Sanctions, coup d’état, terrorisme : Comment la Cedeao a sauvé le Mali

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CEDEAO
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Voulant tout simplement sauver le Mali du chaos après le coup d’Etat du 22 mars 2012, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est presque mis à dot une partie du peuple. Cet accueil froid était une méconnaissance du rôle de la Cedeao selon Touré Chiaka, le représentant spécial de l’institution communautaire, qui était face à la presse le 5 mai dernier.

 

 

Fin mars 2012, lorsque cinq chefs d’Etat de la communauté s’étaient fait l’obligation de venir à Bamako en vue de convaincre les putschistes de rétablir l’ordre constitutionnel, des forcenés avaient pris d’assaut l’aéroport, forçant leur avion à rebrousser chemin alors qu’il s’apprêtait à atterrir.  Il y avait une volonté de porter atteinte à la vie de ces chefs d’Etat à en croire le représentant spécial de la Cedeao, car les phases d’atterrissage d’un avion étant critiques.

 

 

Le Mali était déjà divisé, puisque dans la même journée des jeunes pro-putschistes et d’autres jeunes fidèles à l’ordre constitutionnel s’affrontaient à coups de pierres devant la Bourse du travail de Bamako.

 

 

Pour la Cedeao, il fallait des sanctions économiques pour forcer la main de la junte, ce qui fait partie du dispositif de gestion des conflits et crises au sein de la communauté dont le Mali est membre fondateur. C’est ainsi que les autres pays membres de la Cedeao ont fermé leurs frontières avec le Mali en application des sanctions prises.

 

 

La banque centrale de la communauté ayant également suspendu ses activités d’émission d’argent, le capitaine Sanogo prit conscience de la gravité de la situation qui tournait à sa défaveur. Des émissaires nuitamment dépêchés à Wagadougou ont rencontré des responsables de la Cedeao qui ont fait comprendre aux putschistes que le coup d’Etat ne passe pas quelles que soient les raisons avancées.

 

 

Rétablissement de l’ordre constitutionnel

Finalement, Sanogo accepta le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans une déclaration le 1ER avril, mais la Cedeao lui a sollicité la signature d’un accord qui est devenu l’accord du 6 avril. Mais le président ATT qui ne voulait plus être mêlé à la gouvernance du pays a rendu sa démission dans la foulée de la signature de cet accord. Ainsi, Dioncouda Traoré, président de l’Assemblée nationale devint président de la République par intérim le 12 avril 2012.

 

 

Alors que la communauté internationale ne voulait pas venir faire la guerre au Mali, les efforts de la Cedeao ont ouvert la voix à l’intervention étrangère. «Si la Cedeao ne s’était pas entêtée, personne n’allait intervenir », a affirmé Touré Chaka. Malgré les railleries, la force en attente de la Cedeao a été constituée pour intervenir et les responsables de la communauté ont sollicité l’aide des puissances occidentales dont la France.

 

On se souvient des cris de cœur de Thomas Yahi Boni, le chef d’Etat béninois, auprès de François Hollande nouvellement élu. Le chef d’Etat français ne voulant pas prendre le risque d’engager ses troupes dans une guerre étrangère sans caution juridique internationale demande que la Cedeao s’adresse aux Nations Unies.

 

 

Mais les résolutions 2056, 2071 et 2085 laissent comprendre que la communauté internationale ne voulait pas faire la guerre au Mali. Néanmoins, la Cedeao est parvenue à pré positionner des  avions français et d’autres matériels de guerre au Burkina Faso, tandis que les jihadistes peaufinaient leur plan d’attaquer Konna pour cheminer vers le sud du pays.

 

Des rumeurs autours de ce dispositif avaient amené les soutiens de Sanogo à avancer la thèse d’un complot de la Cedeao pour envahir le Mali afin de liquider les putschistes.

C’est bien avant l’éclatement de la crise malienne que la communauté ouest africaine s’est impliquée pour éviter le pire. Depuis novembre 2011, le système d’alerte précoce mis en place pour collecter des informations dans chaque pays avait permis de mettre en garde les autorités maliennes sur la menace terroriste. Et le coup d’Etat est intervenu alors que des émissaires de la communauté étaient à Bamako.

 

Soumaïla T. Diarra

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