Les putschistes favorisés? L`Afrique redoute un “précédent” au Mali

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ABIDJAN – En accordant à l`ex-chef de la junte au Mali le statut d`ancien président pour dénouer une grave crise, la médiation ouest-africaine a suscité de l`inquiétude en Afrique, où l`on redoute un mauvais exemple sur un continent encore secoué par les coups d`Etat.


“Demain, un caporal peut se lever et faire + son + putsch”, s`alarme Nouhou Arzika, figure de la société civile au Niger. “Naturellement, ça va être une vraie plaie pour la démocratie en Afrique”, assure-t-il à l`AFP.
Dans l`immédiat, le Mali reste en tout cas sous haute tension: le président intérimaire Dioncounda Traoré a été frappé et blessé lundi à son bureau, près de Bamako, par des manifestants en colère contre sa désignation comme chef de la transition pour un an. Il a été hospitalisé mais sa vie n`est pas en danger.
Après des semaines de blocage, la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) est parvenue ce week-end à un accord avec l`ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait renversé le 22 mars le président malien Amadou Toumani Touré. Malgré un premier accord conclu début avril, les ex-putschistes restaient au centre du jeu et bloquaient la transition.
Pour encourager le capitaine Sanogo à quitter la scène, la médiation ouest-africaine a octroyé à celui qui était un illustre inconnu il y a deux mois le statut d`ex-chef de l`Etat, avec tous les avantages dus à ce rang.
Cependant, à travers le continent, des experts craignent qu`un mauvais exemple n`ait été ainsi donné, alors même que l`Union africaine et la Cédéao ne cessent de proclamer leur refus des “prises de pouvoir par des voies anticonstitutionnelles”, notamment en Guinée-Bissau où l`Afrique de l`Ouest a aussi dû manier la carotte et le bâton avec les putschistes du 12 avril.
Pour Jean-Christophe Kindia, politologue en Centrafrique, l`accord au Mali constitue “un précédent très grave qui est lourd de conséquences”. “Car ce n`est ni plus ni moins qu`une légitimation de l`emploi de la force, de l`utilisation des armes, comme mode d`accession au pouvoir”.
“Ce n`est pas bon pour la sous-région ouest-africaine, et ce n`est pas bon pour l`Afrique”, tranche Osisioma Nwolise, spécialiste de sciences politiques à l`université d`Ibadan, la plus prestigieuse du Nigeria.

Manque de “crédibilité”

“Pour maintenir sa crédibilité, la Cédéao doit rester toujours ferme”, selon Augustin Loada, constitutionnaliste à l`université de Ouagadougou et secrétaire exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), un centre de réflexion du Burkina Faso.
Encore faut-il avoir les moyens de la fermeté. “On constate les limites du +soft power+ à l`africaine. Tant que l`Afrique de l`Ouest ne sera pas crédible sur le plan militaire, ses menaces ne feront peur à personne”, souligne un diplomate occidental en poste à Abidjan.
Face à la junte, “au début, la Cédéao a été un peu vite, parlant d`une future intervention militaire. Elle aurait dû être consciente qu`elle n`était pas capable d`intervenir”, confirme Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l`Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris.
Accorder au capitaine Sanogo le statut d`ancien chef de l`Etat, en plus de l`amnistie pour lui et ses hommes, “cela a été vu comme un prix à payer acceptable”, juge le politologue ougandais Frederick Golooba-Mutebi. “On n`en est plus à l`époque où l`UA se contentait de dire que les coups d`Etat sont une affaire intérieure” à chaque pays concerné, se réjouit-il.
Pour Alain Bédouma Yoda, ancien chef de la diplomatie burkinabè, le compromis à Bamako a été surtout dicté par l`urgence de la crise dans le nord du Mali, contrôlé depuis bientôt deux mois par des rebelles touareg et surtout des groupes islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
“La situation au Mali est telle que si on ne trouvait pas vite une solution à Bamako pour consolider les institutions et l`armée afin de faire front au nord, le Mali pouvait basculer avec toute la sous-région”, souligne-t-il.
Les putschistes, selon lui, “on ne peut pas les écarter complètement sans compromis à partir du moment où ils sont devenus de fait les maîtres”. “Entre deux maux, il faut choisir le moindre mal”.

 

AFP /21/05/2012

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12 COMMENTAIRES

  1. la CEDAO a commi une grosse erreur en legalisan le coup foire du salopart Sanogo de merde.STATU de mon cu.jamais je ne pourai pardonner a ce chien.dite a ce salopart de merde que pour pretendre etre le president d’un grand pays comme le maliil faut an tout premier: 1-S’avoir se laver aumoins 3fois par jour
    2-n’avoir jamais fumer le banga
    3-avoir un niveau d’etude mini classe de premiere annee
    vraima sale sanogo tu ES trop bete.

  2. ” TITRE D’ANCIEN CHEF D’ETAT” je pense que la CEDEAO est alle vraiment loin avec les putchistes,pas seulement au mali mais l’afrique en general et ils vont se faire mordent dans un futur tres prochains,que blaise se prepare en premier,parce que il est president il y a trop longtemp alors l’afrique continuera avec les coups d’etat

  3. Chers frères,quelqu’un peut me dire si je suis en plein rêve ou si je suis dans un autre monde,j’arrive pas à me retrouver.Y avait-il un président au MALI qui s’appelait AMADOU HAYA SANOGO ?Il faut que je me ressaisisse,que j’arrête de trop prendre le problème du MALI à ceour si non je risquerai de mourir de chagrin. 😳

  4. C’est un précédent trés dangereux.La prime payée est trés forte?trop fore meme.Mettons Sanogo entre parenthése et réglons les problémes de restauration de l’Etat et libération du pays.Apres on va réouvrir le cas Sanogo car ce b.son histoire c’est”suite et pas fin”

  5. Chers frères,

    Je comprend votre inquiétude face à toutes ces décisions prises par la cdeao!
    Mrs Sanogo ne doit pas trop se réjouir de son nouveau statut de ” l’ancien Président”! C’est un cadeau empoisonné! Si c’est un couteau à double tranchant pour la démocratie, ça l’est aussi pour Sanogo, car il n’a plus intérêt à rechuter! Il est attendu au tournant! Le plus important, est que le Mali retrouve très rapidement sa stabilité.

    Merci mes frères.

  6. Eh oui, le crime paye. Et meme tres bien, en tout cas au Mali: un groupe de soldat denomme CNRDR+E, effraye d’aller au front invente un pretexte pour violer la “loi supremme” du pays, au cour delaquelle violation ils commettent une serie de crimes dotn « mutinerie, atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, destruction d’édifices, opposition à l’autorité légitime, violence et voies de fait, embarras sur la voie publique, homicide volontaire, homicide involontaire, coups et blessures volontaires, blessures involontaires, enlèvement de personnes, arrestations illégales, séquestrations de personnes, dommage volontaire à la propriété mobilière et immobilière d’autrui, incendie volontaire, pillage, extorsion et dépossession frauduleuse, vol qualifié, vol, atteinte à la liberté du travail, atteintes aux biens publics « .En somme, il n’y a que le viol qui manque pour que ce soit pire que Ansar Dine, MNLA, Aqmi etc..
    Au lieu d’en faire un exemple, on les chouchoute au contraire, on leur gonfle la tete jusqu’a ce qu’ils perdent pieds avec la terre. Alors, avec la grosse tete, ils se disent que qu’ils ne “peuvent plus recevoir d’ordre de personne, veulent etre president, chef d’Etat Major, General…..”. ET SOUS LA GUIDANCE DE LEUR MENTOR BLAISE QUI A TUE”SON PROPRE FRERE”,ILS OBTIENNENT SATISFACTION.
    Ainsi pour avoir viole la Loi Fondamentale , il obtient le Statut d’ancien president avec tous les avantages. Pour avoir fait autant que le MNLA, Ansa Dine et Aqmi pris ensemble, ils obtiennent des promotions.

    ET DEMAIN, ON VA S’ETONNER QUE D’AUTRES S’ENGOUFRENT DANS LA BOITE A PANDORES AINSI OUVERTE. PAUVRE DE NOUS AUTRES QUI N’Y COMPREND RIEN.

    • Mr sankaratorm ,je vous felicite car vous avez tout dit, une tres bonne analyse de la situation mais malheureusement il n’y a pas beaucoups comme vous …merci

  7. D’accord mon frère mais je crois qu’il y a eu énormement d’erreur dans la gestion de la situation au Mali.Aussi bien par les politiques, le monde international, le MNLA, Ansardine, la junte…
    On le comprendra un jour

    Ce qui est sûr pour le moment: c’est le déchirurement social profond dont les conséquences sont incalculables pour le Mali mais surtout pour les éthnies du nord.

    Je suis le produit du metissage des éthnies noires et arabo-berbère qui constitue le nord, c’est pourquoi je le comprends mieux que tout autre.
    Mes respects

  8. LES AUTRES VONT EN AVANT…NOUS ON VA EN ARRIERE…DONC LA CHARUE AVANT LES BOEUFS EST NORMALE…ANCIEN PRESIDENT AVANT D’ETRE PRESIDENT EST AUSSI NORMAL…

    VIVE LE REDRESSEMENT DE L’ETAT PAR LE FANFARON…

    LES MALIENS N’ONT RIEN VU ENCORE…CA NE FAIT QUE COMMENCER…

    LE CAPI NE PEUT PAS PARTIR…LE CAPI NE PEUT PAS RESTER…

    Moussa Ag

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