Levée de l’embargo: Ouf, il était temps !

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Les concertations du vendredi 6 avril entre le CNRDRE, à travers le Capitaine Amadou Haya Sanogo, et la CEDEAO, à travers le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, représentant du président de la Communauté, ont abouti aux espoirs et attentes des Maliens : la levée des sanctions contre le Mali dont le Président Alassane Dramane Ouattara (ADO) lui-même a fermement instruit d’accélérer le processus dans les heures qui suivent.

L’accord cadre pour la mise en œuvre de l’Article 36 de la Constitution du 25 février 1992 intervenu et signé entre les deux parties portait sur les problèmes qui, ces derniers temps, minaient toute la société malienne et empêchaient les Maliens de dormir du sommeil du juste. Il s’agissait, entre autres, de garantir une amnistie générale à tous les hauts cadres qui avaient maille à partir avec la junte (dont certains ministres). Aussi, ATT ne sera ni emprisonné ni jugé, et il est libre de choisir son lieu de résidence : ce qui n’était pas le vœu du Capitaine Sanogo qui tenait plutôt à ce qu’il soit traduit en justice et condamné.

Autant pour se « garer des mouches »,  respecter les termes de la Constitution du 25 février 1992 (Article 36) et l’accorde cadre signé entre lez CNRDRE  et la CEDEAO, ATT a remis, ce dimanche 8 avril, sa lettre de démission au représentant de la CEDEAO, Djibril Bassolé, pour « préserver la paix et l’unité nationale », dit-il. Ce qui, selon les termes de ladite Constitution, permettra au président de l’Assemblée nationale, le Pr. Dioncounda Traoré, d’assurer l’intérim (qui durera au maximum 40 jours) de la Présidence de la République. Ensuite, ce sera la nomination d’un Premier ministre et la mise en place d’un Gouvernement de Transition dont la durée ne doit pas (en principe) excéder trois mois, le temps nécessaire pour organiser les élections et élire un nouveau Président de la République. Il va de soi qu’aucun ancien ministre d’Att ne figurera dan s ce Gouvernement. Tout comme il va de soi que le rôle du CNRDRE consistera désormais à prêter main forte à ce Gouvernement  afin que le tout se déroule dans un climat de totale sécurité, seule garantie d’une bonne réussite des consultations électorales.

Quant à la CEDEAO,  sous l’égide du Président ivoirien, ADO, elle a promis d’indemniser les victimes militaires des conflits du Nord, celles qui étaient tombées sous les balles lors du coup d’Etat, les réfugiés et les déplacés maliens qui avaient fui le Nord vers des cieux « plus cléments » : Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Algérie…« …Le Mali ne mérite pas un tel sort… », a indiqué le représentant de la CEDEAO, Djibril Bassolé. L’embargo subi par le Mali n’était pourtant ni un  leurre ni une blague. La preuve : il a même affecté la Côte d’Ivoire qui n’était plus approvisionnée en viande par le Mali. Un exemple parmi d’autres dans la sous-région.

Par ailleurs, le futur Gouvernement de Transition utilisera tous les voies et moyens (y compris la guerre, s’il le faut) pour mettre définitivement fin aux velléités destructrices des rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) et d’Ançar Dine. Par ailleurs, on suppose que l’accord signé entre  le CNRDRE et la CEDEAO a déjà donné une porte de sortie honorable (concernant la gestion du pays) au Capitaine Sanogo et ses hommes. Selon une de nos sources (toujours dignes de foi), le Capitaine de la Junte  a déjà discuté des modalités de cette sortie avec la CEDEAO.

On suppose donc qu’une évidence s’est dégagée de cette discussion : les membres du CNRDRE sortiront grandis et la tête haute de cette gestion du pouvoir avec toutes les mérites et récompenses dus à la compréhension et l’implication d’une junte qui a respecté sa parole et les termes du dit accord pour une sortie heureuse de crise du pays. Autant dire que la sagesse a prévalu chez le Capitaine Sanogo et son groupe : ils ont finalement su dominer leurs pulsions, ambitions et autres envies de conserver le pouvoir. Sinon, on se souvient que dans leur tout premier communiqué, ils avaient tout d’abord supprimé la Constitution du 25 février 1992, ainsi que toutes les institutions, pour les remplacer par…un « Acte fondamental » concocté de toutes pièces par eux-mêmes avec l’intention manifeste de s’en servir pour s’incruster au pouvoir. Mais sous la menace et l’embargo de la CEDEAO, ils avaient du reculer et « revoir leurs copies ».

Aussi ont-ils tenté une autre stratégie, de « guerre » qui consistait à organiser une Convention nationale (jeudi 5 avril)  afin de jauger leur cote de popularité auprès du peuple. Mais cette Convention avait essuyé un lamentable fiasco parce qu’elle avait été boudée, voire boycottée par la société civile, notamment par 50 partis politiques dont les plus en vue : l’ADEMA, le RPM, l’URD, le parti SADI. La junte avait d’ailleurs bel et bien l’intention de rester au pouvoir. Sinon, pourquoi a-t-elle dissout la Constitution dès les premières heures de sa prise du pouvoir ? Et pourquoi  avait-t-elle promis les élections alors qu’elle a elle-même dissout les organes qui devaient gérer ces élections ?

D’autre part, les citoyens avaient commencé à perdre patience face à ces tergiversations de la junte qui présageaient qu’elle avait l’intention d’usurper le pouvoir et face aux dures conditions créées par l’embargo : pénurie de carburant, hausse des prix des denrées et produits de première nécessité, fermeture de la BCEAO, de l’aéroport et des frontières…Et des observateurs avaient déjà prédit que si l’embargo avait duré davantage, les Maliens auraient envahi la rue et se seraient ligués contre la junte. C’est sûrement ce que le Capitaine Sanogo et ses troupes avaient senti pour accepter ce qui représente le meilleur choix et qui met aussi fin à toutes les incertitudes : l’accord cadre signé entre eux et la CEDEAO.

Oumar Diawara « Le VIATOR »

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