Mali-Cedeao : La seconde bataille de Kirina

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L’évolution de la situation dans le Sahel confirme le pillage par l’Europe des ressources de l’Afrique dont, ce faisant elle pompe le sang. La France est le cœur du système pendant que certains pays africains font office de reins.

L’arrivée d’Assimi Goïta à la tête de l’Etat du Mali a provoqué un véritable séisme qui va, inéluctablement enterrer l’ordre néocolonial.  Sous son impulsion, trois ans ont suffi pour que le Sahel soit débarrassé des forces d’occupation occidentales et passe sous le contrôle des forces patriotiques de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Désormais, la survie de la France en tant que puissance mondiale est en jeu. Alors, vigilance !

Pourquoi la méthode Assimi est-elle gagnante ?

Pays pionnier de l’émancipation africaine dès 1960, le Mali tombe de Charybde en Scylla entre le 19 novembre 1968, date du coup d’état militaire du CMLN et le 24 mai 2021, date de la rectification de la transition conduite par Bah N’Daw. Si la chute d’IBK et l’arrivée de l’armée à la tête du pays, le 18 août 2020 sont consécutives à des manifestations populaires conduites par le M5-RFP, Bah N’Daw alors conseillé par Dieu Seul sait qui, avait décidé de constituer son équipe gouvernementale en ignorant les caciques de ce mouvement. La faute fatale pour lui, sera de chercher à mériter les éloges du président français Emmanuel Macron, allant jusqu’à écarter du gouvernement deux des cinq officiers militaires ayant piloté le renversement d’IBK. Assimi Goïta a alors dû lui rappeler « qui a mis l’eau dans coco ». Bah N’Daw en est encore à se demander, comment il a pu être éjecté aussi facilement et « placé hors de ses prérogatives ». A cette occasion, autant dans l’enchainement des faits que dans la sémantique utilisée, les maliens ont assisté à la destitution politique la plus courtoise de leur histoire. Le pays tient en Assimi et ses compagnons d’armes, une nouvelle race de militaires maîtres dans l’anticipation, obtenant des résultats qui suscitent l’adhésion populaire. En effet, Assimi n’a établi aucune relation incestueuse avec le M5-RFP, évitant ainsi le syndrome d’ATT qui avait choisi en 1991, d’accompagner la nébuleuse du mouvement démocratique, croyant conduire le bal alors qu’il n’était que l’otage consentant du système. Au terme de son second mandat, il a été lâché en bloc à la date fatidique du 22 mars 2012. En outre, il a refusé toute compromission avec la France, se retranchant lucidement derrière la volonté du peuple malien. Son rapprochement avec la Russie, la Chine et la Turquie d’une part, la montée en puissance concomitante de l’armée d’autre part, ont permis aux maliens et à d’autres Africains de comprendre qu’une alternative à la soumission et au stoïcisme est possible. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aujourd’hui une réalité géostratégique incontournable au sein de l’AES ; et si leur sortie, fort opportune de la moribonde CEDEAO les met à l’abri des attaques scélérates de celle-ci, la France et ses complices restent perfidement à la manœuvre.

Comment l’élection de Macron a changé la donne

Tout ce que Modibo Kéita avait patiemment construit a été sabordé par le régime du CMLN, avant d’être enterré par la machine de prédation issue du mouvement démocratique. La corruption a longtemps prospéré parce qu’abondamment tolérée, rongeant les valeurs morales, dénaturant les fondements de la société, infiltrant les institutions, détruisant le pacte social, provoquant frustrations et révoltes. En effet, derrière chaque acte de grande corruption se cache une infrastructure non réalisée ou un projet détourné. Comment dire non à la corruption quand le travail ne permet pas de payer les factures ou tout simplement de faire bouillir la marmite ?  Voilà comment le cercle de ceux qui avaient fait le serment de l’intégrité, de marcher droit même au milieu des tempêtes, a rétréci comme une peau de chagrin. Assimi Goïta est en train de réaliser le grand rêve de Modibo Kéita et de tous les panafricanistes, conduisant beaucoup de  ses compatriotes à faire leur mea culpa et accompagner la nouvelle dynamique, au grand dam de ceux qui comptaient sur un pourrissement de la situation. L’arrivée d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat français a créé les conditions d’une vraie décolonisation des mentalités. L’homme est non seulement arrogant et méprisant, mais il est complètement ignorant du sens de l’histoire et des arcanes des relations franco-africaines, alors que les militaires au pouvoir sont des jeunes décomplexés, bien au fait des réalités géopolitiques et géostratégiques du monde, loin des frasques des politiciens sclérosés de la Françafrique. Grâce à la réhabilitation des légitimités traditionnelles et au programme national d’éducation aux valeurs, un véritable élan démocratique est en train de monter des profondeurs du peuple malien, pour donner au pouvoir politique une base plus légitime et plus stable, aux antipodes de la démocratie frelatée jusque-là servie pour contenter des partenaires étrangers. Déjà, de gros poissons tombent régulièrement dans les filets de la justice, signe de la fin d’une impunité qui prospère depuis plus de trente ans. Certains délinquants à col blanc qui croyaient trouver le salut dans la fuite, commencent par être gagnés par le doute car leurs protecteurs sont essoufflés, alors que le soutien du peuple au régime ne faiblit pas.

En violant ses propres textes pour s’aplatir devant la France, et en faisant fi de sa mission d’intégration économique et sociale, la CEDEAO empêtrée dans ses contradictions se trouve disqualifiée pour dicter une quelconque conduite à un Etat membre. Le Mali a affronté seul les forces terroristes et leurs commanditaires, avant d’être rejoint par le Burkina Faso et le Niger. D’autres peuples rêvent à présent de les rejoindre, provoquant de violentes tempêtes sous les crânes dans des palais alentours. En ce qui concerne la France éconduite, après ses batailles perdues de Waterloo et Diên-Biên-Phu, sa déroute se précise dans le Sahel, où le pire l’attend !

Mahamadou Camara

Email : mahacam55mc@gmail.com

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