Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, a accueilli du mercredi 17 au vendredi 19 novembre dernier, la 41ème réunion du comité des Chefs d’État-major de la CEDEAO (communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Ce conclave des hauts-gradés de la structure sous-régionale, le 41e du genre, s’est penché sur la reconfiguration de l’opération Barkhane et ses possibles conséquences dans la sous-région.
L’on peut dire d’entrée de jeu que cette rencontre a été opportune et cela, pour les raisons suivantes. Premièrement, le péril terroriste concerne presque tous les pays de la sous-région. En effet, si l’on devrait représenter tous les pays de la structure touchés par le phénomène en rouge, sur une carte, on se rendrait compte que l’hydre a poussé ses tentacules dans plus de 80% de l’espace CEDEAO. Ce que l’on craignait donc, à savoir l’expansion des activités des groupes terroristes actifs au Mali, au Niger et au Burkina Faso, vers les pays côtiers du golfe de Guinée, est devenu aujourd’hui réalité dans des pays comme le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire. En somme, et sans jouer forcément les rabat-joie, l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper, qu’aucun pays membre de la CEDEAO n’est à l’abri des terroristes.
L’autre raison qui explique que la réunion des haut-gradés de la CEDEAO intervient à propos, est liée au thème. En effet, ces derniers ont réfléchi ensemble, pendant trois jours, sur la configuration de l’opération Barkhane et ses possibles conséquences dans la sous-région. Le retrait de cette opération de certaines localités maliennes, est désormais une réalité à Kidal et à Tessalit. Et la dynamique se poursuivra dans bien d’autres localités.
Les populations meurtries n’attendent que des résultats
Cette nouvelle donne impliquera, de toute évidence, un réajustement de la riposte au terrorisme dans cette région et bien au delà. Il est donc logique et heureux que les responsables des armées de la zone, commencent sérieusement à réfléchir à l’après-Barkhane, de sorte à ce que le retrait des troupes françaises ne s’apparente pas à un boulevard ouvert aux forces du mal. En tout cas, le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, craint le retrait progressif des troupes françaises au Sahel. Le ministre ivoirien n’a pas forcément tort d’afficher cette inquiétude. Car, et c’est malheureux de le dire, nos armées manquent pratiquement de tout pour apporter la riposte qu’il faut aux terroristes. En bloc, chaque pays membre pris individuellement, n’inquiète nullement les terroristes. Cette triste réalité a tendance à devenir une lapalissade au regard des attaques terroristes récurrentes et meurtrières auxquelles les pays du Sahel sont en proie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Dans certains de ces pays dont nous taisons les noms, pour ne pas faire bondir de colère certains de leurs dirigeants, les terroristes ne méritent plus l’appellation commode de personnes non identifiées, puisqu’ils agissent de jour comme de nuit, à visage découvert. Et quand ils arrivent, ils font montre d’une cruauté hors norme à l’égard des populations et d’une puissance de feu extraordinaire qui bouscule tout sur leur passage. De ce point de vue, la seule alternative qui s’offre aux pays de la CEDEAO, si tant est qu’ils ne veuillent pas être rayés de la carte en tant que pays civilisés, est de se donner la main pour contrer le terrorisme. Et ils ont les ressources qu’il faut pour y arriver. Qu’un pays comme le Burkina ne dispose pas d’avion-cargo pour acheminer des vivres au front ou encore d’avions de guerre pour casser les reins des terroristes, n’est pas seulement une honte pour ce pays, mais aussi une honte pour l’ensemble des pays de la CEDEAO. Car, ne dit-on pas à juste titre que « la honte du vautour est celle de tous les oiseaux » ?
De manière impérative, cette rencontre, qui s’est achevé le vendredi dernier, a l’impérieux devoir de déboucher sur des mesures fortes, susceptibles non seulement de sauver des pays de la zone en détresse, mais aussi de bouter le terrorisme hors des frontières de la CEDEAO. Et cela se saurait se faire sans la mutualisation des ressources humaines comme matérielles, sans les opérations conjointes ainsi que le partage de renseignements. En tout cas, les populations meurtries n’attendent de cette rencontre des hauts-gradés de la CEDEAO, que des résultats. Car, l’heure n’est plus, pour des pays comme le Burkina, le Mali ou encore le Niger, aux longs discours sur l’insécurité au Sahel tenus dans des salons feutrés, mais à l’action pour faire changer la peur de camp.
A Diallo