Sanctions de la CEDEAO/UEMOA contre le Mali : Divorce envisagé, mais avec des contraintes

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Après les sanctions ciblées à l’endroit des autorités de la transition du Mali, des sanctions supplémentaires viennent d’être prises lors du sommet d’Accra du dimanche 9 janvier. Celles-ci sont considérées comme des violations répétées des principes de la CEDEAO par le Gouvernement du Mali. A travers son communiqué, le Gouvernement du Mali veut tirer toutes les conséquences de cette volonté d’isoler le pays et se réserve le droit de « réexaminer sa participation à ces entités internationales, dont la CEDEAO ». La rupture du Mali d’avec l’organisation régionale est donc si proche…

Dans son communiqué numéro 007, le Gouvernement de la République du Mali, à travers son porte-parole, le Col Abdoulaye Maïga, a indiqué qu’il a appris avec stupéfaction les sanctions économiques et financières prises à l’encontre du Mali à l’issue des sommets extraordinaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), tenus le 09 janvier 2022 à Accra, en République du Ghana. Pour lui, ces mesures contrastent avec les efforts fournis par le Gouvernement et sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis avec la CEDEAO sur le chronogramme des élections au Mali.

A l’en croire, le Gouvernement du Mali condamne énergiquement ces sanctions illégales et illégitimes prises par l’UEMOA et la CEDEAO, organisations pourtant fondées sur la solidarité et l‘idéal panafricain, curieusement au moment où les Forces Armées Maliennes (FAMa) engrangent des résultats spectaculaires dans la lutte contre le terrorisme, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’une décennie.

C’est à ce niveau que la thèse du complot se crédibilise davantage. Pourquoi c’est au moment où l’Armée malienne réalise de francs succès dans la lutte contre le terrorisme avec l’appui du partenaire russe que la CEDEAO et l’UEMOA décident d’étouffer économiquement le pays ? Curieusement, c’est suite aux récriminations de la France contre un contrat supposé de l’Etat malien avec la société privée russe Wagner sur un déploiement de mercenaires pour lutter contre les terroristes dans le pays. Ce qui confirme que le Mali est victime d’un complot international visant à le faire…disparaître ! Tout semble mis à contribution pour atteindre ce funeste objectif.

« Concernant l’UEMOA, un embargo décidé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement, applicable à un Etat souverain constitue une violation manifeste du Traité de l’UMOA et des statuts de la BCEAO. En outre, le gel des avoirs d’un Etat, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Banque centrale, qui reste un organe indépendant auquel chaque Etat membre a concédé son droit souverain d’émission » a martelé le porte-parole du Gouvernement.

En effet, concernant la CEDEAO, il indiquera que le Gouvernement dénonce et rejette les décisions suivantes qui ne sont fondées sur aucun texte communautaire : la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali, la suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali, le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO, le gel des avoirs de l’Etat malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO.

Ainsi, ajouta-t-il, le Gouvernement du Mali regrette que des organisations sous régionales ouest africaines se fassent instrumentaliser par des puissances extra régionales aux desseins inavoués. « Dans les heures à venir le Gouvernement du Mali prendra toutes les mesures nécessaires en vue de riposter à ces sanctions malencontreuses. Le Gouvernement du Mali déplore le caractère inhumain de ces mesures qui viennent affecter les populations déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire, notamment celle de la COVID-19.Le Gouvernement du Mali invite les populations au calme et à la retenue » a-t-il affirmé.

Et le Colonel de rajouter que  face à toute éventualité de déploiement des forces étrangères contre notre pays, le Gouvernement du Mali appelle les Forces de Défense et de sécurité, ainsi que la population, à redoubler de vigilance et à rester mobilisées. Le Gouvernement du Mali en appelle à la solidarité et à l’accompagnement des pays et institutions amis. D’ores et déjà, sur la base de la réciprocité, le Mali décide de rappeler ses Ambassadeurs accrédités dans les Etats membres de la CEDEAO et de la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec les Etats concernés. Le Gouvernement du Mali tient à rassurer l’opinion nationale que des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens appropriés. Au regard des violations répétées des textes, principes et objectifs de ces organisations, le Gouvernement du Mali tirera toutes les conséquences et se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités » a conclu le Col Abdoulaye Maïga.

Abréhima GNISSAMA

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1 commentaire

  1. Il faut que les maliens cessent de croire à ce mot maintenant, “le panafricanisme” nous savons qu’un jour l’Afrique ira vers ça, mais ce n’est pas maintenant. Nous nous sommes trop donnés au sein de ces organisations africaines et sous régionales, alors que nous gagnons très peu mêmes dans les postes statutaires à l’intérieur des ces organisations, c’est les autres pays qui en profitent très fortement, cela fait très mal. Nous demandons aux maliens d’ouvrir rapidement les yeux pour comprendre qu’il faut accepter tous les groupements du monde ici bas mais avec beaucoup de tacts et d’intelligence. et il faut que nous nous battions pour assurer le leadership de ces organisations en ouvrant la porte à nos compatriotes aussi, car personne seule ne peut gagner une lutte sans l’appui de ses propres frères au sein d’une entité.

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