Mali postelectoral : La CEDEAO exigeante pour des réformes fermes

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En mission au Mali, une Délégation de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par le Président en exercice du Conseil des Ministres de l’institution, Geoffrey Onyeama, recommande au pouvoir de Bamako des réformes politiques et sécuritaires fermes.

 

Sur instructions du Président nigérian, Mohamed Buhari, Président en exercice de la CEDEAO, Geoffrey Onyeama, Ministre des Affaires Etrangères de la République Fédérale du Nigéria et Président en exercice du Conseil des Ministres de la CEDEAO, a effectué, en compagnie de SEM Jean-Claude Kassi Brou, Président de la Commission de la CEDEAO, une mission d’information au Mali, le vendredi 19 octobre 2018.

Cette mission s’inscrit dans le cadre des concertations régulières avec les pays membres de l’institution sous-régionale qu’entreprend souvent le Président du Conseil des Ministres pour s’informer de l’état de la situation sociopolitique et sécuritaire des pays concernés. C’était aussi dans le cadre du suivi de la situation pré et post-élections présidentielles par la CEDEAO au Mali. Selon les envoyés de la CEDEAO, la présidentielle au Mali était un défi à relever.

Au cours de sa mission, la Délégation de la CEDEAO a été reçue en audience par le Président Ibrahim Boubacar Kéïta à qui elle a transmis un message de félicitations et d’encouragement de son homologue nigérian, Général Mohamed Buhari, pour sa brillante réélection à la magistrature suprême à l’issue du scrutin du 12 août 2018.

Elle a aussi, tour à tour, rendu  une visite de courtoisie au Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, tenu une séance de travail avec des Représentants de la Communauté internationale sous l’égide du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, Chef de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), et mené un entretien constructif avec le Chef de file de l’Opposition parlementaire, l’Honorable Soumaïla Cissé.

Aux termes de sa mission, la Délégation de la CEDEAO a remercié le Chef de l’Etat, son Gouvernement et le Peuple malien pour l’accueil chaleureux et les marques de reconnaissance à l’endroit de la CEDEAO pour les multiples actions engagées dans le cadre de la gestion de la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis plus de cinq ans.

En termes des constats faits, la mission a abouti aux conclusions selon lesquelles le Peuple malien, dans toutes ses composantes, est résolument engagé dans la quête de la paix, de la réconciliation nationale pour un développement humain intégral.

«Pour ce faire, la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix, la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, demeure une condition et un atout considérables. En cela, la réaffirmation des engagements pris à travers le Pacte pour la paix signé au cours de la 28e  session du Comité de suivi de l’Accord est un signe encourageant qui devra être suivi d’effets concrets et immédiats », a recommandé la mission.

La mission a pris acte de la prolongation de la législature actuelle selon l’avis de la Cour Constitutionnelle et au regard des dysfonctionnements largement reconnus et évoqués par tous les interlocuteurs lors du scrutin présidentiel passé puis elle juge « impératif que le Gouvernement et tous les acteurs sociopolitiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays ».

Aux fins de faire face efficacement aux multiples et importants défis à venir, les Maliens ont besoin de rétablir, par tous les moyens nécessaires, un climat de confiance réciproque et d’unir leurs forces autours des autorités légalement établies. Dans cet esprit, la mission a pris acte de l’engagement du Chef de file de l’opposition de participer activement à tout processus inclusif de concertation entre le Gouvernement et les acteurs politiques, à travers les cadres établis et convenus de commun accord, aux fins de discuter des réformes nécessaires à garantir la consolidation du processus démocratique au Mali.

«La situation sécuritaire toujours volatile et préoccupante, requiert le renforcement de l’armée malienne et des forces de sécurité nationales pour en faire l’avant-garde de la sécurité nationale. Aussi, est-il impératif que le processus d’une réforme holistique du secteur de défense et de sécurité soit diligenté pour doter le pays des capacités nécessaires à garantir à long terme la Souveraineté nationale et la sécurité des personnes et des biens », a souhaité la mission.

Face au phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent, la mission exhorte les autorités maliennes à mettre l’accent sur des actions préventives vigoureuses, le développement économique et social impactant directement la vie quotidienne des populations et des communautés à la base.

Avant de mettre un terme à sa mission, la Délégation du Président du Conseil des Ministres de la CEDEAO a réitéré la disponibilité pleine de son institution à accompagner les efforts du Gouvernement malien et des forces vives de la Nation pour une sortie définitive de la crise. Des efforts devant s’inscrire dans le cadre de la stratégie de croissance en cours d’élaboration. Elle recommande fortement au Gouvernement de faire de la concertation permanente et régulière avec la classe politique le socle de l’engagement collectif à relever les défis cruciaux du Mali, conformément à l’esprit et à la lettre du Protocole additionnel de la CEDEAO relatif à la Démocratie et à la bonne Gouvernance.

A sa sortie d’échanges avec le Président IBK, Geoffrey ONYEAMA a déclaré ceci : «La rencontre avec le Président de la République nous a rassuré de savoir que tout se passe bien. La rencontre avec le Président de la République ainsi qu’avec son Premier Ministre nous ont rassuré qu’il y a beaucoup de raisons et de confiance d’espérer que tous les défis post-élections seront maîtrisés. Le Président de la République nous a expliqué que pour lui la chose la plus importante c’est le Mali. Que ce n’est pas une question de personne ou d’autres ambitions qui l’animent mais vraiment ce qui peut améliorer la situation du Mali. Et, donc, tout ce qu’il est en train de faire est au bénéfice du Mali et des populations maliennes. Il a dit qu’il croit et adhère bien à l’esprit de l’intégration africaine à travers la CEDEAO mais également qu’il poursuit une politique de l’inclusivité. Ce qui est très important. Nous étions très contents d’entendre cela parce que le Président Buhari qui est le Président actuel de la CEDEAO et de l’autorité des Chefs de l’Etat insiste beaucoup sur cet esprit d’inclusivité au Mali. Donc, c’était vraiment très rassurant de voir que c’est la même vision et la même direction que le Président de la République SEM Ibrahim Boubacar Kéïta».

D.C.A

 

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