Le Mouvement Populaire du 22 mars a tenu à éclairer l’opinion nationale et internationale sur la situation réelle du Mali surtout par rapport à l’embargo qui a été diversement interprété. C’était le mercredi 04 avril 2012 à la Maison de la presse face aux journalistes. Les conférenciers ont donné plusieurs explications sur les causes des sanctions infligées au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
De prime abord, ils ont qualifié la CEDEAO d’instrument à la solde de la France. Et comme il fallait s’y attendre, Rokia Sanogo porte parole de ce Mouvement Populaire du 22 mars (MP 22) a fait une introduction pour situer le cadre du débat. Elle a commencé par exprimer l’indignation et la douleur du mouvement pour nos compatriotes du nord qui seraient sous l’occupation des groupes indépendantistes, salafistes et terroristes. Ensuite, elle a fait un bref exposé sur les sanctions de la CEDEAO prises contre la population du Mali qui, à l’entendre, ont été disproportionnées et illégales. La porte parole du MP 22 a soutenu que cet embargo ne respecte aucune procédure et qu’il prend à contre pied la déclaration commune faite par le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) et le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Quant à maître Mariam Diawara, elle a expliqué un aspect juridique de la CEDEAO relatif à la prise des sanctions. La juriste a énuméré quelques fondamentaux de l’organisation sous régionale en prouvant qu’il y a eu des cas de violation de textes concernant notre pays. Il s’agit notamment des lois sur le bien être des populations, l’égalité des Etats et leurs membres devant les textes, la solidarité, la coopération inter Etat, la non agression, la stabilité régionale, la liberté de circulation etc. Maître Mariam Diawara a aussi souligné que les sanctions devaient être graduelles et non totales, d’un seul coup. Au préalable, il devait avoir des missions de constat pour comprendre réellement ce qui se passe sur le terrain. Maître Mariam Diawara a tenu à faire savoir que la CEDEAO est une organisation qui doit défendre les intérêts des peuples et non ceux de quelques individus.
Mohamed Tabouré est revenu sur le contexte dans lequel est survenu le coup d’Etat dont il qualifie de salutaire. À l’entendre, le Mali vivait dans le chaos par la faute du régime «totalitaire et corrompu» d’ATT et ses proches. Selon son analyse, la démocratie dans notre pays n’était plus qu’une façade dans la mesure où, dit-il, la Constitution faisait l’objet de graves violations par ceux qui étaient censés en être les garants.
Par ailleurs, Mr Tabouré s’est insurgé contre le président ivoirien Alassane Dramane Ouatara qui, à l’en croire, est sous les ordres de la France impérialiste. «La CEDEAO a été contrainte de désavouer le président Blaise Compaoré médiateur désigné de la crise au Mali», a fulminé Mohamed Tabouré. Les efforts du chef d’Etat Burkinabè auraient été mis à plat après que celui-ci ait obtenu du CNRDRE la déclaration d’un retour à l’ordre constitutionnel et le dialogue entre les différentes composantes du Mali.
Ce sabotage est dû, indique Mohamed Tabouré, à la pression du ministre français des affaires étrangères Alain Juppé qui a participé à la réunion de la CEDEAO, le 02 avril dernier à Dakar. Pour Mr Tabouré, l’embargo politique, économique et diplomatique pris à la hâte lors de cette réunion est un acharnement contre le peuple malien. «Le MP 22 dénonce avec la dernière énergie, les prétentions d’Alain Juppé et d’Alassane Dramane Ouatara à nier le droit à l’autodétermination du peuple Malien», a-t-il souligné. «Pourquoi les impérialistes veulent sévèrement punir le Mali pour un coup d’Etat alors que d’autres pays comme la Guinée et la Mauritanie ont été épargnés?», s’est-il interrogé. À entendre Mr Tabouré, ces mêmes impérialistes ont causé la déstabilisation du nord de notre pays avec l’invasion de la Libye.
À ce sujet, Pérignaman Sylla a, pour sa part, affirmé qu’en plus de cela la France a toujours cherché à nuire au Mali à travers le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui est sa fabrication. À noter que tous les intervenants ont appelé la population à ne pas céder à la panique qu’on voulait créer à cause d’embargo de la CEDEAO. Ils ont fait allusion à la psychose répandue à tort par des informations d’intoxication circulées dès le premier jour des sanctions. Surtout à propos d’une éventuelle pénurie d’essence et des denrées alimentaires.
De son côté, l’ancien ministre de la culture Cheick Omar Sissoko a rassuré que le Mali a les moyens de s’en sortir si l’on écarte les querelles d’intérêt personnel pour privilégier le dialogue national. En somme, le Mouvement Populaire du 22 mars (MP 22) s’inscrit dans une logique de mobilisation interne des forces du changement pour participer aux côtés du CNRDRE à la mise en place de la transition. Celle-ci a pour priorité la défense de l’intégrité territoriale, l’approfondissement de la démocratie et la restauration de l’Etat.
Issa Santara
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