Le Mali, en tant que nation riche en ressources et en potentiel humain, se trouve à un carrefour décisif de son développement économique. Envisager de quitter la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) pourrait sembler, à première vue, une démarche audacieuse, mais cela pourrait également ouvrir la voie à une nouvelle ère de coopération et de prospérité, notamment par le biais d’une coordination renforcée avec ses voisins immédiats, le Burkina Faso et le Niger, dans le cadre de l’AES (Alliance des États sahéliens).
Tout d’abord, il convient de souligner que la CEDEAO, bien qu’elle ait été conçue pour promouvoir l’intégration économique et le développement régional, a également été confrontée à des défis importants, notamment en matière de gouvernance, de sécurité et de cohésion économique.
Le Mali, en se retirant de cette organisation, pourrait se libérer de certaines contraintes bureaucratiques et réglementaires qui entravent son développement. Cela lui permettrait de concentrer ses efforts sur des partenariats plus ciblés et stratégiques avec le Burkina Faso et le Niger, deux pays partageant des défis similaires en matière de sécurité et de développement.
Dans un premier temps, le Mali pourrait envisager de renforcer ses échanges commerciaux avec ses partenaires sahéliens. Cela impliquerait la mise en place d’accords commerciaux bilatéraux favorables, visant à faciliter le commerce transfrontalier.
Par exemple, les échanges de produits agricoles, de ressources naturelles et de biens manufacturés pourraient être encouragés. En développant des corridors commerciaux efficaces et en améliorant les infrastructures de transport, tels que les routes et les points de passage frontaliers, le Mali pourrait non seulement stimuler sa propre économie, mais aussi contribuer à l’essor économique de ses voisins.
Ensuite, la coopération en matière de sécurité représente un autre axe crucial. Les menaces terroristes et les conflits internes qui touchent la région du Sahel exigent une réponse collective. En unissant leurs forces, le Mali, le Burkina Faso et le Niger pourraient mettre en place des initiatives conjointes pour lutter contre l’insécurité.
Une région plus stable attirerait davantage d’investissements étrangers, favorisant ainsi la création d’emplois et le développement des entreprises locales. De plus, une coopération en matière de renseignement et de partage d’informations pourrait renforcer la résilience des États face aux menaces communes.
Par ailleurs, le développement de projets d’infrastructure régionale pourrait constituer un levier significatif pour le Mali. En collaborant avec le Burkina Faso et le Niger, le Mali pourrait initier des projets d’envergure, tels que des systèmes d’irrigation, des barrages hydroélectriques ou des réseaux de transport multimodaux. Ces projets, en plus de créer des emplois, permettraient d’améliorer l’accès aux ressources et aux marchés, tout en favorisant une intégration économique régionale plus profonde.
Enfin, il serait essentiel que le Mali, tout en se retirant de la CEDEAO, veille à maintenir des relations diplomatiques constructives avec les autres États membres. La diplomatie régionale et internationale demeure un outil puissant pour négocier des accords favorables et pour garantir que les intérêts du Mali soient respectés sur la scène internationale.
En conclusion, bien que quitter la CEDEAO puisse sembler une décision radicale, cela pourrait également représenter une opportunité pour le Mali de redéfinir sa trajectoire économique.
En s’engageant dans une coopération étroite avec le Burkina Faso et le Niger, le Mali pourrait non seulement renforcer son économie, mais également contribuer à la stabilité et à la prospérité de toute la région sahélienne.
L’avenir du Mali dépendra en grande partie de sa capacité à tirer parti de ces nouvelles alliances et à mettre en œuvre des stratégies innovantes pour surmonter les défis qui se présentent.
Abdoul Karim Konaté/Analyste économiste/écrivain/chercheur à l’université de Nouakchott (Mauritanie)
NB : le titre est de la Rédaction.