Mali : Contours de l’intervention militaire ouest-africaine

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Dioncounda Traoré, président par Intérim

ABIDJAN  – La demande officielle du président de la transition malienne pour un appui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) afin de libérer le nord de son pays occupé par des groupes islamistes armés ravive les questions sur les contours de l’intervention militaire ouest africaine en préparation depuis plusieurs mois.

Le président malien Dioncounda Traoré a envoyé mardi au président ivoirien Alassane Ouattara une requête demandant à la CEDEAO d’apporter un soutien militaire au Mali pour recouvrer l’intégrité de son territoire. La requête a été formellement transmise par le secrétaire général de la présidence malienne, Baba Berthé, à Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO.

La nouvelle avait été divulguée un plus tôt par le Représentant spécial pour le Sahel du ministre français des Affaires étrangères, Jean Félix Paganon, reçu en audience par le président ivoirien.

Ce que demande Dioncounda Traoré

Selon des sources bien introduites, le président intérimaire du Mali demande une aide pour réorganiser les forces armées et de sécurité, l’envoi d’un détachement de fonctionnaires de police et d’équipements pour renforcer les capacités antiterroristes de l’armée malienne.

Dioncounda Traoré souhaite également, dans son courrier, un appui aérien et l’envoi de cinq bataillons à partir de la ligne de front qui seront “graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises”. Il demande aussi un soutien pour acheminer de l’aide humanitaire et pour aider à neutraliser les mines qui ont pu être posées dans le Nord. Le président malien indique sans ambages dans sa lettre que “le déploiement d’une force militaire et de police est sans objet pour sécuriser les institutions de la transition à Bamako”. En clair, le président intérimaire du Mali ne veut pas de soldats ouest africains dans la capitale malienne.

“L’aide demandée porte essentiellement sur la sécurisation des institutions de la transition, la réorganisation des forces armées et de sécurité, la restauration de l’intégrité territoriale du Mali”, indique la présidence ivoirienne. La présidence ivoirienne précise que “la mission de la CEDEAO au Mali pourrait déployer un détachement de liaison et d’observation, à l’exclusion du déploiement d’unités de police constituées ou de forces militaires combattantes”.

Une requête diversement appréciée

La requête de Dioncounda Traoré, loin de faire l’unanimité, met en relief les contradictions sur le principe, la forme et les contours mêmes de la Mission de la CEDEAO au Mali (Micema) ainsi que sur le rôle de l’armée malienne.

A Bamako, la classe politique malienne et les ressortissants du nord, à travers le Collectif des ressortissants du nord (Coren), sont majoritairement favorables à l’aide de la sous-région. “C’est une très bonne chose”, soutient le chargé des questions internationales et juridiques du mouvement, Ibrahim Maïga, qui souhaite que “très rapidement, l’armée du Mali, appuyée par l’armée de la CEDEAO, soit sur le terrain”.

Même son de cloche au Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR) dont le porte-parole adjoint, Mamadou Ladji Cissé, demande au président malien de “s’impliquer personnellement pour l’aboutissement” de la requête. Les partisans du capitaine Sanogo, chef de l’ex junte militaire, ne décolèrent pas contre le président intérimaire pour avoir adressé une demande d’aide à la CEDEAO.

Le capitaine a toujours crié ne pas vouloir de soldats ouest africains sur le sol malien pour régler la crise malienne. “On a les hommes capables de faire le travail mais il nous manque du matériel”, fait savoir l’un de ses porte-parole, Bakary Mariko, qui demande plutôt l’envoi de formateurs et d’appui logistique aérien. Au ministère de la Défense et à l’état-major de l’armée malienne, on soutient clairement la demande de Dioncounda Traoré mais on place en pôle position l’armée nationale dans la reconquête du Nord en excluant des combattants étrangers dans la capitale Bamako.

“La sécurisation des institutions de la République à Bamako sera entièrement assurée par les forces de sécurité du Mali”, martèle le colonel-major Ibrahima Dembelé, chef d’état-major de l’armée malienne. Pour la reconquête du Nord, “c’est toujours les troupes maliennes d’abord, personne ne fera cette guerre à la place du Mali, les autres viendront en appui, en aviation, en logistique”, insiste-t-il.

 

Le Mali, une question internationale pour la CEDEAO

La force en attente de la CEDEAO composée de 3 300 soldats devrait sécuriser les institutions de transition dans la capitale, renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité maliennes, soutenir les troupes maliennes dans la reconquête du Nord et apporter une aide humanitaire aux populations déplacées ou réfugiées. Des divergences réelles subsistent entre les autorités maliennes et l’organisation sous-régionale, mais pour la CEDEAO, la stratégie militaire sera “consensuelle”. Les chefs d’état-major de la sous-région devraient se réunir très prochainement pour définir la stratégie adaptée pour répondre à l’appel malien, avant que les ministres et chefs d’Etat n’entérinent la décision. La requête du président malien a le mérite de déclencher le processus diplomatique pour une intervention militaire au Mali.

La CEDEAO attendait une demande officielle du Mali avant de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu pour un mandat en vue de l’intervention militaire. Pour elle, la crise malienne avec la présence de groupes islamistes armés affiliés à Al-Qaïda dans le nord du pays n’est plus un problème malien mais une menace pour la paix mondiale et une question de sécurité internationale. L’Union européenne s’est dite prête à apporter un appui financier et logistique à la Micema mais “c’est la CEDEAO et l’Union africaine qui doivent être en première ligne”, prévient-elle. La mise en place rapide de la Micema dépendra des réponses claires aux multiples questions que se posent les partenaires au projet.

(Xinhua /09/09/2012)

 

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6 COMMENTAIRES

  1. Rassurez vous les militaires

    Ce n’est pas avec 5 bataillons que l’on peut mettre 1 240 000 KM2 sous tutelle

  2. Pauvre Maliba! Meme le President dse la Republique joue a l’intoxication. Ali Nouhoum Diallo a bien precise que le MUJIAO n’a jamais quitte Douentza et qu’ils y sont depuis des mois. Mais par une curieuse coincidence l’info circule que le MUJIAO est rentre dans Douentza et la meme semaine Dioncounda fait appel a la CEDEAO. Ne voyez vous pas l’empreinte du President de la transition dans cette desinformation, juste pour justifier une decision qu’il a peur de prendre? Reflechissez un peu. C’est facile a comprendre.

  3. 1. Avez-vous remarqué ? Depuis plus de 5 mois, les bandits armés du Nord (MNLA/ANE SARDINE/AQMI/BOKO HARAM/MUJAO) et les bandits armés du sud (CNDERRIERE) commettent les mêmes exactions sur les civils : vols, viols, enlèvements, flagellations, profanations, assassinats et trafics en tout genre (cigarettes, armes, drogues, humains…), arrestations arbitraires, coups de bottes, de crosses et de marteaux… ET S’EVITENT PRECAUTIEUSEMENT. BANDENT LEURS MUSCLES ET S’OPPOSENT TOUS A L’ARRIVEE DE TROUPES INTERNATIONALES…
    2. Tous les germes de la décomposition de l’armée malienne actuelle datent du régime de Moussa Traoré. Les 5 et 6 janvier 1991 à Tamanarasset, Ousmane Coulibaly , chef d’état major de l’armée malienne, et Iyad Ag Ali ont signé en Algérie le 1er accord qui prévoyait la démilitarisation du Nord dès signature du cessez-le-feu. C’est de là que sont partis tous les dérapages. L’extrême nord a été livré aux bandits armés. Insertion/Désertion/Réinsertion. La désertion a été normalisée dans une armée dans laquelle elle est passible de la peine capitale. Alpha a mal géré l’armée pendant une période, ensuite IBK a utilisé la manière forte pour calmer les bandits armés un moment. Mais le système Insertion/Désertion/Réinsertion a continué. Des touaregs ont compris qu’il faut prendre les armes pour obtenir des postes juteux, de l’argent, etc. Comme des politiciens et syndicalistes à Bamako ont compris qu’on est récompensé en fonction de son pouvoir de nuisance. ALPHA ET ATT ONT COMPRIS LA CONTRADICTION QU’IL Y A ENTRE UNE ARMEE FORTE ET LE DEVELOPEMENT. ILS ONT ALORS COMMIS L’ERREUR DE SACRIFIER L’ARMEE AU PROFIT DU DEVELOPPEMENT QUE PERSONNE NE PEUT LEUR CONTESTER. Ils ont seulement oublié le CARACTERE RECURRENT DE BANDITS DEGUISES EN REBELLES, COMME D’UNE PARTIE DE L’ARMEE ET DE NOMBRE DE NOS POLITICIENS ET SYNDICALISTES. ET ce banditisme saharien date du moyen âge et non de l’indépendance ou de la colonisation comme certains le simplifient. Ayant donc compris cela, et qu’il faille le traiter comme tel…
    3. Dioncounda (Président du Mali ?) se fait insulter par son armée sur une chaine internationale (RFI) en se faisant traiter d’IRRESPONSABLE. L’armée ou CNDERRIERE, par son porte parole, désavoue la décision prise par le Président au nom de la nation, le malheureux ne réagit pas, son parti non plus. AUCUNE PROTESTATION VIGOUREUSE COORDONNEE DES ACTEURS CONSCIENTS DE LA SOCIETE CIVILE. VOUS NE POUVEZ PAS ENTRER DANS UN GOUVERNEMENT ET NE PAS ETRE COMPTABLE DE SES RESULTATS. Certains politiciens ont le même culot de soutenir la COUARDISE des militaires déguisée en SOUVERAINETE (les ¾ ou plus du pays sont entre les mains de petits bandits de grand chemin). Depuis plus de 5 mois maintenant, l’armée malienne se prépare, est prête à l’assaut. Le Nord brûle sous les bandits barbus. Le Sud est quotidiennement outragé avec les bandits militaires qui ont fui le front. Même des marabouts sont maintenant arrêtés par la junte sous prétexte qu’ils étaient le marabout de tel béret rouge ou de tel dignitaire d’ATT! C’est ce qu’on appelle en bambara MOLOBALI, HORONKOLON. A chaque fois que les partenaires se disent que le gouvernement a maintenant les mains libres, qu’ils veulent revenir au Mali, les militaires font une sortie intempestive pour tout remettre en cause, pourrir la situation, empêcher le gouvernement de réussir sa mission de libération du Nord et d’organisation d’élections sur fichier biométrique, UNIQUEMENT POUR ASSURER LEUR PROPRE SURVIE A BAMAKO. Cela peut-il durer ? Et récession oblige, on n’entend de plus en plus que des appels désespérés de chefs de famille qui perdent leur emploi, qu’ils proviennent d’entreprises privées ou d’ONG de Sikasso ou de Mopti. Alors le gouvernement n’a d’autre choix que de REAGIR face à l’inertie et à l’opposition des militaires, ou DE DEMISSIONNER. On verra alors si les militaires peuvent gérer de façon solitaire l’un des pays les plus pauvres au monde, isolé de la CEDEAO, de l’UA, des NU…

  4. Tout le monde au Mali sait bien que nos forces armées ne sont pas plus capables de reconquérir le Nord quelles l’ont été à le protéger.
    C’est d’autant plus vrai, que notre armée a abandonné l’essentiel de son armement lourd au Nord au moment de sa débacle (enfin, de son repli tactique, un repli en bon ordre, bien sûr).

    Pour la CEDEAO, que la junte se rassure, il est peu probable qu’elle puisse rassembler, entrainer, équiper, transporter et soutenir 5 bataillons et 3 000 hommes.

  5. Alors bon vent au projet !!! entre temps le presdent ferait mieux d’asseoir la discipline au sein de l’armée

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