A l’issue des sommets extraordinaires tenus par la Cédéao et de l’Uémoa, le dimanche 9 janvier, à Accra, plusieurs sanctions ont été prononcées contre le Mali. Les plus sévères étant celles économiques et financières, le gouvernement du Mali a déploré leur caractère inhumain malgré sa disponibilité au dialogue en vue de trouver un compromis.
Réunis au Ghana, les Chefs d’Etat et de gouvernement des deux organisations sous-régionales n’ont pas été cléments avec les autorités actuelles du Mali. Ils reprochent à ces dernières un « manque évident et flagrant de volonté politique » à l’origine, disent-elles, de l’absence de tout progrès tangible dans la préparation des élections dans notre pays. Comme punitions, des sanctions drastiques ont été prononcées. Elles sont relatives notamment à la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec les pays de la Cédéao, la suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la Cédéao et Mali, le gel des avoirs du Mali dans les Banques centrales et commerciales de la Cédéao, ainsi que la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la Cédéao (BIDC et BOAD).
En réaction, le gouvernement du Mali a qualifié ces sanctions d’illégales et illégitimes. Des décisions malencontreuses, selon les autorités de la transition, de la part des organisations pourtant fondées sur la solidarité et l‘idéal panafricain.
Dans un communiqué lu à la télévision nationale tard dans la nuit de dimanche à lundi, le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a rappelé que cet embargo imposé à un Etat souverain comme le Mali constitue une violation manifeste du Traité de l’Uémoa et des statuts de la Bcéao. « En outre, le gel des avoirs d’un Etat, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque Etat membre a concédé son droit souverain d’émission », a-t-il ajouté.
Rejetant les sanctions relatives à la fermeture des frontières, la suspension des transactions commerciales et le gel des avoirs du Mali pour leur illégitimité et auxquelles il a promis de riposter, le gouvernement du Mali a manifesté son regret de voir que la Cédéao et l’Uémoa ‘’se fassent instrumentaliser par des puissances extra régionales aux desseins inavoués’’.
Comme une réponse du berger à la bergère, le Mali a décidé de rappeler ses ambassadeurs accrédités dans les Etats membres de la Cédéao et de la fermeture de ses frontières terrestres et aériennes avec les Etats concernés et déclaré qu’il se réserve le droit de réexaminer sa participation à ces entités.
Invitant la population au calme et à la sérénité, le Colonel Abdoulaye Maïga a rassuré que des dispositions ont été prises pour assurer l’approvisionnement normal du pays par tous les moyens appropriés face à ces sanctions qu’il a qualifiées d’inhumaines et qui viennent affecter les populations déjà durement éprouvées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire, notamment celle de la Covid-19.
Alassane CISSOUMA