La réunion de la CEDEAO précédée de celle de l’UEMOA le 9 janvier 2022 porte une signature bien connue en Afrique de l’ouest. La France avait déjà annoncé les couleurs et les sanctions sont tombées avec les masques.
Le jeu des acteurs a été tellement clair pour le peuple malien que le sursaut national est devenu un devoir citoyen dont de nombreux autres peuples africains se sont rendus solidaires. Celui qui vous mord, dit-on, vous rappelle que vous avez des dents. Honni soit qui mal y pense.
Le Mali n’est pas un pays quelconque
La lutte et la résistance à l’oppression sont l’apanage des peuples du Mali depuis longtemps. Au commencement était Modibo Kéita, panafricaniste et premier à porter la voix du Mali indépendant. Il a été reçu par tous les grands de l’époque : John F. Kennedy, Nikita Khrouchtchev, Mao -Tsé -Tung, la Reine d’Angleterre et De Gaule qui disait de lui qu’il est le seul chef d’Etat africain qui ne l’oblige pas à se baisser pour le saluer. Modibo aimait son pays et se savait en mission pour sa grandeur et sa prospérité. De nombreux résistants en lutte contre le colonisateur ont reçu de lui aide et soutien. C’est le cas de Nelson Mandela alors dans le viseur de la politique d’apartheid en Afrique du sud et d’Ernesto Guevara dit le « Che » d’Amérique latine. Modibo avait notamment fait de Gao la base arrière du Front de Libération Nationale de l’Algérie (FLNA) en guerre contre l’occupant français, plantant ainsi la graine de l’arbre dont l’ombre nous couvre aujourd’hui à la frontière algérienne. Qui ne se rappelle ses relations plus que fraternelles avec N’Krumah du Ghana et Ahmed Sékou Touré, ainsi que les circonstances de la création de l’Ensemble Instrumental National du Mali après que Modibo eut vu à l’œuvre les Ballets Africains de Guinée ? Le Mali et la Guinée sont comme deux poumons d’un même corps que rien ne peut séparer, ni Ebola, ni l’embargo de la CEDEAO. Après Modibo Kéita, Moussa Traoré a fait de l’Armée Nationale une armée professionnelle redoutée. Il a fait descendre sur Conakry 200 parachutistes maliens lorsque la Guinée a été attaquée par des mercenaires le 22 novembre 1970. Kissima Doukara, son ministre de la Défense est allé à Niamey demander de façon ferme la libération immédiate de soldats maliens qui se sont retrouvés par inadvertance en territoire nigérien. Moussa Traoré lui-même a adressé une mise en garde teintée de menace à Mouammar Kadhafi pour son soutien à la rébellion malienne. Non, le Mali n’est pas un pays quelconque, c’est un grand tombé un moment entre les mains d’auto-stoppeurs politiques et d’apprentis sorciers qui n’ont jamais su être les dignes héritiers de leurs devanciers, permettant à des aventuriers de tous bords de jouer avec le destin des maliens. Fort heureusement, la roue de l’histoire est en train de tourner au Mali où, « de la racine à la feuille, la sève monte et ne s’arrête pas. »
La ferme détermination du peuple malien
La CEDEAO a pris en violation des règles communautaires, la décision et surtout la lourde responsabilité de fermer les frontières terrestres et aériennes des Etats avec le Mali, oubliant les populations de l’espace commun qui n’ont pas tardé à se faire entendre, désavouant publiquement des dirigeants en mission pour des puissances étrangères. Le Mali est un pays de croyants et la voie qui mène à Dieu le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux, ne peut être fermée. Dans sa miséricorde infinie, Dieu a fait de leurs sanctions injustes et illégales une véritable bénédiction pour le Mali. En effet, plus que jamais Assimi Goïta incarne la volonté de changement et de libération d’un peuple mobilisé et uni, dont les autres pays d’Afrique exploités et asservis voudraient s’inspirer. Ainsi, trois quarts de siècle après le congrès constitutif du RDA tenu à Bamako en 1946, mouvement qui va mener la lutte de libération des pays colonisés, le destin des peuples africains pourraient encore se jouer au Mali. La vaillante armée malienne débarrassée de la corruption politique et des entraves françaises, équipée convenablement par Assimi Goïta est sur le point de conquérir le centre du pays, avant de prendre possession du nord. Les prétendus « djihadistes », privés de leurs sources d’approvisionnement du Niger et du Burkina Faso sont en débandade et se rendent par légions entières, avec armes et bagages à l’armée. La France déboussolée et balbutiante qui ne bénéficie plus du soutien aveugle de ses alliés européens et américains se retrouve dans la position du roi nu. Les enjeux sont trop importants pour que les USA laissent un partenaire aussi décrié s’occuper seul du Sahel où la Russie commence à prendre pied. Le Mali va sortir grandi de cette double épreuve face à France et la CEDEAO, car il n’y a rien de plus puissant qu’une armée soutenue par un peuple déterminé qui refuse qu’on lui dicte sa conduite. Le Mali ne reconnaît à personne d’autre le droit de décerner des labels de légalité ou de légitimité à ses autorités. Les politiciens corrompus et tous les égocentriques qui pensent que rien n’est possible sans eux, sont obligés de faire profil bas. L’organisation des élections ne peut être plus importante que la création des conditions de la tenue de bonnes élections. Il s’agit de sortir le pays d’une démocratie ploutocratique et frelatée, entretenue par des nains politiques sans assise réelle, prompts à la délation auprès de la communauté internationale contre leur armée et leur pays. Un destin de feuilles mortes les attend.
Les coups d’état militaires sont certes condamnables, mais les violations par les chefs d’Etat de la constitution quelle qu’en soit la forme, sont tout aussi condamnables. L’acharnement contre le Mali qui a tout l’air d’un règlement de comptes, a conduit son peuple à un sursaut national salutaire, sous le leadership transformationnel d’un digne fils du pays. Assimi Goïta a choisi en toute responsabilité de prendre ses distances avec les intrigues politiciennes, l’affairisme et le fricotage. « La mission est sacrée, le terrain dicte la conduite. »
Mahamadou Camara
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