L’organisation sous régionale, soucieuse de l’unité et de la cohésion semble laisser encore une fenêtre ouverte afin que le trois pays en rupture de ban, que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, puissent reconsidérer leur position en revenant sur leur décision de retrait de la CEDEAO. C’est pourquoi la conférence des Chefs d’Etat a mandaté Diomaye Diakhar Faye, Président de la République du Sénégal et Faure Essozimna Gnassingbé Eyadema, Président de la République du Togo afin qu’ils persuadent les trois présidents de l’AES à renoncer à leur projet de retrait et à retourner dans la grande famille sous régionale. Cette ultime main tendue de la CEDEAO sera-telle saisie par le Général d’armée Assimi Goita, le Capitaine Ibrahim Traoré et le Général Abdouramane Tiani ? Quelles pourraient être les conséquences d’une éventuelle séparation des deux entités, à savoir l’AES et la CEDEAO ?
C’est au moment où les indicateurs de performance et de bonne organisation, comparativement aux autres sous ensemble sous régionaux, sont au vert, c’est encore au moment où la CEDEAO fait des émules au point d’attirer des nombreux autres pays qui ne sont pas sur son aire géographique, que trois pays décident de la quitter sous prétexte qu’elle n’a pas mieux œuvré pour la stabilisation de ces pays. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays continentaux avec une économie basée à 70 % sur l’import, ont décidé de prendre leur destin en main en adressant une demande de retrait aux chefs d’Etat de la CEDEAO avec effet immédiat. Dans ce cas d’espèce, l’organisation conformément à son statut aura un an pour acter ou rejeter la demande de retrait. Cette date expirera le 29 janvier 2025. Lors du sommet ordinaire tenu en décembre 2024 à Abuja au Nigéria, la conférence des chefs d’Etat a décidé d’acter la sortie des pays de l’AES, mais a mandé les présidents sénégalais et togolais pour une ultime médiation et cela pendant une période de 6 mois. Passé ce délai la CEDEAO appliquera les mesures qui s’imposent en cas de retrait d’un membre.
Cette ultime main tendue de la CEDEAO sera-telle saisie par le Général d’armée Assimi Goita, le Capitaine Ibrahim Traoré et le Général Abdouramane Tiani ?
La probabilité pour les trois chefs d’Etat de revenir sur la décision de retrait de la CEDEAO est très minime, car ces trois Présidents ne sont plus prêts à se soumettre aux principes de l’organisation sous régionale ; qu’ils qualifient de diktat et d’ingérence dans les affaires internes d’un Etat souverain. Ils ne reconsidèreront leur position car ils sont contre le bannissement du coup d’Etat, le retrait des militaires sur la scène politique, à cela il faut ajouter le retour à l’ordre constitutionnel et des civils au pouvoir. La médiation n’aboutirait pas car la décision prise par les trois chefs d’Etat est devenue non seulement une question d’honneur, mais aussi et surtout un moyen de rester indéfiniment au pouvoir hors de tout cadre démocratique. Sinon les deux chefs d’Etat mandatés jouissent d’une certaine confiance et d’estime qui est d’ailleurs réciproque, mais ils ne pourront pas changer la position même en brandissant les conséquences sur les paisibles citoyens de l’ensemble des pays de la CEDEAO et particulièrement ceux de l’AES fortement handicapés par leur continentalité. Diomaye Faye et Faure Eyadema vont faire du tourisme diplomatique sans obtenir le moindre résultat, la preuve est que dans la foulée du sommet de la CEDEAO, le Président du Niger est sorti pour réaffirmer leur volonté commune à bâtir une AES des peuples qui prendra en compte les aspirations profondes des peuples des trois pays qui la composent. C’est une manière de fermer la porte à tout dialogue et pourtant leur décision est une aventure incertaine.
Quelles pourraient être les conséquences d’une éventuelle séparation des deux entités, à savoir l’AES et la CEDEAO ?
Les conséquences sont énormes tant pour la CEDEAO, que pour l’AES. Elles le sont beaucoup plus pour les trois Etats de l’AES, qui en plus de leur continentalité, ont une économie basée sur les produits d’importations, donc ils auront beaucoup plus besoin de ces pays côtiers car il n’existe aucune complémentarité entre les économies de ces trois pays. Que dire de l’établissement et de la libre circulation des personnes et des biens ? Le seul exemple de la Côte d’Ivoire qui compte plus de 6 millions de maliens et de burkinabé suffisait pour faire reculer les autorités de ces deux pays. Et si la CEDEAO instituait des visas pour les non ressortissants de son espace. Ce qui n’est pas à exclure à partir du moment où ces pays ne font plus partie de l’organisation, ils ne pourront pas continuer à jouir de ses avantages. La CEDEAO est reconnue en Afrique et même dans le monde comme étant l’organisation sous régionale la mieux structurée, la mieux organisée, la plus communarde et la plus futuriste. Elle est le symbole de l’unité et de la cohésion. Vouloir se soustraire d’une telle organisation est vraiment irréfléchie voire suicidaire.
Enfin, le lancement de la monnaie commune de la CEDEAO, l’Eco est prévue pour 2027 donc bientôt, ceci va compliquer encore plus la situation des dissidents !
Youssouf Sissoko