Le Centre International des Conférences de Bamako a abrité, samedi 22 janvier, la 15ème session ordinaire de la conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UEMOA. Placée sous la présidence de son Excellence Amadou Toumani Touré, président de la République du Mali, président en exercice de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement de l’UEMOA, la cérémonie a enregistré la présence des chefs d’Etats et de Gouvernement des pays membres de l’UEMOA.
On notait aussi la présence de Guillaume Soro, Premier ministre de la Côte d’Ivoire. Le président du conseil des ministres de l’UEMOA, le Bissau-guinéen Vase Mario, dans son intervention, dira que la crise politique en Côte d’Ivoire a d’importante répercussions sur le fonctionnement de l’Union. Applaudi par la salle, le ministre a rappelé que "l’UEMOA ne reconnaît qu’Alassane Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire: conformément à cette décision, l’UEMOA a pris des mesures pour sécuriser la vie économique en Côte d’Ivoire et dans la zone. Le conseil des ministres de l’UEMOA est prêt à mettre en oeuvre toutes les instructions que donneront les chefs d’Etats au cours de la présente rencontre. Le conseil est aussi prêt à tout mettre en oeuvre pour rétablir la démocratie en Côte d’Ivoire, même si, jusqu’à présent, l’UEMOA a privilégié l’option diplomatique.".
ATT parle enfin
Prenant la parole par la suite, le président ATT a salué le bon déroulement des élections au Togo, au Burkina et en Guinée-Conakry avant de constater: "La situation post-électorale en Côte d’Ivoire reste une source de préoccuèpation". ATT a lancé un appel à la classe politique ivoirienne pour sauvegarder l’unité nationale et a promis que l’UEMOA se penchera sur la crise ivoirienne et tirera les conséquences du rapport élaboré par le conseil des ministres. Mais ATT se montrera beaucoup plus direct dans une interview accordée le même à nos confrères de RFI. Selon lui, la CEDEAO privilégie le dialogue mais l’option militaire reste sur la table pour déloger Gbagbo du pouvoir: "Les chefs d’Etats-majors des pays de la CEDEAO ont déjà peaufiné le plan d’attaque", a souligné ATT.
Répondant à une question relative au paiement par le Gouverneur de la BCEAO, Dacoury-Tabley, de 8 milliards à Gbagbo, ATT expliquera que le Gouverneur n’avait pas encore reçu l’ordre des chefs d’Etats de ne plus reconnaître la signature du gouvernement Gbagbo: "La décision de reconnaître la seule signature de Ouattara sera prise lors de la présente session de l’UEMOA", annonce le président malien qui ne s’est pas prononcé sur le limogeage de Dacoury Tabley pour indiscipline grave. ATT a cependant déclaré qu’il y aurait désormais une rotation à la tête de la BCEAO entre les pays membres de l’UEMOA. Il a enfin annconcé que la conférence des chefs d’Etats va pourvoir au remplacement de Soumaila Cissé (président sortant de la commission de l’UEMOA) et d’Abdoulaye Bio Tchané (président sortant de la BOAD).
La conférence prendra fin au petit soir du samedi.
Dans les coulisses de la conférence…
Un grand retard
Prévue pour débuter à 9 heures, la Conférence des chefs d’Etats de l’UEMOA n’a commencé qu’à 11h 40, les chefs d’Etats n’ayant fait leur entrée dans la salle qu’à 11 h 30.
Une salle pro-Ouattara
Le Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, a été beaucoup plus applaudi dans la salle que les chefs d’Etats. L’intéressé est resté souriant pendant plus de 2 minutes sous des ovations nourries. De quoi rendre jaloux même Alassane Ouattara…Fait notable, lorsque le speaker annonça Guillaume Soro, il ne l’a pas qualifié de "Premier ministre de gouvernement Ouattara" mais plutôt de "Premier ministre de Côte d’Ivoire".
La police veillait au grain
La police malienne avait reçu l’ordre d’évacuer tous les groupes de supporters ivoiriens. Ainsi, tous les porteurs de banderoles et de pancartes se sont vus éloignés de la salle et même de la cour du CICB où se tenait la conférence. Cela n’a pas empêché quelques petits malins de se faufiler dans les gradins avec des pancartes proclamant: "Non au hold-up électoral!" ou "Alassane Président!".
Renfort de presse
Pas moins de 50 journalistes étrangers ont fait le déplacement de Bamako. Parmi eux, les représentants de France 24 (la bête noire de Gbagbo) et d’Africa 24.
Limousines chinoises
Les chefs d’Etats de l’UEMOA ont massivement fait le déplacement de Bamako : sur 8, seuls 2 étaient absents (ceux du Niger et de la Côte d’Ivoire). Ils étaient transportés à bord des 24 limousines chinoises récemment remises au Mali par le gouvernement de Hu Jintao.
A.Guindo