandat approuvé, l’ADR  voit en cela « l’envoi des militaires de la CEDEAO au Sud du Mali pour sécuriser les organes de transition ». D’où son interrogation : « Et le Nord du pays? ». Déjà, au sein de l’armée malienne, certains hauts gradés, notamment de Kati, ont clairement exprimé leur « désapprobation » face à l’arrivée des troupes de la CEDEAO au Mali. Face à cette situation, le Pr. Younouss Hamèye Dicko déclare que l’ADR prend acte du changement de régime intervenu au Mali, en raison des graves menaces qui pèsent sur le fondement même de notre Nation et placent les intérêts supérieurs du Mali au-dessus de toutes les préoccupations personnelles et partisanes. Et de conclure : « Fidèle à cette exigence de sursaut national et patriotique initié par le CNRDRE, l’ADR reste attachée aux engagements publics pris le 22 mars 2012 et demande au gouvernement le respect, entre autres, de la défense de l’intégrité territoriale par la libération des régions dans le Nord du Mali, la restauration de l’Etat et le redressement de la démocratie par l’organisation, dans les meilleurs délais, d’élections libres, transparentes et crédibles, à travers un fichier électoral propre et fiable qui reste encore un combat non gagné par la classe politique ».

Jean Pierre James

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