Une nouvelle fois encore, le Mali, pays éminemment important dans la géopolitique sous-régionale, vacille. Le ballet diplomatique du jeudi dernier n’aura finalement pas eu grand effet sur la résolution de la crise socio-politique, et rendez-vous a été pris pour aujourd’hui, lors d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO devant ouvrir la voie à une normalisation. Cependant, ce qui est outrant dans le cas du Mali, c’est que gouvernants comme gouvernés ne parviennent pas à tirer les leçons d’un passé pourtant point lointain. Résultat, le pays est une scène où se succèdent les mêmes protagonistes avec un éternel recommencement de scénarios. Ennuyant à souhait, et surtout écœurant.
Le tissu de honte et de déshonneur qui s’étale en ce moment sur tout le Mali rappelle un autre fait similaire, celui post-coup d’Etat du 22 mars. Ouagadougou avait abrité un sommet entre des acteurs sociopolitiques maliens en vue d’un apaisement de la scène publique. En ce moment, les Maliens sur place s’étaient donnés à un spectacle indigne, étalant à la face du monde, des mesquineries n’ayant d’autres buts que de jouir d’éventuels strapontins.
Aujourd’hui, encore une fois, et plutôt d’avoir le réflexe de regarder dans le rétroviseur et de décider de régler le problème en famille, les protagonistes campent sur leurs positions. Comme conséquence, nos voisins accourent, avec une mise en scène diplomatique assez soignée, pour vouloir régler une grave crise en seulement quelques heures. Face à la difficulté de la tâche, le président en exercice de la CEDEAO a annoncé un sommet extraordinaire, par visio-conférence, afin de prendre des mesures fortes pour régler une situation qui n’a que trop duré. Les chefs d’Etats de la zone parviendront-ils à accomplir le miracle d’apaiser les frustrations ?
Difficile d’envisager que la médiation de la CEDEAO aboutisse à quelque chose de potable, tant les positions des deux parties sont radicalement différentes. Néanmoins, cette médiation fait bien plus les affaires du camp présidentiel. Les chefs d’Etats de la zone prendront certainement le parti de la légalité tout en gardant IBK en poste de président de la République, même honorifique. Mais, une telle configuration posera le problème de son adéquation avec la constitution. Car quel serait la base juridique d’une telle solution ?
En tout état de cause, il est fort regrettable de constater que, malgré les mécanismes de dialogue dont le pays regorge, et qui sont assez souvent vantés à tout-va, qu’il faille encore faire du Mali, un portait loin d’être flatteur.
Ahmed M. Thiam