Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat ouest-africains, s’est rendu dimanche au Mali, en plein doute sur le respect de ses engagements par la junte au pouvoir.
Le président de transition, le colonel Assimi Goïta, a accueilli dans la matinée à l’aéroport le chef de l’Etat ghanéen, a indiqué la présidence malienne sur les réseaux sociaux. Nana Akufo-Addo, dont le pays assure la présidence tournante de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao), était accompagné lors de ces quelques heures par l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur dans la crise malienne, et l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Cédéao.
Les autorités ont réservé une rencontre avec les médias à la seule presse d’Etat après des entretiens avec les dirigeants maliens au palais présidentiel, a rapporté un correspondant de l’AFP. Le contenu des discussions est resté secret. Au même moment était organisé auprès du palais une manifestation de soutien aux autorités, derrière une banderole proclamant “seul le choix du peuple souverain du Mali compte”, claire réponse aux pressions exercées par la Cédéao ou la France.
Cette visite a eu lieu dans un contexte sécuritaire et politique éminemment délicat dans un pays plongé dans la tourmente depuis 2012 et le début d’insurrections indépendantiste et salafiste dans le nord.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 et l’ont conforté par un nouveau putsch en mai 2021 se sont engagés sous la pression des voisins ouest-africains et d’une bonne part de la communauté internationale à céder la place aux civils après des élections programmées fin février 2022. Or, depuis des semaines, la junte et le gouvernement qu’elle a installé signalent de plus en plus clairement que l’échéance risque de ne pas être respectée.
Simultanément, la relation avec le partenaire français, qui déploie plus de 5.000 soldats au Sahel contre les jihadistes mais a décidé de réduire ses effectifs à 2.500-3.000 hommes d’ici à 2023, traverse sa plus grave crise depuis le début de l’engagement français en 2013. Paris estime que le recours possible de Bamako à la société privée Wagner, objet de discussions malgré les agissements décriés du groupe russe de mercenaires en Afrique ou ailleurs, est incompatible avec la présence française. Bamako invoque sa souvenaineté et a accusé Paris “d’abandon en plein vol”.
Les partenaires du Mali jugent minimes les progrès politiques accomplis sous la junte depuis août 2020. Le pays reste en proie aux violences, au centre et près des frontières avec le Burkina Faso, et s’inquiète de leur progression vers l’ouest et le sud. Un soldat malien a été tué dimanche matin dans une attaque attribuée à des “éléments non encore identifiés” contre un poste à Acharane, dans la région de Tombouctou (nord), a indiqué l’armée.
La riposte “vigoureuse” a tué au moins quatre assaillants, a-t-elle dit. En septembre, la Cédéao avait demandé aux autorités de soumettre “au plus tard” fin octobre un calendrier des “étapes essentielles” en vue d’élections en février 2022.